Un projet d'urbanisation sur la rive gauche de Bergerac suscite la colère des riverains : un promoteur veut arracher 150 arbres sur les 400 d'une parcelle constructible, afin d'implanter des maisons et immeubles. Depuis presque deux ans, un collectif s'est monté pour s'opposer à la démarche, tandis que le maire veut lui aussi repousser ce projet.
C'est un bois entier qui pourrait bientôt disparaître, pour laisser place à du béton. Sur la rive gauche de Bergerac, un propriétaire souhaite vendre sa parcelle à un promoteur immobilier parisien, afin d'y construire une cinquantaine d'habitations, dont des logements sociaux. Si le projet aboutit, pas moins de 150 arbres devront être arrachés sur les 400 que compte le terrain, ce qui suscite la colère des riverains.
Un collectif, monté il y a presque deux ans, continue de s'opposer au projet et se réunit pour défendre la présence de ce bois, véritable "poumon vert" du quartier. "C'est une vraie richesse ! Il y a une flore et une faune incomparable, on voit les oiseaux qui se baladent, des chevreuils, des écureuils... Tout ça, c'est de la nature qu'il faut préserver", argumente Philippe Zerger, un des riverains et membre du collectif.
Une espèce d'oiseau protégé
Des chouettes hulottes, ou encore des chardonnerets élégants ont notamment élu domicile dans les arbres de cette parcelle. Cette espèce d’oiseau, aujourd’hui menacée, est inscrite depuis 2009 sur la liste des espèces intégralement protégées en France. Un argument que le collectif met en avant pour contester le projet d'urbanisation. Ils sont soutenus dans cette démarche par la SEPANSO (une fédération d’associations de protection de la nature et de l’environnement en Nouvelle-Aquitaine).
Des arguments qui ont déjà été entendus, et qui ont forcé le promoteur à modifier son projet plusieurs fois. Une nouvelle version du permis de construire est actuellement à l'étude, assortie d'une demande de nouveaux avis, notamment auprès de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) concernant la présence du chardonneret élégant.
C'est un endroit où on aurait préféré aménager un parc public. Monsieur le maire a plutôt un avis défavorable, il est prêt à refuser le projet.
Christian BordenaveDélégué à l'urbanisme à la mairie de Bergerac
Pour la mairie, la situation est ambivalente. "Aujourd'hui, on nous demande de construire en centre-ville, dans des milieux déjà urbanisés, avance Christian Bordenave, délégué municipal à l'urbanisme. Mais on ne va pas faire des immeubles à dix, quinze étages à Bergerac ! Il nous faut trouver un juste compromis."
Un compromis difficile à trouver, et qui oblige à se tourner vers des terrains vierges pour répondre à la demande. Une nécessité que ne contestent pas les membres du collectif. "Au contraire, il faut des logements ! Mais il faut aussi de la verdure pour protéger de la chaleur, produire de l'oxygène... C'est très dommage d'abattre des arbres sur cette parcelle, alors qu'il y a des terrains à côté où il n'y a aucune végétation", pointe Philippe Zerger.
Une réunion entre promoteur et riverains début janvier
Si le promoteur immobilier a proposé dans son projet de replanter de nouveaux arbres, pour Véronique Zerger, qui habite là depuis 35 ans avec son mari, ça ne sera jamais pareil. "Ça sera de petits arbres, je ne pense pas qu'ils deviendront aussi beaux que maintenant", déplore cette riveraine, qui pense aussi à protéger son cadre de vie. "On va avoir de la pollution, alors que c'est pour l'instant un endroit très agréable pour les gens qui habitent aux alentours, et surtout pour ceux qui n'ont pas forcément de terrain à disposition."
L'instruction du nouveau permis de construire devrait rendre son verdict début février, selon Christian Bordenave. D'ici là, les membres du collectif continueront de faire entendre leurs voix, pour défendre le "poumon vert" de leur quartier. Une réunion entre le promoteur et les riverains est également prévue pour début janvier, afin que chacun puisse donner son avis et faire part de ses inquiétudes.