C'est une victoire importante pour les opposants à la déviation de Beynac: ce vendredi 28 décembre, le Conseil d'État a demandé de suspendre l'arrêté préfectoral autorisant le chantier du contournement.
Quel soulagement pour les membre de la Sepanso Dordogne, l'association de défense de la Vallée de la Dordogne (ASVD) et La Demeure Historique ! Ils bénéficient d'un sursis: en effet, le Conseil d'État vient de demander la suspension de l'arrêté préfectoral autorisant les travaux du contournement de Beynac.
En effet, il juge que cet arrêté "a pour effet d'autoriser des travaux conduisant à la destruction de l'habitat d'espèces protégées et entraînant des conséquences irréversibles pour les individus de ces espèces."
Cette décision suit donc l'avis du rapporteur public rendu le jeudi 20 décembre, et donne enfin un début de victoire aux associations et collectifs qui défendent la vallée de la Dordogne depuis longtemps.
Réactions des associations
Pour Philippe d'Eaubonne, président le l'ASVD, ce succès servira aussi aux générations future :
C'est une victoire non seulement pour nous, mais aussi parce que je sens que nos enfants vont bénéficier de cette amélioration du cadre de vie.
La suspension de ce projet prouve aussi que ces associations ont un moyen de se faire entendre, comme l'explique Michel André, président de la Sepanso Dordogne :
Est-ce qu'on peut utiliser l'argent du contribuable de n'importe quelle manière ? Nous on dit non, surtout que cet argent est utilisé pour détruire ce qui existe.
Enfin, le référent départemental La République En Marche Dordogne Christophe Najem a lui aussi salué cette décision, en critiquant vivement le projet du président PS du département :
Elle valide le combat d’associations locales et de Périgourdins engagés contre un projet décidé par un seul homme, hors sol, et bien loin des enjeux essentiels que doit relever notre Département.
Vieille histoire
Beynac et son contournement, ça ne date pas d'hier... Cette histoire est vieille de 30 ans. Le projet, proposé par le Conseil général dès 1985, a pour objectif de construire une voie routière de 3,2 km et deux ponts pour désengorger le centre ville de la commune en période estivale. Mais dès 1990, il fait l'objet de vives critiques par les défenseurs de l'environnement. En effet, l'axe routier du contournement passe par l'une des vallées les plus touristiques du Périgord, et pourrait causer des dégâts irréversibles sur l'environnement.
De nombreux collectifs se sont opposés au projet au fil des années, dont le dernier en date, "Sauvons la vallée de la Dordogne", a été fondé en 2016. Le Conseil d'État avait alors déjà retoqué la demande d'annulation du contournement pour vice de forme dans la procédure d'expropriation.
Soutien de Stéphane Bern
Les opposants au projet avaient aussi reçu le soutien de Stéphane Bern une première fois fin 2017, où il dénonçait le "scandale écologique et économique" , puis en septembre 2018, il avait remis le couvert qualifiant l'initiateur du projet, Germinal Peiro, président PS du conseil départemental de "Ceauscecu de la Dordogne, amoureux du béton".Ce vendredi, l'animateur a posté un tweet montrant son soulagement quant à la décision du Conseil d'État :
Le @Conseil_Etat ordonne l’arrêt immédiat des travaux qui menacent de défigurer la vallée de la Dordogne par le contournement de #beynac imposés par @germinalpeiro Belle victoire des défenseurs du patrimoine @Sauvonslavallee @cddordogne @AsvDordogne @SO_Dordogne @Prefet24
— Stéphane Bern (@bernstephane) December 28, 2018
Le Conseil d'État renvoie le dossier de ce projet sur le fond au tribunal administratif de Bordeaux, qui devra statuer sur une annulation du projet. Normalement, celui-ci devrait suivre la décision de cette haute instance juridique.