Après un week-end très tendu de mobilisation contre les réserves de substitution pour l'irrigation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), les termes employés par le ministre de l'Intérieur pour qualifier les manifestants ont fait bondir les élus EELV de Poitou-Charentes présents sur les lieux.
Le dossier des "bassines" est devenu hautement politique au cours de ce week-end qui a vu s'affronter forces de l'ordre et opposants à ces réserves de substitution pour l'irrigation dont seize doivent voir le jour dans les Deux-Sèvres.
À Sainte-Soline, où les travaux sont pour le moment interrompus dans l'attente de la reprise du chantier mercredi, plus d'un millier de gendarmes sont maintenus sur place ce lundi alors qu'on recense encore environ 500 manifestants. Dès hier, Gérald Darmanin a en effet affirmé sa "volonté qu'aucune ZAD (Zone à défendre) ne s'installe dans les Deux-Sèvres comme ailleurs en France".
Rappelant à plusieurs reprises que cette manifestation avait été interdite par la préfecture des Deux-Sèvres, le ministre de l'Intérieur a par ailleurs dénoncé "l'écoterrorisme" dont ont fait preuve, à ses yeux une partie des manifestants - "une quarantaine de fichés S, de l'ultra-gauche radicalisée (...) qui veulent le désordre et le chaos".
"Inversion des valeurs"
Ces propos ont fait bondir dans les rangs d'Europe Écologie Les Verts dont plusieurs élus picto-charentais étaient présents sur les lieux.
Pour l'euro-député écologiste Benoit Biteau, joint au téléphone dans sa ferme de Sablonceaux (Charente-Maritime), "c'est une inversion des valeurs."
Le terrorisme c'est de monopoliser l'eau pour un modèle mortifère qui condamne les générations futures.
Benoit Biteau, euro-député écologiste
Qualifiant la manifestation de "populaire et familiale avec de nombreux jeunes", il assure avoir reçu "des coups de matraques" de la part des forces de l'ordre. "J'ai des bleus sur les cuisses et surtout, le goût de la lacrymo dans la gorge depuis deux jours."
"Amalgame dangereux"
Assurant, elle aussi, avoir été "dans un cortège (...) très calme", la députée de la Vienne Lisa Belluco a réagi ce lundi matin sur les ondes de France Info. Selon elle, les mots choisis par Gérald Darmanin sont "mal utilisés". "C'est un amalgame dangereux", a-t-elle déploré.
La députée a dénoncé surtout "la violence d'État" d'un gouvernement qui "n'écoute pas les personnes qui défendent l'accès à l'eau pour tous", une "liberté fondamentale".
Affirmant avoir été molestée par les forces de l'ordre alors qu'elle se trouvait en compagnie d'un autre parlementaire de La France Insoumise "portant aussi son écharpe parlementaire", elle a raconté avoir " été directement repoussés (....). Nous avons pris des coups de matraque, notamment aux genoux."
"Garder son sang-froid"
"Le ministre de l’intérieur doit apprendre à mesurer ses propos et à garder son sang-froid : il sait trop bien ce qu’est le terrorisme pour utiliser cette qualification à la légère" a réagi pour sa part la députée des Deux-Sèvres et présidente de Génération Écologie.
Delphine Batho qui n'était pas présente à Sainte-Soline, a réitéré par voie de communiqué ce lundi, son souhait d'"arrêter les travaux et (de) permettre à la population de décider par un vote en organisant un référendum local, comme le permet le code de l’environnement."