Un abbé traditionaliste, interdit d'exercer au contact de mineurs, condamné après avoir donné des cours de catéchisme

Régis Spinoza avait été condamné en 2021 pour des violences et humiliations infligées sur des enfants. Il lui était interdit de travailler au contact de mineurs, une obligation judiciaire que l'abbé traditionaliste n'a pas respectée.

Il a été arrêté en plein catéchisme. Ce 31 mai, l'abbé Régis Spinoza dispensait un cours à une dizaine d'enfants dans une grange de la Guiraudière, un lieu-dit situé sur le territoire de la commune de Saint-Amand-sur-Sèvre (Deux-Sèvres), rapportent nos confrères de La Nouvelle République.

Condamné en 2021 pour violences volontaires sur des élèves d'une école hors contrat, dont il était le directeur, l'abbé Spinoza avait écopé de trois ans de prison avec sursis et d'une peine d'interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs durant dix ans.

Pris en flagrant délit, ce 31 mai 2023, le prêtre plaide le malentendu : "M. Spinoza indique qu'il s'agissait d'une mauvaise compréhension de sa part", précise le parquet de Niort. "Il affirme que des parents d'élèves étaient systématiquement présents lors de ses cours. Il raconte avoir pensé qu'il était dans son bon droit."

L'abbé Spinoza est convoqué, le 2 juin, devant le procureur de la République en vue d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Une peine d'un an de prison lui est proposée : six mois ferme pour la violation de ses obligations judiciaires et six mois correspondant à la révocation partielle de la peine de sursis, à laquelle il avait été condamné en 2021.

Une peine aménageable

Issu de la frange radicale du catholicisme français, l'abbé Spinoza a d'abord été directeur pédagogique du collège Don Bosco Saint-Projet à Bordeaux (Gironde), un établissement hors contrat que l'émission d'investigation Les Infiltrés a décrit comme un "nid de fascistes". Diffusée en 2010 sur France 2, l'enquête menée en caméra cachée avait fait grand bruit. Chants nazis, hommages au maréchal Pétain... 85 enfants y étaient élevés dans la haine des "juifs", des "nègres" et des "gauchistes".

Le collège Don Bosco Saint-Projet est affilié à l'Institut du Bon Pasteur, une société de vie apostolique traditionnaliste, reconnue par le Saint-Siège en 2006. Dépeints comme proches de groupes d'extrême droite, ces catholiques intégristes rejettent les réformes progressistes introduites par Vatican II. Messes en latin, rites liturgiques pratiqués dos aux fidèles, prêches parfois emprunts d'antisémitisme... Ils se présentent comme les derniers représentants de l'Église des origines.

À la suite de la fermeture du collège Don Bosco Saint-Projet par le rectorat, l'abbé Spinoza prend la tête de l'Angélus, une école privée hors contrat située à Presly dans le Cher. Ce nouvel établissement est, lui aussi, lié à l'Institut du Bon Pasteur.

En 2017, une enquête préliminaire est ouverte pour des soupçons de maltraitance au sein de l'Angélus. Le procureur de Bourges décrit alors le "climat de terreur" qui régnait dans l'établissement, évoquant notamment des "coups, infligés par le directeur, l'encadrement ou des corrections administrées par des plus grands sur des plus petits sur instruction de l'encadrement".

Malgré la violation de son interdiction d'exercer au contact de mineurs, le parquet de Niort n'a pas demandé la mise à exécution de la peine dont a écopé l'Abbé Spinoza. Le prêtre traditionaliste est alors ressorti libre du tribunal le 2 juin 2023. "C'est quelqu'un d'intelligent et d'inséré, nous confie une source judiciaire. Il pourra bénéficier d'un aménagement de peine."

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