"C'est rare d'avoir une demande de licence à 95 ans" : Lucette, une centenaire randonneuse pas comme les autres

Lucette Chabot va bientôt faire partie du club des centenaires. Mais pour elle, il est hors de question de parler de maison de retraite. Cette habitante des Deux-Sèvres vit encore chez elle, pratique régulièrement de la gymnastique et de la randonnée.

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On dit souvent que le soleil ou le poisson serait un des bienfaits permettant de vivre plus longtemps. Lucette Chabot, centenaire dans quelques jours, avoue n'avoir aucun secret pour expliquer sa longévité. Est-elle tombée dans la Fontaine de Jouvence ou a-t-elle un autre secret qu'elle ne souhaite pas révéler ? Personne ne le saura. Une chose est sûre, elle n'est pas une centenaire ordinaire.

"C'est rare d'avoir une demande de licence à 95 ans"

Lucette Chabot participe et chante à la chorale du coin, pratique de la gymnastique à Échiré et à Saint-Maxire (Deux-Sèvres), et est également membre d'un club de randonnée pédestre. Rien que ça. De manière quotidienne, elle marche environ deux heures par jour. "Je n'ai pas de problème pour marcher. Avec la troupe, on ne va pas vite et on boit régulièrement. Je marche une fois par semaine avec eux, sinon je marche toute seule, tous les jours en étant dehors. Cette marche, ça m'apporte de la solidité et de la santé", avoue Lucette.

J'ai de l'arthrose, comme tout le monde, mais moi, je ne m'arrête pas, je marche. Tant que je pourrais marcher, je resterai dans ma maison, je ne veux pas m'en aller à la maison de retraite.

Lucette Chabot

Centenaire

À chaque sortie avec ce club, en groupe ou en solitaire, cette centenaire marche entre 5 et 6 km. Le meilleur moyen selon elle de lutter contre l’arthrose. "Les articulations, il faut les faire marcher, sinon elles rouillent. J'ai de l'arthrose, comme tout le monde, mais moi, je ne m'arrête pas, je marche. Tant que je pourrais marcher, je resterai dans ma maison, je ne veux pas m'en aller à la maison de retraite."

Malgré son grand âge, elle est un remède et un exemple pour tous. Dans ce club niortais de randonnée qu’elle a intégré il y a cinq ans, elle suscite l’admiration. "Au départ, on m'a dit qu'elle avait un certain âge : le jour où elle a fait la première demande de licence, j'ai été surpris. C'est rare d'avoir une demande de licence à 95 ans. Mais, à partir du moment où j'ai vu qu'elle pouvait faire n'importe quelle distance, c'était parti. C'est une fierté pour le club de l'avoir avec nous", raconte Michel Fenioux, membre du conseil d'administration du club "Un Pas de Plus". Un constat partagé par Gilles, également membre du club : "Elle trotte bien, et elle est rarement la dernière. Toujours aussi souriante. Ça m'épate complètement, je voudrais bien être comme ça à son âge."

Mère de trois enfants, grand-mère et arrière-grand-mère

En plus de la marche quotidienne et la gymnastique, qu'elle pratique deux fois par semaine, elle entretient avec soin son grand jardin. "En ce moment, j'enlève les mauvaises herbes autour de mes fraisiers : il faut bien aller dans le jardin, parce que sinon les herbes poussent. J'essaye de venir quand je peux pour couper les fleurs fanées. Je n'ai pas trop de soucis, même si la terre est quand même basse. Sinon, je plie les genoux", confie Lucette.

Je me lève à sept heures et je me couche après les films du soir. Je mange à des heures régulières. Je fais ma cuisine toute seule, je me débrouille.

Lucette Chabot

Centenaire

Seule chez elle depuis 11 ans, l’ancienne institutrice doit parfois improviser, comme récemment où son portail électrique est tombé en panne. Ella réussi à enjamber le muret de sa maison pour rentrer chez elle. "Je n'ai pas de secret : j'ai une vie régulière. Je me lève à sept heures et je me couche après les films du soir. Je mange à des heures régulières. Je fais ma cuisine toute seule, je me débrouille. Je ne bois jamais d'alcool, sauf quand il y a un anniversaire. Je n'ai jamais fumé de ma vie non plus."

Mère de trois enfants, grand-mère et arrière-grand-mère de 23 petits enfants, la centenaire n’a pas l’intention de ralentir le pas. "On m'a souvent dit de déménager, et d'aller vivre dans un petit pavillon à Niort. Mais même si j'ai un grand terrain, je suis très bien là. Je n'ai aucunement envie de partir, j'envisage de rester jusqu'au bout."

Lucette avoue ne pas être si fière que cela d'avoir 100 ans. Selon elle, son plus grand fait d'armes remonte à son adolescence : "Ce dont je suis fière, c'est d'avoir sauvé quatre juifs pendant la guerre. Mon père était gendarme : un jour, il est rentré en disant : 'demain matin, toute la police française arrête les juifs'. J'étais dans ma chambre, je me suis enfuie de la maison et je lui ai dit : 'j'ai une amie juive dans ma classe, je vais aller la prévenir.' Elle, son frère, sa mère et sa grand-mère ont été cachés. On a su deux après qu'ils sont revenus à Niort et ont su que c'était grâce à moi qu'ils ont été sauvés. Au moins, quand je mourrai, je n'aurais pas été inutile", sourit-elle.

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