C'est un couac de plus dans l'interminable feuilleton de la gestion du Covid-19. Pour alimenter les pharmacies, et faute de doses suffisantes, la Direction Générale de la Santé a privé les médecins généralistes des vaccins qu'ils attendaient. Au dernier moment.
Les rendez-vous s'accumulaient déjà sur les agendas des médecins généralistes. La semaine prochaine, leurs patients devaient venir se faire vacciner chez eux. Sauf que, faute de stock suffisant, la Direction Générale de la Santé a préféré servir les pharmacies en priorité. Une décision de dernière minute, notifiée via un mail "urgent" envoyé dimanche soir aux praticiens, à qui il est donc impossible de passer de nouvelles commandes cette semaine.
"La commande de la semaine du 8 mars (pour livraison la semaine du 15 mars) est exceptionnellement ouverte aux seules officines en raison du faible nombre de doses livré par le laboratoire AstraZeneca pour la semaine en question."
Un moment mal choisi
Une décision qui pourrait peut-être s'entendre, si la situation n'était déjà pas si tendue. Les médecins y voient une politique du "deux poids, deux mesures" qui risque de semer la discorde entre deux corps de métier aux contours bien définis qui travaillaient main dans la main, y compris ces derniers temps au plus fort de la crise. Pire, cela risque de rajouter de la confusion et de la tension. Alors que la France peine à vacciner, les patients déjà perturbés par le contexte risquent d'être encore plus décontenancés, en constatant une fois de plus le décalage grandissant entre le discours qui pousse à se faire vacciner, et la réalité qui montre le manque de vaccins.
Les médecins, devenus simples prescripteurs ?
Alors qu'ils ont joué le jeu jusque-là (y compris en s'organisant avec les pharmaciens), les libéraux se sentent trahis par ce choix de la DGS. Certes, les médecins qui ont des doses de vaccin Pfizer et Moderna peuvent encore vacciner, mais ils s'étaient organisés pour caler des rendez-vous avec leurs patients pour cette semaine et la semaine prochaine, en comptant sur les doses d'Astrazeneca. Annuler, puis reprendre ces rendez-vous, c'est multiplier le travail par trois.
C'est à la fois un manque de lisibilité et de clarté pour les patients, et c'est un irrespect total pour les professionnels de santé et en particulier les médecins !
Interlocuteurs privilégiés face à des patients qui leur font confiance, ils doivent de plus assumer une nouvelle incohérence : ils peuvent établir une prescription, mais la semaine prochaine, ils seront privés de l'acte de soin consécutif qui devrait être de leur ressort. Cette vaccination se fera dans les pharmacies dont le rôle se limite normalement à la délivrance des produits prescrits.
La colère est telle que syndicat de médecins MG France demande la démission du Directeur Général de la Santé, Jérôme Salomon
On s'est tu jusqu'à maintenant, maintenant on demande la démission de Mr Jérôme Salomon pour pouvoir partir sur d'autres bases et aller au bout de ce projet de vaccination de la population française !
On est sur le pont depuis maintenant un an avec nos moyens, et on continuera d'être là, mais c'est vrai que ces changements de cap, et cette communication qui fait porter le chapeau à nous, médecins généralistes et à tous les soignants, c'est pas acceptable et ça ne peut pas continuer comme ça !