L'aménagement des réserves de substitutions dans les Deux-Sèvres continue de susciter des tensions. Le préfet a interdit une manifestation d'opposants prévue les 29 et 30 octobre. Á l'assemblée Nationale, la députée Delphine Batho interpelle la Première Ministre.
L'arrêté préfectoral est tombé au début de la semaine. La préfète des Deux-Sèvres interdit la manifestation dès "anti bassines" prévue dans le weekend du 29 et 30 octobre.
Elle explique que les organisateurs, en l'occurrence le collectif "Bassines Non Merci et d'autres groupes d'opposition sont connus pour leurs incitations à la désobéissance civile et pour des actions radicales et violentes". Elle précise également que cette manifestation "peut être à l'origine de graves troubles à l'ordre public". En conséquence, elle interdit toute manifestation sur les communes de Mauzé-sur-le-Mignon et Val-de-Mignon.
De son côté, la préfecture de Charente-Maritime a également pris un arrêté pour interdire le port et le transport d'armes et de munitions dans les secteurs de Courçon, Saint-Sauveur-d'Aunis, Saint-Pierre-d'Amilly, Saint-Saturnin-du-Bois, Benon, Cram-Chaban, la Laigne, la Grève-sur-le-Mignon et Ferrière-d'Aunis. L'acquisition et le transports de bouteilles ou de bidons contenant des produits chimiques est également interdit, même chose pour l'achat le transports ou la détention de feux d'artifices.
La mobilisation se poursuit dans les Deux-Sèvres
Mais sur le terrain, les opposants ne désarment pas et ont installé depuis mardi un camping à quelques encablures du site choisi pour la construction d'une bassine à Sainte-Soline sur un terrain privé mis à disposition par un agriculteur irrigant repenti.
Philippe Béguin a en effet décidé de soutenir les anti bassines et de manifester à cause "du comportement des irrigants et du manque de rentabilité des bassines" pour lui il est important de montrer que les manifestants ne sont pas "des gens qui ne connaissent rien au monde agricole". Nous a-t-il expliqué ce mercredi matin. Pour lui, le monde marche à l'envers. l'utilisation des tracteurs est également interdite sauf pour les travaux des champs, enfin, le survol de la commune de La Laigne est interdit. Ces mesures sont valables du samedi 29 octobre à 7 heures au lundi 31 octobre à 7 heures.
Les irrigants se bornent à faire du maïs qu'on exporte par bateaux entiers et dans le même temps on importe du soja du Brésil plein de glyphosate et qui détruit la foret amazonienne
Philippe Béguin agriculteur anti bassines
Pour les opposants, quoi qu'il arrive, le rassemblement est maintenu. Les arrêtés préfectoraux sont attaqués, une nouvelle demande de manifestation va être déposée nous a confirmé Julien Le Guet le Porte parole du collectif "Bassines Non Merci".
Nous allons nous déplacer, nous exprimer, manifester, ce sont nos libertés fondamentales.
Julien Le Guet, porte parole du collectif "Bassines Non Merci"
La Coop de l'eau des Deux-Sèvres appelle au calme
Dans un communiqué publié ce mercredi matin, la Coop de l'eau des Deux-Sèvres appelle "au calme l'ensemble des agriculteurs du territoire" et leur demande "de ne pas répondre aux provocations".
Nous sommes des gens responsables, même si nous sommes inquiets des risques qu’un tel rassemblement fait peser sur nos outils de travail. Nous en avons fait les frais lors de précédentes manifestations qui se sont soldées par des dégradations intolérables. Mais nous faisons confiance aux autorités compétentes pour assurer la protection des personnes et des biens.
Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau 79
Il précise également que ces bassines sont "un projet agro écologique que les impératifs liés au changement climatique rendent nécessaires".
Le soutien des "anti bassines des neiges"
Le collectif a reçu le soutien d'un autre collectif, celui qui s'oppose à la construction d'une immense retenue d'eau à La Cluzaz en Haute-Savoie, destinée à la fabrication de neige artificielle. Le tribunal administratif de Grenoble (Isère) vient en effet de suspendre l'arrêté préfectoral autorisant la construction de cette très grande retenue collinaire. Sur place, les associations environnementales et des habitants avaient installé une Zad (Zone Á Défendre) pour empêcher les travaux. Ils ont décidé de venir dans les Deux-Sèvres ce weekend pour soutenir le collectif anti bassines, auréolés de leur premier succès.
Delphine Batho interpelle la Première Ministre
La députée des Deux-Sèvres a interpellé la Première Ministre Élisabeth Borne à l'Assemblée Nationale. Elle lui a demandé si elle allait "faire face" à "ses responsabilités".
Allez-vous prononcer l'arrêt des travaux, allez-vous organiser un referendum local pour que les habitants et les habitantes décident de la gestion de ce bien commun qu'est l'eau, ou allez-vous passer en force pour faire des Deux-Sèvres et du Marais Poitevin le laboratoire d'essai de la guerre de l'eau qui couve partout dans le pays ?"
Delphine Batho députée (NUPES) des Deux-Sèvres
Voici l'intégralité de la question de Delphine Batho à la Première Ministre