À Saint-Maixent-l'Ecole, une agricultrice a installé ses pouces de champignons dans les caves de l'abbaye. Contre un loyer modeste et des conditions de culture idéales, elle redonne un peu de vie à cet édifice abandonné depuis plus de dix ans.
Lors de sa construction au premier millénaire, les bâtisseurs de l'abbatiale n’avaient sans doute pas imaginé voir pousser des champignons dans ses sous-sols.
Dans la fraîcheur des caves, Karine Goron cultive des shiitakés et des pleurotes. Elle cherchait un lieu pour se lancer dans la myciculture, et entre ces murs, elle a trouvé des conditions idéales : "l'avantage de cultiver ici, c'est que toutes les conditions de température et d'hygrométrie sont réunies", se réjouit-elle. "On a entre 14 et 17 degrés en permanence, et à peu près 80 % d'humidité."
Des champignons "Made in Abbaye"
Chaque jour, elle récolte entre un et 15 kilos de ces champignons, en fonction du stade de pousse.
Karine Goron est la première à occuper une partie de ce bâtiment, situé au cœur de la ville. Un double avantage pour elle : son loyer mensuel est de 100 € et elle peut livrer certains clients à pied, comme le restaurant L'Atelier. Sa cuisinière, Claire Nerestan, s'enthousiasme de ces champignons bio, et en circuit court : "C’est très bien pour nous, ce sont des produits frais et des produits locaux au moins !"
Pour se verser un salaire, la productrice de champignons doit désormais doubler sa production.
Une nouvelle vie pour l'abbaye
L'opportunité est bonne pour l’agricultrice, mais aussi pour Stéphane Baudry, le maire de Saint-Maixent-l'Ecole. Il y a une dizaine d’années, la ville a hérité de cette abbaye, un cadeau encombrant de 6 000 mètres carré. Pendant près de 150 ans, l'ancien édifice religieux s'était converti en caserne militaire, mais depuis 2009, il était inoccupé : "Aujourd'hui, on a toute une infrastructure qui est une friche, qui ne sert plus depuis plus de vingt ans," déplore l'édile.
Il fait appel à une entreprise spécialisée dans l'urbanisme transitoire, une pratique qui consiste à occuper temporairement de lieux publics ou privés, en vue d'un aménagement plus pérenne. Le maire espère lancer un appel à manifestation auprès d'acteurs locaux dès le second semestre de 2023.
Différents projets sont envisagés, qu'il s'agisse d'espaces de travail, d'activités culturelles, ou encore de logements. Stéphane Baudry compte beaucoup sur la nouvelle vie de l'abbaye pour dynamiser son territoire : "Comment ce lieu-là, on le réactive, en mettant des activités et que ça fasse vivre notre centre-ville, ce lieu-là et que ça redonne de l'activité à notre territoire ?"