Michel-Jack Chasseuil, un habitant de La Chapelle-Bâton, est en train de construire un musée sous terre pour exposer ses 50.000 bouteilles de vins. Un patrimoine régulièrement considéré comme "la plus prestigieuse collection de vins au monde".
Si vous passez par La Chapelle-Bâton, vous ne verrez rien en surface. Pour accéder au futur musée de Michel-Jack Chasseuil, il faut s'enfoncer trois mètres sous terre. Ainsi, dans un immense blauckhaus de 350 m² en travaux, situé sous sa maison, s'empilent les caisses de vins chinés par le collectionneur de 79 ans depuis plus d'un demi-siècle. Dans ce que certains spécialistes, et Michel-Jack lui-même, considèrent comme "la plus prestigieuse collections de vins au monde", les noms des plus célèbres domaines français (Petrus, Pomerol, Romanée-conti) se superposent près de grands crus espagnols, italiens ou chiliens. Certaines de ces bouteilles sont estimées à plusieurs centaines de milliers d'euros.
J'ai commencé à constituer une petite cave personnelle de 600 bouteilles puis j'ai acheté des grands crus dans les années 1970.
Michel-Jack Chasseuil est en train de créer un musée international qui permettra au public d'admirer ses 50.000 bouteilles, classées par année et notoriété. Ce projet est l'aboutissement d'une vie de collection débutée dans les années 1960. "J'ai commencé à consituer une petite cave personnelle de 600 bouteilles puis j'ai acheté des grands crus dans les années 1970", explique-t-il aujourd'hui. Le tournant se situe à l'âge de 47 ans : salarié dans le groupe Dassault à Paris, il saisit un plan de départs volontaires pour prendre la poudre d'escampette et 300.000 francs qui lui permettront de commencer plus sérieusement la collection en déménageant dans les Deux-Sèvres.
"Lorsque l'on rentrera dans la cave, les lumières s'allumeront et la musique se déclenchera"
"Pour profiter visuellement des bouteilles et pour les partager au public", il a donc décidé la création de ce musée, qui pourrait ouvrir ses portes dès l'été prochain. Jusqu'ici ses caisses de vins n'étaient pas classées et peu mises en valeur. Désormais, "chaque petite pièce est dans son sarcophage", aime-t-il plaisanter. Pour aménager cette cave de 350 m², il a dû assembler 300 cloisons et enfoncer 25.000 vis. Le gros du travail est pratiquement terminé, il lui reste notamment à assurer la partie spectaculaire de son futur musée, dont le sol sera peint en bordeaux, une couleur à propos quand on parle de vins. "Lorsque l'on rentrera dans la cave, les lumières s'allumeront et la musique se déclenchera", se projete-t-il dans ce qu'il appelle déjà son "Panthéon".
Mais Michel-Jack Chasseuil n'a pas attendu la construction de son musée pour accueillir les nombreux curieux qui voulaient jeter un oeil à son patrimoine exceptionnel. Outre les journalistes du monde entier, il a guidé dans son antre des sommités internationales comme Albert II de Monaco, Tony Parker, ou encore des milliardaires chinois. Jamais avare en anecdotes, le Deux-Sévrien a pu les impressionner en leur montrant un très rare Porto de 1931 issu de la cave de la reine d'Angleterre, une bouteille de l'année de la Révolution française ou encore un romanée-conti 1945 qui s'adjuge aujourd'hui aux enchères pour 500 000 dollars.
Le Séant avait envisagé d'accueillir sa collection
La renomée de sa cave le pousse aujourd'hui à créer son propre musée à La Chapelle-Bâton dans les Deux-Sèvres mais elle avait auparavant conduit Michel-Jack Chasseuil à solliciter les autorités pour qu'elle soit transférée dans un lieu prestigieux. Le Sénat avait envisagé un moment de l'exposer dans son enceinte avant que le projet finisse par capoter. Finalement c'est donc chez lui, sous terre, que le musée va prendre forme. Le propriétaire espère que cela placera son village sur la carte de France. "Il y a 50 ans, il y avait trois bateaux à Saint-Tropez puis Brigitte Bardot est arrivée", compare-t-il en jugeant que son musée risque d'attirer énormément de monde. Il imagine déjà l'inauguration "en grandes pompes au château du Petit-Chène, avec les journalistes du monde entier".
Si Michel-Jack s'attache à conserver les bouteilles, il ne s'interdit pas d'en déguster une quand l'occasion se présente. "On boit de temps en temps de bonnes bouteilles", euphémise-t-il en prenant pour exemple la récente période des fêtes de Noël, pendant laquelle il a débouché un Coche-Dury estimé "à 1.500 euros l'unité" (Michel-Jack aime bien citer le prix des bouteilles). Néanmoins, ces dégustations restent exceptionnelles, et sont faites avec philosophie. "Il ne faut pas banaliser leur consommation sinon on en devient blasé comme les milliardaires. J'apprends à mes petits-enfants à avoir d'abord une frustration" avant de vouloir la combler. Finalement, les bouteilles, comme dirait Michel-Jack, "les boire c'est bien, en rêver c'est mieux".