Sébastien Chottin travaille depuis 13 ans au sein de la Cellule d’identification criminelle de Niort. Le 8 juillet dernier, l’adjudant-chef et deux de ses coéquipiers sont appelés sur l’incendie mortel de Bressuire. Dès lors, une enquête inédite et minutieuse commence pour eux.
Le 8 juillet dernier, un incendie ravageait quatre appartements d’un immeuble de la commune de Bressuire, provoquant un bilan catastrophique de cinq morts, dont un enfant. Appelés sur les lieux du drame dès le premier jour, la Cellule d’identification criminelle de Niort travaille, depuis, sans relâche afin de déterminer les causes de l’incident. "Nous intervenons d’abord en phase de constatation, puis tout au long de l’enquête, pour apporter nos conseils techniques", explique l’adjudant-chef de 45 ans.
Des techniciens de la science, donc, indispensables au bon fonctionnement de l’enquête. "C’est un travail pluridisciplinaire et d’équipe, précise le militaire, et surtout c’est une chaîne de plusieurs spécialistes qui permet de récupérer tout un tas de preuves." Récolter et étudier les preuves, voilà l’essence de ce métier de l’ombre.
"Il y a une époque où on laissait une part importante aux aveux. Aujourd’hui, ce sont les preuves qui dominent", rappelle Sébastien Chottin. Et pour récolter toutes les données d’une scène de crime ou d’accident, il faut parfois des dispositifs inattendus. "A Bressuire, nous avons dû accéder aux appartements du troisième étage par voie aérienne. C’était la première fois que je faisais appel à un grutier", raconte-t-il. A cause des dégâts importants causés par l’incendie sur tout l’étage, les militaires ont dû descendre en rappel depuis une nacelle accrochée à une grue de chantier.
Une intervention très spéciale
Un travail impressionnant, débuté plus de vingt-quatre heures après l’incendie. "Nous ne pouvions toucher aucun élément de la scène avant d’avoir réalisé une modélisation 3D de l’immeuble." Une modélisation permettant à l’équipe de visualiser l’état exact des lieux et la disposition des corps afin de faire progresser l’enquête depuis leurs locaux, à l’Institut médico-légal de Poitiers, bien après leur départ des lieux. Et au-delà de la modélisation, il a fallu attendre l’arrivée des renforts avant d’entamer l’enquête : huit enquêteurs de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRGCN) et trois militaires experts en spéléologie. "Ce n’est pas toujours aussi long, prévient Sébastien Chottin, mais cette intervention était unique sur plusieurs aspects, que ce soit le nombre de victimes ou encore la difficulté d’évolution sur la scène." Comme tous scientifiques, les membres de la cellule d’identification criminelle savent faire preuve de patience.
Pourtant, leur travail minutieux est parfois mal compris du grand public, car sur les lieux d’un incident leur camion siglé du terme "identification criminelle" peut effrayer les familles. "Lorsque je descends du véhicule je prends toujours un temps pour leur parler et expliquer les raisons de ma présence." Une raison qui n’a jamais changé en 13 ans de métier : "déterminer les circonstances de la mort des victimes et les causes de telles catastrophes humaines." Un travail profondément humain malgré l’omniprésence de la mort. "Nous sommes toujours en lien avec les unités de terrain, que ce soit dans les phases de constatations ou de formations", ajoute Sébastien Chottin, avant de souligner l’importance de communiquer avec les collègues, en amont de leur arrivée sur le terrain tout comme dans la suite de l’enquête. "Et puis c’est un métier qui évolue sans cesse, notamment grâce aux outils techniques." En fin de compte, si l’adjudant-chef a choisi ce métier, c’est avant tout pour "aller au bout des choses"… et des enquêtes.