Les opposants aux méga-bassines ont à nouveau manifesté à Saint-Sauvant, dans la Vienne, sur le site d'une future réserve de substitution en eau destinée à l'agriculture. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, encadré par une forte présence des forces de l'ordre.
À Saint-Sauvant, dans la Vienne, ce midi, une cinquantaine de manifestants brave le froid, à moins de 2°C, pour défendre leurs convictions. Ils ne veulent pas d’une nouvelle réserve de substitution en eau, les fameuses méga-bassines, de près de 300 000 mètres cubes d’eau, dont les travaux n’ont pas encore débuté.
Sur place, la gendarmerie départementale est déployée avec de nombreux renforts de CRS (200 en tout). Un hélicoptère et deux drones survolent le secteur. Les départementales RD96 et RD17, allant de Saint-Sauvant jusqu'au département des Deux-Sèvres, se retrouvent fermées à la circulation.
En d’autres termes, les forces de l’ordre sont une nouvelle fois très nombreuses lorsqu’il s’agit de manifestation autour des méga-bassines.
À 16h, le nombre de manifestants a augmenté. Ils sont environ 700, selon la préfecture de la Vienne, à partir du centre-ville, en direction de la parcelle de la future méga-bassine. L’ambiance est sereine.
Une mobilisation pleine de symboles
Cette bassine, c’est la bassine du scandale, c’est la bassine de trop
Julien Le GuetPorte-parole de Bassines, non merci
"Elle est en plein milieu d’un territoire où vit une espèce protégé, appelée outarde canepetière, qui est en voie de disparition, se révolte Julien le Guet. À l’heure qu’il est, certaines outardes sont en train d’essayer d’hiberner."
Ce qui est sûr, c’est que les manifestants sont opposés à sa construction, mais ce rassemblement est aussi l’occasion de marquer le coup avec des actions symboliques. Une fois sur la parcelle, certains opposants construisent un observatoire éphémère pour l'outarde .
Pour symboliser le manque d’eau et les nombreuses sécheresses, les manifestants ont également semé un méteil sur le terrain. C'est un mélange de céréales (triticale, blé, orge, avoine), de protéagineux (pois fourrager, pois protéagineux, féverole) et d'une légumineuse (vesce) qui est, selon la confédération paysanne, une alternative au maïs comme source de nourriture pour les animaux.
Qui prend, qui paye ?
« Sur les cinq qui seraient connectés à cette bassine, y’a quatre céréaliers purs et un éleveur, Monsieur Corbin, poursuit Julien Le Guet. Or cette bassine, elle est scandaleuse sur les conflits d’intérêts, car le terrain appartenait à Monsieur Corbin, fils de la première adjointe qui a signé le permis d’aménager pour cette future bassine »
Ce même Monsieur Guillaume Corbin s’en défend.
"Je prélève l’eau maintenant pour mon besoin l’été et je trouve que c’est plus cohérent que de prélever l’été quand il y a moins d’eau, explique l’exploitant. Il me faut cette réserve d’eau pour sécuriser l’alimentation de mes animaux. On a besoin de cette sécurité alimentaire et de toute façon, c’est le même volume, donc je n’augmente pas ma surface irriguée".
Autorisée mais encadrée
Contrairement à la manifestation de Sainte-Soline en mars 2023 et à d’autres mobilisations d’opposition aux réserves de substitution en eau, la manifestation d’aujourd’hui était déclarée par Bassines non merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne et a été autorisée par la préfecture de la Vienne.
Néanmoins, elle restait très encadrée par les forces de l’ordre et par toute une série de mesures comme l'interdiction du port et du transport d'équipements de protection par les éventuels manifestants.