Le département de la Dordogne a planché sur un nouveau projet de contournement de Beynac et de création de "pôle multi-modal" après l'annulation de travaux par la justice. Le dossier enflamme les esprits locaux depuis trente ans.
Le projet de contournement de Beynac, près de Sarlat, dans le sud-est de la Dordogne est relancé. Une information révélée par Sud-Ouest sur laquelle est revenu ce lundi 12 juin, Germinal Peiro, président socialiste du conseil départemental. L'élu a envoyé le 24 mai au préfet une "déclaration d'intention", étape obligatoire avant le dépôt proprement dit du nouveau projet de contournement de Beynac.
Depuis les années 1990, sur fond de rivalités politiques anciennes, anti et pro-déviation s'affrontent sur l'opportunité de contourner ce village de 500 habitants. Classé parmi les plus beaux de France, il est aussi très prisé des touristes, avec son château médiéval perché sur une falaise dominant la Dordogne.
Les partisans disent vouloir désengorger et sécuriser Beynac tandis que les opposants, soutenus notamment par l'animateur de télévision Stéphane Bern, affirment défendre le site et l'environnement.
Nouveau projet
Le nouveau projet ne concerne pas que Beynac selon Germinal Peiro. Le président imagine plus d'infrastructures pour l'accueil des touristes dans le secteur.
Il faut toujours éviter la circulation des gros gabarits dans Beynac. Mais le nouveau projet concerne aussi les communes autour avec la création d'un pôle multi-modal.
Germinal Peiro, président du département de la DordogneA France 3 Périgords
"On est dans le tourisme du 21e siècle. Avec plus de déplacements doux. Avec ce pôle, on veut aussi rouvrir la gare de Castelnaud. Et on aura des navettes électriques pour desservir les châteaux de Castelnaud, de Marqueyssac, de Beynac et des Milandes. Ce qui a représenté 800 000 entrées payantes en 2022, soit le double de la Cité du vin à Bordeaux. On voudrait aussi créer une voie verte" précise Germinal Peiro.
Le Conseil départemental de Dordogne était déterminé jusqu'à présent à réaliser un contournement routier d'environ trois kilomètres. Le chantier avait débuté en 2018 avant d'être annulé juridiquement. Mais les piles de pont construites dans le lit de la rivière, que la future déviation devait enjamber, sont toujours là.
La justice a ordonné la démolition du chantier en juillet 2022 et celle-ci aurait dû commencer en janvier 2023 sous peines de pénalités financières, mais rien n'a bougé depuis et la collectivité propose d'utiliser les infrastructures construites.
Pénalités ?
"Notre projet va permettre d'éviter un gaspillage éhonté d'argent public. Ça serait de la folie que de gaspiller 26 millions d'euros en démolissant ce qui a été fait, ce qui coûterait d'ailleurs 15 millions en destruction", ajoute le président.
Le Département a provisionné dans son budget 2023 de quoi payer une année d'astreintes, soit environ 1,5 million d'euros. "J'espère que nous n'aurons pas à le faire si notre nouveau projet est déclaré recevable", avait dit l'ancien député en janvier 2023.
Une audience aura lieu le 20 juin à la cour administrative d'appel de Bordeaux, pour non respect de l'application des astreintes.
La déclaration d'intention est désormais consultable sur le site du Département et sur celui de la préfecture, pour une durée de deux mois. Nul doute qu'elle va encore alimenter les conversations en Périgord cet été.
avec AFP.