Si le Premier Ministre Jean Castex confirme qu'il n'y aura pas de réouverture des cafés, bars et restaurants avant le 15 janvier 2021, certains professionnels savent déjà qu'ils n'y survivront pas.
Ce mois-ci, comment je vais faire pour payer mon loyer ? Thierry Bonavita s'emporte. Restaurateur à Bergerac, il n'a pas pu se résoudre à rester confiné à domicile, il vient donc former ses apprentis comme d'habitude, et fait de la vente à emporter, faute de mieux. Mais l'éventualité de reporter l'ouverture des bars, café et restaurants au 15 janvier prochain le fait fulminer.Toutes les lois qu'ils font, c'est confus ! On est au courant de rien, on ne sait pas si demain on va crever ou si on va pouvoir sortir la tête de l'eau. Je suis désemparé. Le peu que je fais, ça me paye une facture. Ce mois-ci, comment je fait pour payer mon loyer ??? Maintenant j'attends de l'État du concret... pour ne pas crever la gueule ouverte !
Un peu plus loin, rencontre avec Frédéric et Mathilde. Des jeunes gens dynamiques et heureux... mais pas vraiment chanceux. Ces employés en restauration ont décidé de lancer leur première propre affaire. Le projet est sur les rails en janvier, le local est loué 1 000 €uros mensuel en mars, et leur petit restaurant "les tabliers noirs" devait ouvrir deux mois plus tard, en mai 2020.
Premier os, l'ouverture est devenue impossible pour cause de confinement. Pas question de revenir sur le projet, ils ouvrent donc le premier octobre... pour 29 jours avant de baisser rideau pour cause de second confinement !
On avait envie de bosser, on avait envie d'ouvrir "notre bébé"... On a essayé d'ouvrir le plus rapidement possible, on a fait un super mois d'octobre, et puis après on nous a coupé les ailes !
Faute de mieux, Mathilde et Frédéric se rabattent eux aussi sur la vente à emporter. Pas vraiment leur métier, mais nécessité fait loi. Sauf que le restaurant n'est pas destiné à cela, et que l'opération est loin d'être rentable, car les charges restent les mêmes pour des commandes largement inférieures... Sur leur première semaine d'ouverture normale en octobre, ils avaient réalisé 6 000 €uros de chiffre d'affaires... contre 1 600 en vente à emporter.
Encore heureux qu'ils ne soient que deux à dépendre de l'activité. Eux acceptent de se sacrifier, ils vivent sur leurs réserves, il ne se versent pas de salaire depuis un an et demi, et ne touchent pas de chômage. Mais Mathilde l'avoue pudiquement : si ça dure jusqu'en février, ça va être très compliqué. Ils sont des centaines dans une situation similaire, voire pire. Très peu pensent que les aides seraient en mesure de les sauver s'ils doivent faire face à une nouvelle fermeture jusqu'en janvier 2021.La vente à emporter ça nous aide un peu. Mais c'est surtout pour limiter la casse, on va pas se mentir, c'est pour sauver les meubles.