Ils se sont organisés pendant le week-end et ont tenu le piquet de grève devant leur lycée à côté des professeurs et des syndicalistes. Une cinquantaine de lycéens de Pré de Cordy à Sarlat font partie de ces jeunes qui semblent à nouveau mobilisés par les enjeux de société du moment
Il n'y a pas que la retraite, il y a la Service National Universel, le droit des femmes, et bien sûr les revendications propres aux étudiants comme le logement, le prix du repas au CROUS, les classes surchargées et le manque de moyens.
Une réforme des retraites détonateur
N'empêche, il semble bien que le projet de réforme des retraites n'ait pas laissé la jeunesse, d'ordinaire si peu mobilisée, indifférente. À Sarlat, les lycéens se sont organisés pendant le week-end pour se retrouver, ce mardi 7 mars, devant les grilles de leur établissement. Distribution de tracts, bouche-à-oreille, et au final une surprise, même pour les initiateurs du mouvement, beaucoup de leurs camarades ont suivi. Ils sont une cinquantaine sur le piquet de grève depuis hier mardi, autant que leurs professeurs, toujours en grève ce jour, et soutenus par des syndicalistes. À Sarlat, ça commence à se voir.
Détermination
Certains ont passé la nuit sur place, dans un campement de fortune fait de palettes, de bâches et de vieux canapés, d'autres les relaient, et aujourd'hui, ils comptent bien faire durer le mouvement autant que nécessaire. Comme le dit Alban, l'un des organisateurs, "on va rester jusqu'à ce que ça change, plus on reste longtemps, plus ça fait parler les gens, plus les gens ont de l'engouement pour ça". Près de là, un manifestant confirme : "À Sarlat, vous avez même ému des gens. Bah oui, de vous voir mobilisés pour la retraite, des jeunes !".
Un peu plus loin, c'est Julot, en première année, qui confirme la détermination des jeunes avec une maîtrise du langage digne d'un syndicaliste blanchi sous le harnais.
Notre but ici, c'est surtout de manifester une présence et d'exprimer la voix des jeunes, de montrer qu'on est présents, qu'on a un impact, et qu'on a aussi des choses à dire ! [...] C'est vrai qu'on est quand même un peu snobés par pas mal d'élèves qui veulent aller en cours. On a mal choisi notre moment parce qu'il y a les bacs et les épreuves qui approchent, mais on sent quand même qu'il y a beaucoup de jeunes qui aiment l'ambiance, qui sont assez d'accord avec les questions. Notamment les questions féministes. Après des jeunes, c'est très impactant. Du coup, on sent quand même un engagement, et notre nombre grandit.
Julot, étudiant en première année d'études supérieures
À l'épreuve du temps
Bref, ce n'était pas vraiment le but ni la meilleure des circonstances, mais le projet de réforme de la retraite aura au moins eu le mérite de réveiller une certaine conscience politique chez des jeunes jusque-là plutôt absents des grands débats sur les enjeux de société. Reste à savoir s'il s'agit d'un épiphénomène passager ou d'une prise de conscience plus générale. La période devrait offrir sans doute malheureusement quelques autres occasions aux lycéens de s'exprimer dans les mois qui viennent, s'ils le souhaitent.