Coronavirus dans les abattoirs : ce qui fait la différence dans la petite structure de Bergerac

Le coronavirus dans les abattoirs, c'est le souci inattendu du moment. La Confédération Paysanne estime les abattoirs industriels "incompatibles" avec les mesures sanitaires exigées. Le petit abattoir municipal de Bergerac semble prouver que les petites structures sont effectivement mieux adaptées

Âmes sensibles s'abstenir. Pénétrer dans un abattoir, c'est forcément se retrouver confronté à des images peu ragoûtantes.

L'abattoir de Bergerac qui a subi en janvier dernier un important incendie (voir articles ci-dessous) produit chaque année 6 000 tonnes de viande, essentiellement des porcs, puis des agneaux, des vaches et, enfin, des veaux.Une quarantaine de personnes y travaillent. Ces chiffres peuvent vous paraître conséquents, mais il s'agit en fait d'un "petit" abattoir municipal. À titre de comparaison, le plus gros abattoir de Dordogne, la Sobeval, produit 4 fois plus de viande à l'année. Elle abat 3 400 veaux chaque semaine, 50 fois plus qu'à Bergerac. Et la Sobeval n'est elle-même qu'un abattoir de taille moyenne. 

À petit abattoir, clientèle et rayonnement limités

À Bergerac, ce sont les producteurs locaux qui sont les fournisseurs. Ici, c'est le circuit court, pas de grandes distances à bord de camions de bestiaux d'un côté, et de camions réfrigérés de l'autre. Les animaux élevés dans le bergeracois sont abattus localement, et la viande est commercialisée alentours, pour les consommateurs des environs. Peu de flux, donc moins de risque de propager ou de voir arriver un éventuel virus.

Peu de transformation sur place

Dans cet abattoir, on fait essentiellement... de l'abattage. Contrairement à certains abattoirs industriels où l'animal entré sur pattes d'un côté ressort en barquettes, saucisses, filets, voire plats préparés de l'autre, ce petit abattoir fournit de la viande "brute" à des détaillants. Du coup, moins de concentration de personnels et d'échanges interpersonnels. L'activité étant moins spécialisée, les rythmes de travail sont également moins soutenus que dans des abattoirs industriels et permettent au personnel d'être plus attentifs à leur sécurité.

Une structure mieux adaptée au contrôle

Autre avantage, la place. Ici les locaux n'ont pas été "optimisés" en postes de travail collés les uns des autres. Les personnels ont largement de quoi respecter les 2 mètres de distance de sécurité. En tant que structure municipale, et pour une activité alimentaire qui a continué à fonctionner pendant le confinement, tous les agents ont été équipés en masques et gel hydroalcoolique dès le début de la crise.  Les vêtements de travail sont changés et désinfectés chaque jour.

Ici l'hygiène doit constamment être surveillée, et les personnels déjà formés à d'autres protocoles exigeants, ont bénéficié d'une information spécifique supplémentaire.

Un système de production plus résilient

Autant de facteurs qui semblent donner raison à la Confédération Paysanne, syndicat agricole traditionnellement proche des petits producteurs. Elle prône depuis des années le maintien des petits abattoirs locaux face aux gros complexes industriels qui les font disparaître peu à peu. L'arrivée inquiétante du Coronavirus dans ce qu'elle appelle ces "immenses usines" lui apporte un argument de poids pour une relance de ces abattoirs "locaux ou mobiles, qui sont et seront indispensables à la pérennité des activités d’élevage, respectueux des travailleur.euse.s. et source de dynamisme dans les campagnes". Et d'ajouter que "la relocalisation des outils de transformation est l’un des passages obligés pour la construction d’un système de production plus résilient, notamment face aux imprévus et catastrophes sanitaires". À bon entendeur...
 
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