Mégabassines. Neuf militants jugés après les incidents de Sainte-Soline et des centaines de manifestants en soutien

Le tribunal correctionnel de Niort est placé sous haute surveillance depuis ce vendredi matin. Neuf militants anti-bassines sont en effet jugés pour des violences commises le 25 mars dernier, notamment lors de la manifestation de Sainte-Soline. Un grand rassemblement est en cours place de la Brêche à Niort.

Neuf militants anti-bassines sont jugés à partir de 13 h 30 ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Niort. La justice leur reproche des faits de violences lors des rassemblements anti-bassines d'octobre 2022 et mars 2023 à Sainte-Soline et de participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de dégradations de biens. Cette dernière qualification concerne deux prévenus en particulier, Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non, Merci ! et Basile Dutertre (de son véritable nom Loan Monga) un des porte-parole des Soulèvements de la Terre. Ces deux collectifs étaient co-organisateurs des rassemblements à Sainte-Soline.

Sans surprise, le procès n'a pas pu aller à son terme. En début de soirée et alors qu'il restait encore des prévenus à entendre, les avocats de la défense ont demandé qu'une nouvelle journée d'audience soit accordée. La décision a été prise par la cour peu avant 22 heures, le procès est suspendu et reprendra le 28 novembre.

Dans un communiqué, les Soulèvements de la Terre parlent d'un "procès n’étant ni fait ni à faire" affirmant que "le parquet a produit aujourd’hui une démonstration d’amateurisme qui a abouti in extremis à 21 h à une suspension du procès au 28 novembre."

Les Soulèvements de la Terre, le collectif Bassines, non merci ! ainsi que les syndicats dont certains membres étaient en cause, souhaitaient faire de ce procès un procès politique, ils y sont parvenus que ce soit dans les prises de paroles des prévenus ou dans celles de leurs avocats. Rendez-vous le 28 novembre devant le tribunal de Niort.

18 heures

Julien Le Guet, le porte-parole de Bassines Non Merci ! a également pris la parole sous forme de déclaration en regrettant que le fond ne soit pas évoqé dans ce procès. Il a rappelé qu'il militait depuis 15 ans pour alerter sur la gestion de l'eau. Il appelle d'ailleurs à un grand débat démocratique sur cette question.  Il a également demandé que " les bourreaux de Sainte-Soline qui ont utilisé plus de 5 000 grenades pour défendre un cratère vide soient aussi traduits en justice ". À l'issue de sa déclaration, il a également fait valoir son droit au silence.

17 heures

Basile Dutertre (Joan Monga) s'adresse au président " Vous m'accusez d'être l'organisateur de deux manifestations interdites, mais je ne suis qu'un militant parmi d'autres. Nous sommes une vaste communauté qui décide d'enfreindre les absurdes décisions préfectorales. Il n'y a pas besoin de chef pour ça." Et de poursuivre "je ne répondrai plus à vos questions tant que les gendarmes qui ont tiré sur nous ne seront pas soumis, eux aussi, à la question."

Nicolas Beauvillain membre de Bassines Non Merci ! s'approche de la barre et s'adresse au président "Monsieur le président, j'ai 46 ans et je n'aurais jamais imaginé me tenir debout devant la justice." le début d'une déclaration dans laquelle il explique " quoiqu'il advienne des neuf prévenus, ce procès est le procès de l'eau." Une déclaration qui déclenche des applaudissements auxquels le président met fin en disant "ce n'est pas un show. C'est une salle d'audience."

Le prévenu fait alors valoir son droit au silence. D'autres prévenus l'imitent après une courte déclaration. Du côté de la place de la Brêche, les soutiens aux prévenus, toujours nombreux, sont installés sur l'herbe.

15 h 40

Les débats reprennent dans une salle d'audience transformée en fournaise. Le tribunal a décidé de joindre les dossiers au fond, c'est-à-dire d'examiner dossier par dossier. Le tribunal prend note des remarques de la défense, mais les évaluera lors de son jugement final.

15 h 30

Une nouvelle suspension de séance vient interrompre l'audience, les avocats des prévenus s'interrogent en effet sur le fait d'avoir poursuivi des porte-parole et non des personnes civiles. Pourquoi Julien Le Guet et pas Bassines, non Merci! Pourquoi Basile Dutertre (de son véitable nom Joan Monga) et pas les Soulèvements de la Terre ?

15 heures

L'audience s'annonce longue selon les avocats des prévenus, l'avocate de Julien Le Guet, Maître Marie Dosé déplore le nombre de prévenus rassemblés en une seule audience et de débats qui s'annoncent interminables " c'est le choix du parquet d'avoir réuni les uns et les autres à une même audience, nous allons devoir discuter de nombreuses infractions jusque très tard. Dont acte, c'est le choix du parquet. Mais on ne va pas pouvoir permettre d'invoquer un élément d'un dossier dans un autre dossier. Nous n'avons pas à supporter le fait que l'audiencement ait décidé de réunir toutes ces procédures en un après-midi." Sur le ton de l'humour, l'avocat du responsable syndical de la CGT David Bodin déplore aussi des débats très longs "je risque de louper le début du match avec tous ces dossiers alors que mon client n'est poursuivi que pour une seule infraction..."

Plus sérieusement, les avocats des prévenus s'irritent d'un manque de clarté des faits reprochés "un prévenu doit savoir ce qu'on lui reproche. La seule chose que l'on sache, c'est que les faits ont eu lieu le 29 octobre 2022. Ce n'est pas à moi de chercher les éléments à charge !", s'insurge le conseil de David Bodin délégué CGT.

De son côté, Sébastien Rey, l'avocat de la Coop de l'Eau, partie civile dans ce dossier, ne voit pas les choses ainsi : "on se trompe de débat, les convocations sont assez précises. Le fait de savoir si le dossier est assez étayé ou pas, c'est un débat au fond qui doit se tenir ici. ".

14 h : l'audience vient de s'ouvrir au tribunal de Niort.

Le quartier est bouclé par un dispositif de sécurité, alors que les soutiens des prévenus sont nombreux devant le palais de justice. La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet notamment, est présente sur place.

Dans la salle d'audience, les prévenus ont pris place. Le président est en train de procéder au rappel des faits qui leur sont reprochés à chacun.

Le président de la Coop de l'Eau Thierry Boudaud, victime et partie civile, est également présent. "Beaucoup trop souvent dans ces manifestations, il y a eu plus que des débordements, des dégradations sur nos biens, et de violentes pressions psychologiques sur nous et nos familles" a-t-il expliqué avant l'audience. "On tient à rappeler que notre modèle agricole est avant tout familial. À chaque fois qu'on touche à nos fermes, on touche à nos familles."

11 h :

Sur la place de la Brêche, de nombreux manifestants sont installés pour marquer leur soutien aux prévenus et à leur lutte.

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet est venue, elle aussi, témoigner son soutien aux accusés, dont un, David Bodin est militant du syndicat.

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