Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les mutuelles niortaises représentent un marqueur architectural fort dans la capitale deux-sèvrienne.
MAIF, MAAF, CAMIF... les mutuelles et coopératives, indissociables de la ville de Niort, représentent 20 % de l'emploi local. Elles ont fait de la commune la quatrième place financière de France, et ont produit un patrimoine architectural incontournable. Pendant des décennies, ces entreprises sont devenues le décor de la vie niortaise.
Pour la première fois, leurs sièges sociaux sont au cœur d'une étude qui confirme l’importance de leur architecture. Confié par la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles) à une historienne de l’art, Stéphanie Tézière, ce travail se révèle dans un livre, Patrimoine Mutualiste, une histoire niortaise, aux éditions Atemporelle.
On ne fait pas juste des bâtiments pour faire des bureaux.
Stéphanie TézièreHistorienne de l'art et autrice de Patrimoine Mutualiste, une histoire niortaise
"On s'est intéressés à ces bâtiments dans la mesure où certains étaient en train d'être réduits, transformés, démolis", explique la chercheuse.
Le siège de la MAIF, érigé entre 1977 et 1981, est un lieu emblématique de ce patrimoine mutualiste. Il est signé de l'architecte Claude Perrotte, et renferme des trésors d'histoire : "Au niveau de la cage d'ascenseur et de l'entrée, on est sur un monde futuriste", raconte Stéphanie Tézière. "On pense à autre chose derrière tout ça, on ne fait pas juste des bâtiments pour faire des bureaux. On fait des bâtiments qui vont exprimer vraiment une richesse au niveau d'une évolution architecturale, d'un concept plus novateur."
Bien plus que des bâtiments de bureaux
Le lieu regorge de trésors, d'attentions artistiques qui se fondent totalement dans le décor, comme un puits de lumière étonnant, installé dans un couloir qui mène tout simplement au restaurant d'entreprise. "On a tout un jeu de lignes pour avoir le petit dôme qui éclaire donc c'est complètement hallucinant, et je ne suis pas sûre que les gens qui travaillent ici et qui mangent à la cafétéria se soient un jour arrêtés dans cet espace pour observer la qualité du travail", remarque l'historienne de l'art.
Au siège social de la MAIF, impossible de ne pas mentionner la fameuse cafétéria, véritable machine à remonter le temps. Ici, le déjeuner se prend dans les années 70, avec ses longues banquettes, tout en rondeurs et en couleurs.
L'espace est iconique, et pour la direction de la mutuelle, il faut le préserver à tout prix :
"Les collaborateurs ici sont extrêmement attachés à ces immeubles, à ce siège", assure Jean-François Bouillé, directeur de l'immobilier à la MAIF. "Donc, dès qu'on commence à toucher quelque chose, forcément, on y prend beaucoup de soin, beaucoup d'intérêt, que ce soit en extérieur ou en intérieur."
Les collaborateurs ici sont extrêmement attachés à ces immeubles, à ce siège.
Jean-François BouilléDirecteur de l'immobilier à la Maif
L'âge d'or des mutuelles et ses nombreux vestiges
À la MAAF, certains vestiges des constructions de 1972 sont encore présents, comme la fameuse soucoupe volante du poste des gardiens, ou le vieux hall d’accueil, aussi caractéristique qu’énergivore.
"C'est le luxe de l'époque, on veut faire envie, c'est normal", conclut Stéphanie Tézière. "C'est aussi le reflet d'une époque, donc d'un point de vue historique, le mobilier, le revêtement au sol, le décor qu'il y a tout autour de nous reflètent vraiment une époque précise."
Aujourd’hui, l’ancien hall a été remplacé par cette agora tout en lumières et en volumes. Les temps changent, l’architecture aussi.