"On ne sait pas où se mettre" : faute de places, l'installation illicite des gens du voyage se multiplie

Près de Niort (Deux-Sèvres), les campements illégaux des gens du voyage s'éparpillent. Un problème complexe à résoudre pour les communes de l'agglomération. Insalubrité, sentiment de rejet... Certaines villes tentent de trouver des solutions.

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Depuis plus de trois ans, les gens du voyage sont installés illégalement au bord des différentes zones industrielles de Niort. Une communauté évangéliste et ses 15 caravanes, installées aux alentours de la commune de Saint-Gelais, n'ont pas d'autre choix, car il n'y a plus de place.

Un maire a refusé leur expulsion

Abraham Reinhard, membre de cette communauté des gens du voyage, est peiné de vivre dans une telle situation. "On ne sait pas où se mettre, on est obligés de s’installer illicitement. Il n’y a plus d’emplacements sur Niort. On demande juste un parking, avec de l’eau et du courant. Au moins, il n’y aurait plus personne dans la zone".

Les conditions de vie sont difficiles, voire insalubres. "Ici, ce n’est pas terrible. Il y a des rats qui se baladent, rapporte Abraham Reinhard. La dernière fois, il y en a même un, qui est rentré dans une des voitures. Cela fait plus de deux ans que l’on est dans l’agglomération de Niort, et il n’y a toujours rien. C’est difficile pour nous".

Dépourvu de solutions, le maire de la commune de Saint-Gelais, Gérard Bobineau, a accepté leur présence. Il a même refusé de déloger cette communauté de gens du voyage à plusieurs reprises malgré les pressions des autorités. "Je comprends qu’ils se sont installés ici, car il y a des aires de voyage qui ont fermé. Je sais bien que c’est illégal, on le sait, mais ce sont des êtres humains. Cela fait quarante ans que je vois ces familles : comme on les connaît, ça se passe bien et ils nous respectent. Donc j’ai refusé leur expulsion".

"Un problème politique et financier"

Gérard Bobineau estime malgré tout que l'ensemble de la communauté d'agglomération de Niort doit faire quelque chose pour accueillir ces gens du voyage. "S'ils sont là, c’est qu’il n’y a pas de place pour eux, ni plus ni moins. Ce serait bien que plusieurs communes mettent en place des terrains. Il faudrait que chacun fournisse des efforts au sein de la communauté d’agglomération".

Les gens n’acceptent pas d’avoir des gens du voyage près de chez eux.

Guy Haas

Président de l'association Accueil pour les gens du voyage 79

Dans l’agglomération niortaise, les trois aires d’accueil ne suffisent plus à répondre à la demande de ces communautés. Celle de Chauray, saccagée il y a quatre ans, ne peut plus accueillir provisoirement les gens du voyage. Depuis, les campements illicites se multiplient de façon inévitable. "La population est de plus en plus importante et les expulser ne change rien, cela ne fait que déplacer le problème", rétorque Guy Haas, président de l'association Accueil des Gens du Voyage 79.

"C’est à la fois un problème politique et financier : tout cela a un coût. Mais c’est aussi un problème d’acceptation. Les gens n’acceptent pas d’avoir des gens du voyage près de chez eux. On pourrait également faire des habitats pour les gens du voyage, cela reste de l’habitat social, estime Guy Haas. "Notre association demande des terrains qui soient faits pour les gens du voyage, des petites constructions de 40 m², qu’ils puissent avoir des sanitaires, de l’eau, de l’électricité, tout ce qui est nécessaire pour une famille".

La disponibilité des terrains questionne

Sur la commune de La Crèche, située en banlieue de la ville de Niort, on ne se contente pas de l’aire d’accueil municipale. La communauté de commune est allée un peu plus loin pour aider les gens du voyage. "Ils sont accueillis comme il faut, avec de l’eau et de l’électricité. On vient participer aux nettoyages. On est très satisfaits de la bonne entente qui règne entre les gens du voyage et nous, ça se passe très bien et sans aucune difficulté", précise Laetitia Hamot, maire de La Crèche. "C’est la preuve que lorsque l’on comprend le mode de vie chacun, on trouve des solutions. Ils scolarisent leurs enfants, ils viennent faire leurs courses, ils travaillent... Ici, on n’a pas de difficultés".

Aujourd’hui, cinq familles ont pu s’installer sur la commune. Un dispositif qui a ses limites, celui de la disponibilité des terrains. "On imagine l’étape d’après, indique-t-elle. C’est soit de faire des terrains pour ceux qui se déplacent, soit des terrains qui leur permettent de se sédentariser, qu’ils leur permettent de rester sur place s’ils ont envie, de scolariser leurs enfants ou d’accéder au milieu du travail".

Ce problème d'accueil pour les gens du voyage n'est pas unique au département des Deux-Sèvres et à la communauté d'agglomération de Niort. Selon une enquête de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne publiée en 2019, 71 % des gens du voyage interrogés estiment qu’il n’y a pas assez d’endroits pour eux, en particulier des aires d’accueil appropriées dans l'Hexagone.

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