Covid dans les Deux-Sèvres : pas de couvre-feu à 18 heures malgré le fort taux de contamination

La direction départementale de l’Agence Régionale de Santé estime que l'évolution de la pandémie de Covid-19 est très défavorable dans les Deux-Sèvres. Le département est aujourd'hui le plus touché de Nouvelle-Aquitaine. 

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Le compteur des personnes positives au Covid-19 s'affole dans les Deux-Sèvres. Dans la semaine du 4 au 10 janvier 2021, 894 cas ont été détectés dans le département, ce qui représente une augmentation de 42% par rapport à la semaine précédente.

Le taux d'incidence, qui mesure la circulation du virus, y est le plus élevé de toute la région Nouvelle-Aquitaine. Il atteint 238 cas pour 100.000 habitants, et est même de 326 cas pour 100.000 habitants chez les plus de 65 ans.

À la fin de la semaine dernière, 126 malades étaient hospitalisés dans les hôpitaux de Niort ou de Faye-L'Abbesse. Les décès augmentent également, 18 la semaine dernière (du 4 au  10 janvier) portant à 203 le nombre de décès depuis le début de l'épidémie en Deux-Sèvres. 

Une conséquence des fêtes de fin d'année ?

L'ARS précise que l'agglomération de Niort et la Gâtine sont parmi les zones les plus touchées dans le département. Les cas de contaminations continuent d'augmenter alors que la situation dans les hôpitaux y est jugée plus difficile que lors de la première vague du printemps.

On s'attend à l'arrivée d'encore plus de malades dans les hôpitaux car on constate une remontée de l'épidémie en dehors des établissements de santé et des maisons de retraite. Les contaminations en milieu scolaire sont en hausse.

Simon Sunder, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de Niort

Les raisons de cette montée en puissance très rapide du virus restent encore à expliquer. Elle pourrait être, en partie, la conséquence des fêtes de fin d'année explique le directeur départemental de l'ARS.

Le département des Deux-Sèvres avait déjà une circulation virale un peu plus importante pendant les vacances d'hiver et les réunions familiales sans protection sont venues s'y ajouter pour accélérer la propagation du virus.

Laurent Flament, directeur départemental de l'ARS

 

Un département "isolé dans la région et rural"

Au vu du seul critère du taux d'incidence, le département aurait dû basculer avec un couvre-feu avancé à 18 heures comme beaucoup d'autres l'ont déjà fait dans l'est et le sud-est du pays. Le seuil des 200 cas pour 100.000 habitants fixé par le gouvernement pour décider de mesures sanitaires renforcées est, en effet, largement dépassé. 

Pourtant, les Deux-Sèvres ont échappé au renforcement du couvre-feu qui reste toujours fixé à partir de 20 heures. Alors pourquoi ? Pour répondre à cette question, plusieurs critères peuvent être pris en compte.

La bascule d'un département en couvre-feu avancé fait l'objet de plusieurs indicateurs. Ce n'est pas le seulement le taux d'incidence qui est pris en compte. Il faut regarder aussi l'évolution de la circulation virale et regarder la situation des hospitalisations dans le département. Mais on commence à cumuler de plus en plus de voyants au orange.

Laurent Flament, directeur départemental de l'ARS

Pour expliquer le maintien du couvre-feu à 20 heures, les autorités ont également tenu compte du caractère particulier du département, isolé dans une région où la circulation du virus est moins active que dans d'autres.

Si besoin, les départements limitrophes pourraient aujourd'hui accueillir des malades deux-sévriens dans leurs hôpitaux. A l'heure actuelle, même si la situation est de plus en plus tendue dans les hôpitaux de Niort et du Nord Deux-Sèvres, ils ne sont pas à la limite de la saturation. A la date du 11 janvier, le taux d'occupation des lits de réanimation n'y est que de 37,1%.
 

Une situation très préoccupante

Malgré tout la situation est très préoccupante. Face à la menace que fait peser l'épidémie sur les habitants et la vie sociale et économique du département, le préfet des Deux-Sèvres appelle aujourd'hui dans un tweet au "maintien de la plus grande vigilance" et au "strict respect des règles barrières". 

En fin de semaine dernière, le préfet a réuni les élus locaux pour évoquer la question de l'avancement du couvre-feu à 18 heures. Ces derniers ont dans leur ensemble posé la question de la pertinence de cette mesure dans un département rural où les contacts sociaux sont moins nombreux qu'ailleurs après 18 heures.

Je me base sur ce que disent les scientifiques. Il y a aujourd'hui une incertitude sur l'efficacité du couvre-feu à 18 heures dans des départements qui ne sont pas des grandes métropoles urbaines donc il s'agit d'un débat d'efficacité. Les mesures doivent être prises par rapport à la situation locale. 

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, ex-PS et rattachée à Europe Ecologie Les Verts

 

Guillaume Chiche : "Où se font les contaminations ?"

Une analyse partagée par son collègue à l'Assemblée nationale, Guillaume Chiche qui, lui aussi, se demande "si le couvre-feu peut vraiment diminuer les interactions sociales dans les zones rurales" alors qu'il peut avoir un impact dans les centres urbains.

Pour Guillaume Chiche, la question essentielle est celle de la connaissance des modes de transmission du virus. Les contaminations ont-elles lieu à l'école, au travail, dans les magasins, en famille ?  Une question laissée sans réponse aujourd'hui, remarque le député des Deux-Sèvres, ex membre du bureau exécutif de LREM et désormais Ecologie, Démocratie, Solidarité (EDS).

Je n'arrête pas de poser cette question. Je ne peux pas dire si je suis pour ou contre si je ne connais pas l'efficacité de ces mesures. Je veux connaître auparavant les modes de transmission dans le département. Où se font les contaminations ? Je ne peux pas donner une réponse intuitive.

Guillaume Chiche, député EDS des Deux-Sèvres

Pour les deux élus locaux à l'Assemblée nationale, il est temps en revanche de prendre rapidement des décisions pour éviter l'aggravation de la situation épidémique.

Les vagues précédentes du Covid nous ont montré que plus on tarde à prendre les décisions, plus ensuite on se retrouve avec des confinements durs et qui durent longtemps. Il vaut mieux prendre tôt des mesures difficiles qui c'est vrai ont des des conséquences sociales et économiques.

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres

Pour limiter la multiplication des contacts physiques, Delphine Batho demande "une généralisation du télétravail à tous les salariés du département qui le peuvent".

Guillaume Chiche, pour sa part, sur la place laissée aux élus locaux qu'il voudrait plus associés aux décisions et dénonce le "manque de transparence"  dans la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement.

Il est incroyable que les députés soient obligés de faire de la prospective sur ce qui va être dit au Conseil de Défense et une fois les décisions prises, nous sommes relégués au rang de commentateurs. J'aimerais bien que les députés et les sénateurs soient consultés

Guillaume Chiche, député EDS des Deux-Sèvres

Vers un couvre-feu généralisé à 18 heures au niveau national ?

Encore une fois le scénario de l'annonce des mesures gouvermentales va rester le même, cette semaine. Après un Conseil de Défense qui va réunir jeudi, experts et membres du gouvernement autour du président de la République, les décisions devraient être annoncées jeudi soir par le Premier ministre lors d'une conférence de presse. On pourrait alors s'orienter vers une avancée à 18h du couvre-feu au niveau national et peut-être vers un confinement lors des week-end. En effet, face à la hausse de la circulation du Covid-19 et à la menace d'une forme plus contagieuse, le gouvernement se tient prêt à prendre de nouvelles restrictions sanitaires. Un reconfinement national ne semble toutefois pas à l'ordre du jour dans l'immédiat.

En attendant un éventuel durcissement généralisé des mesures, le département des Deux-Sèvres s'inquiéte de l'apparition de cas du variant anglais sur son territoire, car un foyer de contamination a été découvert dans une famille de Cholet, dans le département voisin du Maine-et-Loire. 

Reportage de Dominique Laveau, Alain Darrigrand, Louis Claveau et Bénédicte Biraud

 

 

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