C'est l'un des paradoxes de ce troisième confinement. L'hôtellerie de plein air peut ouvrir mais, avec l'interdiction de se déplacer au-delà de 10 kms, les clients seront très rares. Or, la Dordogne est habituellement très prisée pour les vacances de Pâques.
Ils l'espéraient cette réouverture ! Mais pas dans ces conditions. L'an dernier déjà, leur saison avait été tronquée par une fermeture administrative jusqu'au début du mois de juin. L'été avait été exceptionnel. Mais pas assez pour compenser les pertes sur l'année. Les campings avaient enregistré 22% de nuitées en moins comparé à 2019.
Ces vacances de Pâques étaient l'occasion de se relancer. D'autant que le département, très rural est apprécié des touristes à cette époque de l'année et que certains établissements dépassent les 80% de réservation sur les trois zones de vacances scolaires. Mais mercredi soir, le chef de l'Etat a douché leurs espoirs et jeté un peu de confusion.
Oui les campings peuvent ouvrir mais sans pouvoir ouvrir leurs bars, restaurants et piscine. Passe encore. Le problème c'est que leurs clients, eux, ne sont pas autorisés à se déplacer au-delà de 10 kms autour de leur domicile.
Alors les propriétaires de camping devront se contenter de la clientèle de proximité et, éventuellement, d'amoureux du calme qui acceptent de passer les quatre semaines de confinement au camping et qui auront profité de la tolérance accordée ce week-end pour rejoindre leur lieu de villégiature.
Christophe Cortes loue 90 emplacements dans le Périgord Noir à Thenon, à 40 km de Périgueux. Depuis mercredi soir, jour de l'annonce présidentielle, il reçoit coups de fil et mails d'habitués désappointés.
En Dordogne on est très nature. Ce n'est pas la foule qui les intéresse. C’est le calme. Le repos et c’est ce qui leur fait le plus grand mal en ce moment. Et à nous aussi. Ça fait six, sept mois qu'ils n‘ont pas bougé. Ils avaient vraiment besoin de sortir de chez eux, de bouger. On a le droit d’ouvrir mais les clients n’ont pas le droit de venir.
Avec 3 700 000 nuitées par an et 200 établissements, l'hôtellerie de plein air est un poids lourd du tourisme en Dordogne. Elle représente 30% dans les revenus touristiques du département. La profession a traversé la crise sanitaire, soutenue comme d'autres secteurs par les aides gouvernementales.
Mais pour Stéphane Mottier, propriétaire du camping de la Pelonie sur la commune de Bassillac-et-Auberoche et président du Syndicat de l'Hôtellerie de plein air en Dordogne, enchaîner sur une deuxième année est compliqué.
L’an dernier, des mesures exceptionnelles ont été mises en place avec, notamment, les partenaires bancaires et des reports de prêts et de charges qui ne sont pas prévus cette année. C’est quand même une interrogation pour certains établissements. On est là pour faire notre métier. Ouvrir, c’est continuer la dynamique de sa structure mais il manque de la lisibilité et les contraintes s’accumulent.
La profession table sur une "vraie" ouverture en mai et ne veut surtout pas devoir attendre, comme l'an dernier, l'ultime limite de la haute saison.
Le département affiche déjà son ambition :
Le poids du tourisme est très important dans l’économie de la Dordogne, c’est pourquoi nous refaisons le pari de la promotion de la destination Dordogne-Périgord pour attirer toujours plus de visiteurs. #ambition https://t.co/3niGcKXWMj
— Germinal Peiro (@germinalpeiro) February 23, 2021