Un militant anti-bassines va passer en comparution immédiate jeudi 26 décembre suite aux échauffourées qui ont vu s'affronter agriculteurs et écologistes à Sainte-Soline le mercredi 18 décembre. Un gendarme avait été blessé. De leur côté, les agriculteurs ont mis fin au remplissage de la retenue d'eau.
Contrôle judiciaire et comparution immédiate programmée au jeudi 26 décembre. C’est l’issue de la garde à vue du militant anti-bassines qui a été interpellé dans la région de Melles dans les Deux-Sèvres lundi 23 décembre.
Un nouvel épisode judiciaire dans le combat des anti-bassines qui fait suite aux échauffourées du mercredi 18 décembre à Sainte-Soline entre militants écologistes et agriculteurs irrigant.
Ce jour-là, la Cour administrative d’appel de Bordeaux a déclaré illégales quatre réserves d’eau, dont celle de Sainte-Soline, devenue symbolique après les affrontements qui ont fait 200 blessés en mars 2023.
Les irrigants doivent demander une dérogation « espèces protégées » pour continuer à exploiter cette réserve de substitution. Car le territoire accueille l’outarde canepetière, un oiseau de plaine menacé.
La bassine de Sainte-Soline, dont les travaux sont achevés, était en cours de remplissage. Des opposants s’y sont rendus à l’issue de la décision de justice. Ils se sont accrochés avec des agriculteurs. Un gendarme a été blessé et reçu 10 jours d’ITT (Incapacité totale de travail).
Le militant arrêté était présenté ce mardi 24 décembre devant le juge des libertés et de la détention au tribunal de Niort. Une dizaine d’opposants est venue le soutenir. « C’est encore une odieuse manipulation orchestrée par les autorités », s’insurge Julien Le Guet, le porte-parole de Bassines Non Merci. « On laisse croire qu’un gendarme a été placé sous ITT en tentant de s’interposer. On vient incomber à ceux qui luttent contre les bassines cette responsabilité-là. Je rappelle que mercredi, il y a eu une embuscade qui a été tendue par les irrigants, en présence de Thierry Boudaud et François Pétorin, de la Coop de l’eau. Et les forces de l’ordre ont été incapables de s’interposer, ce qui aurait dû être leur mission prioritaire, plutôt que de protéger un trou illégal. »
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Les doutes du porte-parole
Un porte-parole qui doute sérieusement qu’un gendarme ait été blessé. « Lorsque nos camarades sont revenus de la manifestation et de cette embuscade, les premières interrogations ont été de savoir s’il y avait eu des blessés parmi nous, les gendarmes ou les agriculteurs et la réponse fut non. Et cette information est apparue le lendemain dans la presse et la communication préfectorale. Nous demandons à voir. »
Du côté des agriculteurs, on se défend d’avoir tendu un guet-apens aux écologistes. « Nous étions présents à Sainte-Soline par hasard », se défend François Pétorin, l’un des agriculteurs dirigeants de la Coop de l’eau. « Nous étions chez l’un des irrigants, car il y avait une interview pour TF1 et l’un des responsables de la réserve d’eau nous a appelés pour nous prévenir que des opposants étaient à la réserve. Nous y sommes allés pour voir ce qu’il se passait. » Selon François Pétorin, il y avait une trentaine de manifestants masqués et cagoulés face à une quinzaine d’agriculteurs. « Nous avons demandé aux agriculteurs de rester calmes et de ne pas aller à l’affrontement. »
Sainte-Soline à l'arrêt
La bassine de Sainte-Soline est aujourd’hui remplie à 65 %. Sa mise en eau a été interrompue samedi 21 décembre à l’issue de la décision de la Cour administrative d’appel de Bordeaux. « Le remplissage a bien été arrêté samedi, en concertation avec la préfecture », a précisé à l'AFP Thierry Boudaud, le président de la Coop de l'eau 79. « Pour autant, nous devançons juridiquement l'application de la décision. »
Selon la coopérative, l'arrêt rendu le 18 décembre par la Cour administrative d'appel de Bordeaux, interdisant tout « nouveau remplissage » de la retenue d'eau, n'est en effet exécutoire qu'à compter de sa notification officielle, par courrier recommandé avec accusé de réception. Or, elle n'a encore rien reçu, selon Thierry Boudaud. « Nous avons voulu anticiper pour éviter tout problème », assure François Pétorin.
Les militants anti-bassines appellent à un nouveau rassemblement jeudi 26 décembre à 13 h 30 devant le tribunal de Niort pour soutenir leur camarade qui est convoqué pour passer en comparution immédiate.