Avec des déchets locaux, ce méthaniseur situé dans le Bergeracois produit assez pour alimenter 1 800 foyers en gaz de ville. Une solution que la guerre en Ukraine rend de plus en plus rentable.
Le gaz naturel est en fait un combustible fossile, issus de la désagrégation d'organismes anciens. C'est un mélange gazeux d'hydrocarbures constitué principalement de méthane présent dans certaines roches poreuses et qui est extrait par forage.
Le gaz naturel est la troisième source d'énergie utilisée dans le monde, après le pétrole et le charbon. L'Europe importe 65% du gaz qu'elle consomme, en grande partie de Russie.
L'incontournable gaz russe
La Russie est l'un des deux principaux producteurs mondiaux (16,6 %) après les États-Unis (23,7 %). Ces deux pays étant aussi les plus gros consommateurs. Source de dépendance énergétique et de pression financière, le gaz russe est aussi l'un des enjeux de la guerre en Ukraine.
Dans ce contexte d'instabilité, le Biogaz ne représente pour l'instant que 2% de la consommation de gaz française. Un gaz méthane pourtant identique au gaz naturel, assez aisé à produire, renouvelable, et issu de ressources locales. La crise actuelle fait que le biogaz méthanisé commence à devenir aussi rentable que le gaz importé.
La biomasse, une richesse à exploiter
En Dordogne, si huit méthaniseurs produisent déjà du gaz à partir de lisier pour une utilisation locale dans certaines exploitations agricoles, Saint-Antoine de Breuilh près de Bergerac accueille le premier méthaniseur alimentant le réseau gaz de ville. Le sixième site français conçu par CVE, une société marseillaise spécialisée qui souhaite renouveler l'expérience près de Périgueux. Et qui envisage d'en implanter une soixantaine à travers toute la France d'ici la fin de la décennie.
17 000 tonnes = 1 800 foyers
Il fonctionne à partir de 17 000 tonnes de matières premières collectées dans un rayon n'excédant pas une heure de camion du site. Essentiellement les résidus de raisin issus des exploitations viticoles, des déchets de papeterie venus de Lalinde, et des résidus gras alimentaires. Autant de produits qui, digérés par des bactéries anaérobies (privées d'oxygène), comme dans un estomac de bovin, se transforme d'une part en méthane et d'autre part en résidu inerte utilisable comme fertilisant agricole.
De ces 17 000 tonnes, on extrait de quoi alimenter 1 800 foyers en gaz pendant un an. Des chiffres modestes pour atteindre l'autonomie énergétique, mais les potentiels sont énormes et encore inutilisés. CVE estime que l'on pourrait produire 30 à 40% des besoins en gaz européens avec une méthanisation généralisée.
Une demi-douzaine de projets similaires sont déjà à l'étude en Dordogne, et d'ici 2023, on pourrait compter une quinzaine de méthaniseurs publics ou privés dans le département.
Méthaniser en bonne intelligence
Reste bien sûr à travailler en bonne intelligence avec le voisinage qui, comme pour les éoliennes, ne se satisfait pas toujours de la proximité de ces installations. Un compromis à trouver pour éviter de continuer à foncer tête baissée dans le mur écologique en brûlant les énergies fossiles.
Produire votre gaz à domicile
Enfin, si l'expérience vous tente, vous pouvez fabriquer vous-même votre propre méthaniseur domestique. Il vous permettra de recycler vos déchets alimentaires, et de produire un gaz utilisable sur un réchaud ,en même temps qu'un engrais liquide pour le jardin... Vous trouverez de multiples exemples de réalisation de ces systèmes assez courants en inde ou en asie en tapant "biogas, biogaz ou méthaniseur individuel" dans un moteur de recherche.