Le coup le filet dans la mouvance d'ultragauche a permis d'interpeller et mettre en examen sept personnes pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle, dont deux hommes d'une trentaine d'années dans un gîte à Cubjac prés de Périgueux, en Dordogne.
Pour les habitants de la petite commune de 730 habitants, c'est l'incompréhension. Nul ne pouvait se douter des intentions des "locataires" qui allaient et venaient dans ce gîte de Cubjac.
Deux hommes de 30 et 31 ans ont été interpellés mardi matin, 8 décembre 2020, lors d'une perquisition au petit matin, des services de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). D'après nos informations, ils font parties des sept personnes mises en examen par le parquet national anti-terroriste, pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle. Ils sont soupçonnés de se préparer à une action violente.
Le maire de Cubjac-Auvézère-Val d'Ans, Michel Raynaud, ne sait quoi penser, car l'un des deux hommes interpellés était également devenu un de ses employés... dans son entreprise de taille de pierres, à Limeyrat.
"Y'en a un qui travaille chez moi, dans mon entreprise, depuis deux mois, mais qui avait des papiers tout à fait en règle... Et en plus qui travaillait bien ! On a en effet été étonné, mardi, de ne pas le voir prendre son poste de travail... Et pour cause ! Il avait été interpellé le matin à 6 heures... Je ne sais pas s'il a été mis en liberté ou sous contrôle judiciaire.. On ne sait pas".
Regardez le reportage d'Alexandre Malesson et Pascal Tinon.
Soupçonnés de préparer une action violente
C'est en tout sept membres de l'ultragauche soupçonnés d'avoir voulu préparer une action violente ont été mis en examen vendredi pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a requis le placement en détention provisoire pour six de ces personnes, qui étaient en cours de présentation vendredi soir à un juge des libertés et de la détention.
Selon la source judiciaire, qui confirmait une information de BFMTV, neuf personnes avaient été interpellées mardi en région parisienne, dans l'agglomération toulousaine, en Dordogne et en Ille-et-Vilaine, et placées en garde à vue dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en avril. Deux d'entre elles ont été remises en liberté sans poursuite à ce stade. Les sept personnes mises en examen sont six hommes et une femme, âgés de 30 à 36 ans.
Des armes et des produits pouvant entrer dans la composition d'engins explosifs ont été retrouvés lors de perquisitions, selon une source proche du dossier.
Selon une autre source proche du dossier, confirmant une information de BFMTV, un des suspects, Florian D., a combattu au côté des Kurdes au Rojava, une zone kurde autoproclamée autonome dans le nord-est de la Syrie. Considéré comme le "meneur", il est "ancré dans une idéologie prônant la révolution".
Avant cette affaire, la dernière saisine connue de la justice antiterroriste pour des faits liés à l'ultragauche remonte à l'affaire de Tarnac en 2008, pour des soupçons de sabotage de lignes TGV. Mais les qualifications terroristes, objet d'un âpre débat, avaient été abandonnées par la justice avant le procès.
Fin 2017, la revendication par des groupes d'ultragauche de trois incendies de casernes de gendarmerie avaient suscité des déclarations inquiètes de l'exécutif sur une possible résurgence de velléités terroristes de cette mouvance.
Début 2020, le procureur de Grenoble avait demandé, en vain, au parquet antiterroriste de se saisir des actions revendiquées par l'ultragauche, une quinzaine d'incendies dans sa région commis en trois ans visant la gendarmerie et différentes institutions (mairie, église, services publics).