A Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le chantier de la retenue d'eau pour l'irrigation n'a pas repris ce mercredi matin. Après les affrontements du week-end, les porteurs du projet restent discrets sur leur calendrier.
Au petit matin ce mercredi, il n'y avait que des journalistes et des gendarmes sur le site de la future réserve d'eau pour l'irrigation de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Les militants anti-bassines étaient temporairement partis "reprendre des forces" avant une nouvelle journée de bras de fer avec les autorités.
Les engins de chantier, qui avaient été retirés la semaine dernière par crainte de dégradations au cours de la manifestation du week-end, n'ont pas fait leur retour comme le craignaient les opposants du collectif Bassines Non Merci !.
"C'est peut être un bon signe" a réagi Benoit Biteau, l'eurodéputé écologiste présent sur place. "La préfète est peut être en train d'entendre nos arguments et elle va peut être différer la reprise du chantier, j'en sais rien."
Statu quo
Quand le chantier reprendra-t-il ? Aucune information n'a filtré. La Coop de l'Eau ne souhaite pas, dans le contexte actuel, communiquer sur le calendrier des travaux. Mais la préfecture du département et la structure qui porte le projet ont indiqué ce matin que le chantier va "se poursuivre", sans toutefois en préciser les dates.
Invitée ce matin sur France Info, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a de son côté, appelé à la reprise du chantier qui a été "autorisé". "Les études ont été faites (...) il y a eu débat et concertation pendant dix ans. Dans une démocratie, quand la concertation a eu lieu, la décision doit s'appliquer", ajoutant qu'il fallait "apaiser le débat".
Sur place, l'heure était donc ce mercredi au statu quo. Le bouclage du site maintenu avec filtrage d'identité pour arriver sur les lieux.
Ultimatum
Les militants anti-bassines qui n'avaient annoncé aucune action spécifique ont tenu en fin de matinée une conférence de presse "pour constater la reprise ou pas du chantier de Sainte-Soline" . Et lancer un ultimatum au gouvernement.
"S'il persiste à passer en force et à imposer des dispositifs d’accaparement de l’eau pour un modèle agro-industriel toxique, une nouvelle date de mobilisation nationale et de désobéissance civile sera annoncée d’ici 15 jours" ont-ils prévenus, demandant un moratoire national sur les projets de réserves d'eau.
"Provocations"
La réaction du gouvernement ne s'est pas faite attendre. Devant le Sénat, la Première ministre Elisabeth Borne, qui ne s'est pas privée de rappeler qu'elle a été préfète de la région Poitou-Charentes et qu'elle connait bien le dossier, a dénoncé des "scènes inacceptables et profondément choquantes" lors de la manifestation du 29 octobre
Si la majorité des manifestants étaient pacifiques, plusieurs centaines d’individus violents ont pris à partie les gendarmes qui protégeaient le site. (...) La justice est saisie et je peux vous l’assurer, il n’y aura aucune impunité pour ces auteurs de violences
, a-t-elle déclaré lors des questions au gouvernement.
Auditionné ce mercredi par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a, de son côté, dénoncé "les provocations de certains élus" présents samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) à la manifestation interdite des opposants aux bassines.
Après avoir qualifié certains manifestants de pratiquer "l'écoterrorisme", il a cette fois, fait valoir qu'un "député, ce n'est pas une immunité vivante, il doit respecter toutes les règles de la République".
Samedi, des députés LFI et EELV présents à Sainte-Soline se sont plaints d'avoir été violentés par les forces de l'ordre. "Tous les députés et les sénateurs ne sont pas au-dessus des lois de la République et les députés de la Nupes", a rétorqué Gérald Darmanin, "ne sont pas au-dessus des lois de tous les députés".