Deuxième journée du procès hors normes qui s'est ouvert hier devant la cour d'assises de Niort. Aujourd'hui, examen du profil psychologique des accusés qui comparaissent pour les meurtres de quatre personnes en 2016.

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Il y a d'abord Gilbert Riso, alias "Bébert". L'homme de 60 ans s'avance à la barre et, probablement à cause de ses problèmes de dentition, la cour peine à comprendre tout ce qu'il veut bien exprimer. "Je suis désolé", marmonne-t-il, " ce n'est pas la vie que j'aurais voulu mener". On veut bien le croire.  L'enquête nous apprend qu'il vivote généralement entre La Rochelle et Rochefort. Il déclare avoir été battu par son père dans l’enfance. Deux de ses frères sont morts par overdose, un autre par pendaison. « Mes parents m’ont mis à la rue à l’âge de 16 ans. » 

"Violent... pas tout à fait."


La présidente du tribunal lui demande de citer trois de ses qualités : « le dessin, la mécanique, et je suis à l’écoute. Mes défauts ? L’alcool, les bagarres et la prison. ». La présidente : « Vous diriez que vous êtes violent ? » Réponse de l'accusé : « Violent, violent... Pas tout à fait. » Son casier judiciaire comprend pourtant pas moins de 18 mentions pour violences, vol de véhicule, port d’arme non autorisée et viol. 

Gilbert Riso, c'est lui qui, un jour, est entré dans le commissariat de Niort pour dénoncer les indéfinissables actes de barbarie dont il est complice avec les cinq autres accusés, les meurtres de quatre hommes, torturés, mutilés durant le printemps et l'été 2016 à Niort. Apparemment, il craignait pour sa propre vie. « Il fallait que ça s’arrête toutes ces conneries, j’aurais pu y passer aussi ! » Il est poursuivi pour meurtre, acte de torture et de barbarie contre Vincent Papet. Ce SDF de 45 ans avait été découvert mort dans une baignoire, dénudé et portant des entailles au corps. L'autopsie va comptabiliser 70 plaies dont 18 au crâne.
 

« Ma vie, j’en ai fait un gâchis, surtout à cause de l’alcool. »

Vient ensuite le tour du niortais Christophe Mercadal. A la barre, le quarantenaire a les jambes qui tremblent.  Lui comme l'ensemble de la cour doivent se contenter de la lecture des examens de personnalité par la présidente. Les enquêteurs sociaux sont absents pour cause de covid-19. Lui aussi a du mal à s'exprimer clairement : « J’ai un parcours cahotique. Je suis handicapé des jambes après une chute et je suis sous curatelle. Car tout mon argent me servait à picoler. » 

Durant l'entretien, Mercadal se compare dans son enfance à une poche poubelle que l’on trimbale. Environnement familial marqué par des carences affectives et éducatives. « Ma vie, j’en ai fait un gâchis, surtout à cause de l’alcool. » « À part boire et fumer, il ne faisait pas grand chose. » confirme l’une de ses anciennes amie dans l’enquête de personnalité. « Il cassait tout ce qu’il voyait quand il était alcoolisé. » explique une autre « mais il n’a jamais été violent contre moi. »

Sa mère s’avance à la barre en fauteuil roulant. Elle s’en est occupée comme elle a pu jusqu’à ce qu’il « quitte le nid ». Elle ne l’a pas revu pendant plusieurs années, avant de le retrouver en visite en détention. « C’est moi qui lui ai donné le surnom Titi à sa naissance. » « Quand mon mari buvait, il me frappait dessus, il frappait les gosses, donc, quand le divorce a été prononcé, j’ai préféré placer les enfants pour les protéger ». "Titi" est poursuivi pour le meurtre de Damien Porcher, 37 ans, dont le corps à l'état de squelette avait été retrouvé dans la cave d'un immeuble.

Au cours de l'audience, les trois autres accusés dévoileront également un peu plus de leur personnalité, notamment "le big boss", "le chef de bande", Thierry Nicollas. A Niort, le voyage au bout de l'horreur ne fait que commencer. Le procès se tiendra pendant trois semaines devant la cour d'assises des Deux-Sèvres.

Antoine Morel et Anna Pettini ont assisté à cette deuxième journée d'audience : 
 


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