"Le gouvernement abdique devant le baron socialiste" : le projet de déviation de Beynac est validé par le préfet, les opposants s'en remettent à la justice

Le préfet de Dordogne vient de signer un arrêté en faveur du projet de boucle multimodale, porté par le conseil départemental et son président, Germinal Peiro. Une décision qui sera “contestée” en justice, assure les opposants au projet.

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“Ce n’est pas une prise de position”. Lors d’une conférence de presse, tenue ce mardi 5 novembre, le préfet de la Dordogne, Jean-Sébastien Lamontagne, a annoncé qu’il avait signé un arrêté autorisant le début des travaux de la nouvelle version, déposée en juin, du contournement de Beynac. “C’est le résultat d’une instruction par les services de l’État en tenant compte du public, des collectivités et de tous les éléments qui conditionnent une autorisation environnementale”, a-t-il assuré.

Ce n'est pas à moi de dire que le projet est un bon ou mauvais. 

Jean-Sébastien Lamontagne,

Préfet de la Dordogne

Version modifiée

Depuis plus de 20 ans, le projet, porté par Germinal Peiro divise. Si d’un côté, de certains y voit l’amélioration de la sécurité publique ou l’accueil touristique, les opposants pointent du doigt la destruction d’une “zone Natura 2000”. 

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Retoqué à plusieurs reprises, jusqu’au Conseil d'État, le projet du contournement de Beynac était revenu, dans une nouvelle mouture nommée “boucle multimodale”, modifiée pour mieux respecter les contraintes environnementales. “Il comporte des éléments nouveaux et a changé d’échelle. Ce n’est plus seulement une déviation pour le trafic routier dans le centre de Beynac, mais un projet d’aménagement beaucoup plus globale de cette vallée, avec une mise à niveau de ses infrastructures”, indique le préfet du département.

Il me semble que les conditions sont réunies pour que le projet soit valable.

Jean-Sébastien Lamontagne,

Préfet de la Dordogne

Autre argument relevé par le préfet : l’adhésion des habitants et des élus locaux au nouveau projet. “L’enquête publique, qui s’est déroulée du 9 juillet au 9 août, a permis à la commission d’émettre un avis favorable. Selon elle, 78 % des personnes domiciliées en Dordogne qui se sont signalées sont en soutien du projet”, indique le préfet. Un chiffre presque similaire est brandi par les élus locaux : ils seraient 73,6 % en faveur du projet, selon Jean-Sébastien Lamontagne.

Au cœur des annulations de la première version, la question des espèces protégées serait, selon le préfet, réglée. Les trois conditions qui permettent de déroger à la présence d’espèces protégées encadrée par le Code de l’environnement seraient en effet remplies. “Aucune des six variantes examinées n’est satisfaisante, des mesures de compensation sont proposées pour restaurer la préservation des espèces et la raison impérative d’intérêt public majeur, de sécurité publique et de développement économique est justifiée”, liste le préfet.

Décision "contestée" en justice

Pour autant, cet arrêté est loin d’acter le début des travaux. “Le délai de recours est de deux mois à partir de la signature de l’arrêté”, rappelle Jean-Sébastien Lamontagne. Des outils dont vont s’emparer à coup sûr les opposants au projet. Dans un communiqué, la Sepanso, Patrimoine Environnement, et l’ASVD ont annoncé le “contester en justice”. “La Cour d'appel et le Conseil d'État ont déjà jugé plusieurs fois que la déviation de Beynac n’était pas régularisable au regard du droit à l’environnement, elle est et demeurera inévitablement illégale”, indiquent-ils. 

Ils accusent l’e gouvernement d’avoir “abdiqué” face au Conseil départemental et son président Germinal Peiro, qualifié de "baron socialiste".“Il est évident que si un citoyen « ordinaire » porteur d’un projet quelconque revenait devant l’administration pour solliciter une autorisation contraire à six décisions de justice définitives, il se verrait éconduit”, rappelle Gérard Chollois, président de la Sepanso de Dordogne. 

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Le président de la Sepanso assure donc déjà repartir sur le terrain judiciaire en espérant que le juge tranchera une nouvelle fois. “Ce qui a été jugé illégal, le sera de nouveau”, estiment les avocats de la Sepanso et de l’ASVD. Pour les opposants, le projet est en effet à “98 % le même” que sa première version retoquée.

Situés en zone Natura 2000, les travaux de la première version du projet avaient débuté en mars 2018 avant d’être arrêtés puis condamnés à être détruits sur ordonnance de justice. Le Conseil départemental, qui avait alors refusé d’appliquer ces décisions, a été lourdement condamné, le mardi 16 avril, par la Cour administrative d’appel de Bordeaux à verser 5 000 euros d’astreinte par jour, soit 1 433 000 euros au total.

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