Près de Niort, les écuries des Liées proposent un hébergement tourné vers les besoins et l'instinct des chevaux, en recréant les conditions de la vie de troupeau. Ce nouveau modèle de pension baptisé écuries actives séduit de plus en plus de propriétaires de chevaux, notamment sportifs.
À six ans, Izia est une jument qui a déjà réalisé beaucoup de compétitions de saut d’obstacles. De la race des Selles français, elle est très active, mais peut être anxieuse. En novembre, Marie Pelaud, sa propriétaire, l'a fait rejoindre la pension des écuries Liées, à Villiers-en-Plaine (79). Depuis, elle la sent beaucoup plus apaisée :
« Depuis qu’elle est ici, je la sens mieux dans sa tête, et même avec les autres chevaux, parce qu’elle en avait peur avant », observe Marie Pelaud. « Le fait d’être en troupeau, ça a changé quelque chose pour la jument, et pour moi aussi, je me sens mieux », confie la jeune femme.
Des conditions de vie au plus proche des besoins naturels
Un des grands principes des écuries actives est de favoriser les conditions de vie en troupeau des chevaux. Huit hectares de prairies sont mis à disposition d’une quinzaine d'équidés. Grâce à des pâturages tournants, l’herbe est verte toute l’année. Les chevaux y courent et y paissent, à leur gré : « A l’état sauvage, les chevaux ne sont pas faits pour être en boxe. Ils parcourent des kilomètres et des kilomètres dans la journée », explique Vanessa Guy, la gestionnaire des écuries.
Avant, Izia dormait dans un club hippique, comme la plupart des hébergements proposés actuellement aux chevaux : « Elle était dans un boxe assez grand, elle entrait et sortait quand elle voulait, mais elle était séparée des autres chevaux, il y avait des clôtures entre chacun, et elle n’avait pas l’interaction qu’elle a ici avec les autres », souligne Marie Pelaud.
Loin des boxes, les étalons renouent avec leur instinct sauvage et leurs contacts sociaux primaires, au plus proche des règles du troupeau : « A la différence des boxes, les chevaux peuvent être ensemble ou pas, se séparer à leur gré, choisir de s’isoler s’ils le souhaitent », indique Vanessa Guy, gestionnaire des écuries. Et cette nouvelle autonomie est favorable au bien-être des chevaux, surtout ceux de compétition, comme Izia.
C’était une jument qui faisait quelques bêtises. Être sans cesse dans le mouvement lui a fait du bien, elle est beaucoup plus assidue dans le travail, plus concentrée.
Vanessa GuyGestionnaire des écuries
Plus de mouvements, moins de pathologies
Pour Vanessa Guy, laisser les chevaux s'organiser en troupeau est bénéfique, notamment pour leur santé physique : « on les a séparés parce qu'il y a la peur du bobo, qu’ils se blessent », raconte celle qui accompagne les propriétaires de chevaux sportifs. Mais si le risque n’est pas nul, les avantages à laisser les animaux dans des conditions proches de la liberté sont nombreux, notamment pour soigner des pathologies comme l’arthrose : « Si on veut travailler avec le cheval en boxe, c’est tout de suite plus compliqué. Il faut marcher dix minutes, que le cheval s’échauffe… Là, avec ces structures, ce n’est pas problématique, car le cheval travaille musculairement toute la journée ».
Une alimentation adaptée aux conditions naturelles
L’incontournable de la pension, c’est sans doute ces quatre bottes de foin et ce distributeur de granulés mis à disposition des chevaux tout au long de la journée : « Nous avons mis un filet, ce qui permet d’avoir une alimentation plus lente, les chevaux vont manger toute la journée, à leur rythme », souligne une employée de l’écurie.
Grâce aux pâturages tournants, les chevaux ont accès à de l’herbe fraîche et du foin tout au long de la journée. « Le cheval à l’état naturel va manger les trois quarts de son temps, soit 18 heures par jour. Le reste, ce sont des contacts sociaux », nous apprend-elle.
Pour la jument, les effets bénéfiques ont été constatés très rapidement : « Elle est plus proche de l’homme qu’avant, elle a plus de respect avec son cavalier, ceux qui l’entourent », souligne Vanessa.
Comme Izia, de nombreux chevaux sportifs ayant du mal à canaliser leur énergie sont reçus aux écuries de Liées. Plus libres dans leurs mouvements et dans leurs interactions sociales, ils reviennent à leurs maîtres, plus apaisés, attentifs. Et si la pension ne règle pas tous les problèmes, l’éducation et le dressage étant indispensables, ces nouvelles pratiques ont sans nul doute un apport considérable pour le bien-être animal.