“Tous les ans, ils reviennent" : des caravanes des gens du voyage garées sur le parking de l'université Bordeaux Montaigne

Depuis début mars, des dizaines de caravanes de gens du voyage occupent le parking de l'Université Bordeaux Montaigne à Pessac. Certains étudiants rapportent des incidents liés à cette occupation et appellent la présidence de la faculté à agir. Une enseignante dit avoir été la cible de menaces de mort. De son côté, la direction assure avoir engagé une procédure d'expulsion.

"On a l'impression de traverser un camping tous les matins". Étudiante en troisième année de double licence à l'Université Bordeaux Montaigne, *Anne-Laure ne reconnaît plus le parking de son campus depuis quelques semaines. Chaque matin, elle se rend à la faculté en voiture. Et depuis quelques jours, difficile de trouver une place pour se garer. "Parfois, je dois me garer à l’autre bout de la fac", confie-t-elle. 

Plusieurs dizaines de caravanes de gens du voyage occupent l'aire de stationnement depuis début mars. Ils ont sorti des tables, ils font quelques fois des barbecues. Il y a une brocante, un monsieur qui répare des objets, un autre qui fait de l’élagage d’arbre. Certains chiens sont en liberté", décrit l'étudiante.

Problèmes de salubrité 

Cette présence entraîne selon elle des problèmes de salubrité. "De la nourriture et des poubelles sont laissées dehors et on commence à avoir des rats", raconte Anne-Laure, qui relate également des incivilités.

Des gamins de dix ans jouent dans les couloirs. Ils mettent du bazar, laissent des déchets partout, donnent des coups de pied dans les distributeurs automatiques et repartent comme si de rien n'était

Anne-Laure

Etudiante en troisième année de double-licence à l'Université Bordeaux Montaigne

Les caravanes s'alimentent en eau et en électricité en se branchant sur les installations de la faculté. Non sans causer quelques incidents. "Quelques jours après l'arrivée des caravanes, nous avons eu une coupure d’électricité dans un amphithéâtre mais elle a été réglée dans la journée", indique Kevin Dagneau, directeur de cabinet de la présidence de l’Université Bordeaux Montaigne.

Dégradations et menaces de mort

Plus grave, une enseignante qui souhaite rester anonyme, raconte avoir été prise pour cible par des membres de la communauté installée sur le parking, après avoir voulu venir en aide à un chien mal en point.

"Un matin, des dames sont sorties d'une caravane avant de cracher à mes pieds. Elles ont installé des étendages de linges pour m'empêcher de faire reculer ma voiture", témoigne l'enseignante, qui fait part de la destruction d'un de ses phares il y a trois semaines. Dans la foulée, elle a porté plainte au commissariat de Pessac. 

La semaine suivante, sur le chemin du parking, elle confie avoir été suivie et menacée de mort. 

Des dames m'ont fait des gestes comme des coups de ciseaux, avec la main au niveau du cou. J'ai commencé à avoir peur.

Une enseignante de l'Université Bordeaux Montaigne

Elle garde le silence avant de s'effondrer devant ses collègues quelques jours plus tard. "J'ai craqué pendant une réunion de professeurs. Je leur ai tout avoué. Le directeur de l'UFR n'en revenait pas". L'enseignante se voit basculée en télétravail jusqu'à nouvel ordre. Une situation difficile à vivre pour elle. "Je suis toute seule à la maison et je ne vois pas d’issue

Une procédure d'expulsion engagée

Le syndicat Uni dit avoir reçu plusieurs témoignages d'étudiants faisant part d'un sentiment d'insécurité. "Certains ont peur de se faire agresser ou prendre à partie", affirme Dominique Organ, président de l'Uni Bordeaux.  Début janvier, le syndicat a lancé une pétition appelant au départ des véhicules, et pour laquelle il revendique plus de 200 signatures.  

Ça fait huit ans que je suis à Bordeaux, huit ans que je vois ça. Il y a une complaisance de la présidence de l'université. Elle ferme les yeux sur le problème et le met sous le tapis. C’est inadmissible.

Dominique Organ

président de l’Uni Bordeaux

L'Union Etudiante Bordeaux donne une tout autre vision des choses. Elle réfute tout sentiment d'insécurité et dément le moindre incident lié à l'arrivée des caravanes. "Les éventuelles dégradations sont le fait du manque de rénovation des locaux. On ne peut pas imputer ça aux gens du voyage", insiste Yanis Jaillet, le secrétaire général du syndicat.

De son côté, la présidence de l'université Bordeaux Montaigne assure avoir engagé un huissier pour constater une occupation illégale, dès le lendemain de l'arrivée des caravanes. Elle attend désormais un jugement du tribunal administratif, préalable à toute action des forces de l'ordre. "Nous ne pouvons pas procéder à l'expulsion, c'est du ressort de la préfecture", rappelle Kevin Dagneau. 

Les occupations illégales de caravanes sont régulières dans le secteur. Cet hiver, une quarantaine de véhicules s'étaient installés plusieurs semaines sur les terrains de sport de l'université, avant de quitter les lieux.

*Le prénom a été changé

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