Les Chamois niortais ont repris l'entraînement alors que l'incertitude plane sur leur avenir. Pourtant le rachat du club de foot par un investisseur leur a été annoncé.
Ils arrivent toujours sur la pelouse d’entraînement avec la légèreté de leur jeunesse. Avec la blague facile, pressés de retaper dans le ballon. Des sourires au milieu de visages concentrés. Les joueurs des Chamois niortais ont fait leur rentrée dans une drôle d’atmosphère. Ils le savent, d’ici quelques jours, l’aventure du club peut s’arrêter.
Après avoir failli monter en Ligue 2 à la saison passée, les voici sommés de redescendre en Nationale 2 pour raisons financières. Et les patrons qui jettent l’éponge et veulent vendre le club. Il y aurait un acheteur, paraît-il…
Alors qu’ils se rassemblent tranquillement sur le terrain, ils préfèrent jouer l’humour. « Tant qu’on est vivants, on n’est pas morts ! ». Un petit concours de maximes désuètes s’improvise avant l’arrivée de l’entraîneur. « Qui vivra, verra… »
Coeur lourd
Une façon de conjurer le sort, « l’énergie du désespoir », ricanera plus tard Quentin Bernard, le capitaine. Amer. Car le cœur est lourd. Bien lourd. Beaucoup s’interrogent sur leur avenir dans un paysage footballistique où les places en ligue 2 et en ligue 1 ont diminué, créant une forme d’embouteillage en Nationale 1 qui récupère tous les recalés des deux divisions supérieures.
Quentin Bernard annonce tout de suite la couleur : si le club redescend en Nationale 2, il arrête sa carrière. « Je suis inscrit à Pôle emploi depuis le 1er juillet », annonce le joueur âgé de 35 ans.
On prend ça pour une blague avant que l'homme à la barbe grisonnante ne confirme : « Mon contrat s’est terminé le 30 juin et aujourd’hui c'est bénévolement que je viens m'entraîner. » Au cas où. Car le président Mickaël Hanouna - qui est abonné absent pour les journalistes – leur a annoncé la veille qu’un investisseur était sur le point de racheter les Chamois. « Le président nous a assuré que le club allait repartir en National et nous sommes tous là dans cette optique mais aujourd’hui, nous ne savons plus que croire et qui croire », confie celui qui a été formé chez les Chamois. Et qui se voit désormais professeur d’EPS dans un futur proche.
"Comme saint Thomas"
Et il suffit de discuter quelques minutes avec Philippe Hinschberger, l’entraîneur, pour sombrer dans un pessimisme noir. « Je suis comme saint Thomas. J’attends de voir mais pour l’instant, on est dans l’imaginaire. On nous dit que le rachat doit se faire depuis pas mal de temps maintenant et cela ne se fait toujours pas. Et un jour, il va être trop tard. J’ai déjà lancé deux-trois alertes et si rien ne bouge et que les choses restent en l’état, dans deux semaines, il n’y a plus de club ! ». Il se dégage de l’homme une certaine colère. Et frustration. « Nous avons très peu d’information. Et dès que l’on manque d’information, il y a du silence et dès qu’il y a du silence, il y a de l’imaginaire et on imagine toutes sortes de scénarios. Aujourd’hui j’’envisage plutôt un scénario négatif et j’espère que d’ici deux semaines, la situation me donnera tort. »
Car du staff administratif des Chamois, le ton est tout autre. Oui, cet investisseur existe bien. Oui, il permettra de présenter un budget digne de National 1. Et le club pourra faire appel de la décision d’être relégué en Nationale 2. « Nous attendons la notification de la relégation et ensuite nous aurons 7 jours pour interjeter appel », explique Thibault Halimi, directeur des opérations. « Quand nous aurons été auditionnés et si l’issue est positive, le nouvel acheteur sera présent et viendra présenter son projet. Nous découvrirons son identité et ce qu’il a prévu de faire pour le club. »
Quoi qu’il arrive, le sort des Chamois sera réglé avant le 17 juillet, date où les calendriers des championnats de Nationale 1, Nationale 2 et Nationale 3 seront établis.