REPLAY. Elections départementales. Ce qu'il faut retenir du débat des Deux-Sèvres

Avant le premier tour des élections départementales, France 3 Poitou-Charentes proposait une émission spéciale sur le scrutin dans les Deux-Sèvres. En face de Laïd Berritane, six candidats ont discuté des enjeux de ce rendez-vous démocratique.

Si les questions budgétaires sont évidemment au coeur des discussions entre les différents candidats, c'est pour mieux discuter d'autres compétences propres à une assemblée départementale. Ainsi sont abordés les questions cruciales des aides sociales avec notamment les bénéficiaires du RSA, l'autonomie des personnes âgées et les Ehpad, mais aussi l'alimentation et l'agriculture avec, en toile de fond, le sulfureux dossier des bassins de substitution.

Le budget du conseil départemental

Le budget de fonctionnement du conseil départemental des Deux-Sèvres s'élève à 396 millions d'euros. Autour de la table, c'est Coralie Denoues de la liste "union Deux-Sèvres" (Les Républicains / Centristes / Divers Droite / UDI) qui représente la majorité sortante et donc son bilan après cette mandature qui s'achève. "Gouverner, c’est prévoir", explique la tête de liste "Union des Deux-Sèvres", "on l’a vu pendant la crise et on a pu effectivement mettre en place des soutiens très rapides grâce à la bonne gestion financière que nous avons eue. Il y a eu un plan de soutien avec la distribution de matériel aux Ehpad et aux services de soins à domicile, comme des tablettes ou l’installation de sas. On a pris en charge toutes les dépenses des établissements médico-sociaux. Ensuite, il y a eu le plan de relance d'aides aux entreprises".

Selon Coralie Denoues, la pandémie a coûté 26 millions d'euros à la collectivité mais n'a pas entraîné de hausse des impôts. Une gestion qui s'avère bien trop "efficace" pour les candidats d'opposition qui, tous, dénoncent une "cagnotte" de 83 millions d'euros, un excédent qui n'aurait pas été utilisé à bon escient. "Cet excédent, il doit être fléché sur des besoins et des lignes budgétaires pour répondre aux besoins de la population tout simplement", déclare Nicole Lahmiti de la liste «Il est temps» (EELV / LFI / PCF / Parti de Gauche / Collectif « Bassines non Merci » / Collectifs citoyens), "cet excédent, il a été fait au détriment de la population, de l’entretien des bâtiments et du personnel".

"Ce budget est totalement inadapté par rapport aux préoccupations des Deux-Sévriens", renchérit Pascal Bironneau, tête de liste "Engagé-e-s pour les Deux-Sèvres" (Parti socialiste / Divers gauche), "il est clair qu’on ne peut pas se permettre des millions d’euros d’économie réalisés sur leur dos alors que les besoins sont criants dans les différentes structures, les Ehpad, les auxiliaires de vie, les services d’aides à domicile ainsi que les associations caritatives, sportives et culturelles. Il y a une nécessité de recréer du lien social et Il faut un budget social, écologique et environnemental".

"On a des collégiens qui ont très peu accès au numérique alors qu’on a pu voir que c’était un véritable enjeu pendant la crise sanitaire. Donc il y a des choses qui n’ont pas été faites", complète Yohann Aubert pour "Relances 79" (Majorité présidentielle / Agir / MoDEM / Parti Radical). Olivier Guibert du Rassemblement National considère, lui, que "nous vivons maintenant une situation post-Covid et il faut axer nos dépenses sur l’aide sociale à l’enfance, les personnes handicapées et les personnes âgées. Ce sont les trois catégories qui ont été les plus touchées par la période que nous venons de vivre".

Le Revenu de Solidarité Active

Dans les Deux-Sèvres, département le moins touché par le chômage en Nouvelle-Aquitaine, le RSA représente 22 millions d'euros pour près de 6700 bénéficiaires. Coralie Denoues confirme qu'il y a eu un pic en 2020 et une tendance à une diminution en 2021, mais "il faut rester vigilant. Sans nos entreprises, il n’y a pas de travail et pas d’emploi, donc il est important de travailler avec elles. D’où l’importance des dispositifs comme le contrat départemental d’insertion en entreprise ou d’autres dispositifs mis en place qui permet pour 70% des personnes d’aller vers un emploi durable et qui permet aux recruteurs de ne pas juger sur un cv mais bien sur les compétences des personnes".

Pour Flavie Mourault, du collectif "Deux-Sèvres en transition" (Génération Ecologie / écologistes / Collectif citoyens / non encartés), "On sait qu’un certain nombre d’allocataires du RSA sont passés par les services d’Aide Sociale à l’Enfance. Cet accompagnement s’arrête à l’âge de dix-huit ans. Comme si à dix-huit ans, on est censé arriver sur le marché du travail et être en capacité de s’émanciper. Nous, nous serions favorables à recruter des éducateurs spécialisés et de proposer un nouveau service pour un accompagnement au-delà des dix-huit ans".

Problème, indique Pascal Bironneau, "selon l’INSEE, le département des Deux-Sèvres attribue en termes d’actions de solidarité 537 euros par habitant. La moyenne de la région, c’est 621 euros. On est le dernier département en Nouvelle-Aquitaine. C’est extrêmement grave". Yohann Aubert complète : "Sur le mandat, sur les 7000 bénéficiaires, 150 personnes ont retrouvé un emploi. Est-ce suffisant ? On a un problème d’accès à la formation. Il y a un loupé indéniable alors que cette population doit pouvoir mieux accéder à de la formation, de l’apprentissage et de l’alternance et le département doit être exemplaire en la matière". 

De son côté, le Rassemblement National, en la personne d'Olivier Guibert, définit ses priorités en la matière : "Il y a des économies à faire et nous, nous axerions notre politique sur la fraude aux RSA et l’aide sociale à l’enfance qui est pénalisée par les mineurs non accompagnés avec une augmentation de 300% par an". Il y aurait quelques dizaines de dossiers de fraude dans les Deux-Sèvres. 

Autonomie et personnes âgées

L'aide à nos anciens, c'est une des fonctions "régaliennes" des départements, notamment avec l'Allocation Personnalisée d'Autonomie. A ce sujet, Nicole Lahmiti, de la liste «Il est temps» (EELV / LFI / PCF / Parti de Gauche / Collectif « Bassines non Merci » / Collectifs citoyens) est très inquiète. "L’accès aux Ehpad publics ne serait plus possible pour tout le monde. Il semblerait qu’il y aurait aujourd’hui des quotas dans l’examen des candidatures pour les places avec de l’aide sociale abondée par le département. C’est extrêmement grave".

Pour Flavie Mourault, "la prise en charge de la vieillesse doit changer.  Une personne reste en moyenne trois ans et demi et cela coûte 1800 euros nets par mois. Beaucoup de gens en sont très loin. Il faut proposer des solutions d’hébergements intergénérationnels qui permettraient une autonomie entre génération pour pouvoir mieux vivre". 

Olivier Guibert, lui, prône une urgente simplification administrative "pour les personnes âges qui, pour des demandes bien spécifiques pour le bien vieillir, attendent des semaines ou des mois avant d’avoir une réponse à leur dossier ou les personnes handicapées pour l’amélioration de leur habitat, il est important de recruter des agents spécialisés dans ce soutien et ces aides au cas par cas. De façon à ce que ces gens dans le besoin ne subissent pas la lenteur administrative du département".

Agriculture et alimentation

Les Deux-Sèvres, département rural s'il en est, est en train, comme beaucoup d'autres collectivités, de préparer son Plan Alimentaire Territorial, dispositif qui existe pourtant depuis 2014. "ce n'est pas trop tard", plaire Coralie Denoues, "aujourd’hui, nous sommes à 50 % d’approvisionnement local dans nos collèges avec 10 % de bio. On est auprès de nos agriculteurs et nous sommes prêts pour notre Plan Alimentaire Territorial qui sera établi en 2022 en concertation avec nos partenaires".

Des chiffres et un calendrier contesté par Flavie Mourault : "ils sont très en retard ! Aujourd’hui, il manque 300 hectares de terres irriguées pour pouvoir atteindre les 20% de produits Bio. A moins d’une baguette magique, ça ne sera pas possible. Les filières auraient dû être développées bien en amont. Le département avait il y a 50 ans une culture maraîchère et on l’a oublié". "C'est indéniable, on manque de maraîchage", confirme Yohann Aubert, "les formations ont été supprimées".

Puis bien sûr est abordé la question de l'irrigation. "Bassines" ou "retenues de substitution" ? Même la sémantique divise les candidats en lice. Pour Nicole Lahmiti, "l'eau doit rester un bien public. Ces retenues sont financées avec de l'argent public à hauteur de 70% et sont utilisées par 3% des agriculteurs. L'alternative, c'est une agriculture moins productiviste. Il faut arrêter de cultiver du maïs qui encombre le port de La Pallice et qui part à l'étranger. Nous avons besoin d'une agriculture qui nourrit les habitants".

Olivier Guibert, lui, s'insurge contre l'"agri-bashing" mais, en même temps, demande une régulation du pompage des nappes phréatiques et un contrôle d'une irrigation raisonnée. Pascal Bironneau pense lui qu'"il faut réévaluer le volume de ces bassines. Il y a une nécessité de faire une transition agro-écologique dans les pratiques agricoles. La vraie question, c'est sur le partage de l'eau et sur son utilisation. L'eau est nécessaire pour l'élevage et le maraîchage, mais il faut que cela reste un bien commun".

Le premier tour des élections départementales aura lieu le dimanche 20 juin prochain.

L’ensemble de ce débat est à retrouver en replay ci-dessous

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