Niort est la ville où plusieurs grandes Mutuelles ont installé leur siège. Le trafic de drogue, notamment de cocaïne, y a trouvé un terrain fertile pour se développer de par la présence de ces travailleurs aux bons revenus. Les quartiers populaires, comme celui du Clou-Bouchet, hébergent ce trafic, au grand dam des habitants.
C’est un quartier assez verdoyant. Pas de grandes tours. Pas de voitures brûlées. Rien d’effrayant aux premiers abords. Mais depuis des années, le quartier du Clou-Bouchet à Niort est gangrené par des trafics de stupéfiants. « Il y a de la cocaïne et tout le reste », raconte un habitant. « De petites bandes s’installent et quand l’un prend la clientèle de l’autre, il y a des conflits. »
Un jeune de 15 ans assis sur un caddie. Il fait le guet. Trois autres attendent sous un porche. Un client toutes les quatre minutes. Un chiffre d’affaires de 120 000 euros par mois pour cette bande de dealers. C’était en 2019. Des images et des informations issues d’un reportage de France 3 Poitou-Charentes. C’était au Clou-Bouchet et une réalité qui semble ne pas avoir changé. À l’époque, la police avait mis trois enquêteurs à plein temps pour lutter contre le trafic de drogue.
En 2024, pour en mesurer à nouveau l’ampleur, nous avons sollicité les pouvoirs publics : mairie, commissariat et nous avons obtenu un refus catégorique. Il a fallu se tourner vers les habitants du quartier pour avoir une vision actuelle du quartier.
« Beaucoup de violence… Violence ! Violence ! Violence ! », s’émeut une femme. Je n’arrive plus à trouver les mots tellement je suis en colère ! » Un homme ajoute : « Je ne sors plus la nuit. J’aurais un flingue sur moi, je me sentirais plus en sécurité. »
"Plaque tournante de la cocaïne"
Il y a six mois, le 28 mai 2024, la police a pourtant mené ici une opération « place nette ». Bilan de cette journée : 6,5 kg de cannabis, 1 kg d’héroïne et 600 g de cocaïne saisis. Trois trafiquants aujourd’hui sont sous les verrous.
Pas de quoi pour autant mettre un terme au trafic, selon les observations du Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogue (CAARUD) : « La délinquance liée au trafic est toujours là », indique Nicolas Tessier, coordinateur du CAARUD. « Niort est une plaque tournante de la cocaïne parce que géographiquement, la ville est bien placée. Un gramme de cocaïne coûte entre 50 et 80 euros et à Niort, il y a la clientèle avec les moyens pour consommer ces produits-là. » Niort, 60 000 habitants, mais le siège de nombreuses mutuelles qui emploient une flopée de cols blancs.
Le réseau des Guyanais
La ville est classée comme une des principales portes d’entrée des drogues dures en France. Un réseau empoisonne la cité ; il est surnommé le réseau des Guyanais. De la cocaïne qui part du Surinam pour transiter par la Guyane avant d’arriver aux portes du Marais poitevin.
L'OFAST, l'Office anti-stupéfiants, explique ainsi que « les filières guyanaises reposent sur des réseaux communautaires guyanais ou surinamais fortement implantés dans les régions métropolitaines afin d’asseoir le trafic de cocaïne en provenance de Guyane. Cela permet de favoriser le développement de nouveaux réseaux au niveau local. À titre d’exemple, la présence d’une importante communauté guyanaise et surinamaise installée à Limoges, Niort et Poitiers, ainsi que dans les départements de la Sarthe et du Maine-et-Loire, entraîne de nombreuses saisines en lien avec le phénomène des "mules" de Guyane. »
Cet office ajoute encore que « la vente de la cocaïne acheminée se fait notamment au travers d’alliances avec des trafiquants français issus des cités sensibles, qui achètent la drogue auprès des réseaux guyanais pour en organiser la revente sur des points de deals. »
Et la capitale des Deux-Sèvres serait l’une des destinations préférées de ces trafiquants.