En Dordogne, les sacs noirs sont enterrés, un choix, qui coûte de plus en plus cher à la collectivité.
C’est un ensemble de 33 hectares situé au milieu des bois sur la commune de Saint-Laurent-des-Hommes, près de Mussidan, à l’ouest du département.
Par endroits c’est assez champêtre, avec des moutons qui broutent paisiblement. Ce sont les zones déjà exploitées (16 ha sur les 33), où le sous-sol est rempli d’ordures.
80% des déchets ménagers de Dordogne
Là où l’activité bat son plein, c’est moins charmant. Un gigantesque champ de poubelles, avec une odeur forte, des mouettes guettant de quoi se repaître, et un compacteur, un engin avec de grosses roues, qui passe et repasse sur ce tapis d’ordures, pour tout bien tasser et maximiser l’espace disponible.
Une vingtaine de camions déchargent chaque jour les sacs poubelle noirs.
Cela représente un total de 75 000 tonnes d’ordures par an pour ce site, soit 80% des déchets ménagers de Dordogne (hors recyclage).
Production d’électricité
Une fois enterrées, les poubelles pendant quelques années vont fermenter et produire du biogaz. Une énergie, qui est récupérée, et permet la production d’électricité via une unité de valorisation. 7600 MWh, ce qui correspond à la consommation de 2600 personnes.
Par rapport, à la décharge d’origine, ouverte en 1975, le site a bien évolué. Le traitement des ordures est plus respectueux de l’environnement et plus technique aussi.
Par exemple, le fond des casiers de 22 mètres de profondeur, où sont accumulées les ordures, sont étanchéifiés. Cela pour éviter que le lixiviat, le jus de poubelle, ne pollue le sol.
Autre innovation, l’installation cette année d’un parc de 5 ha de panneaux photovoltaïques. De quoi alimenter 10 000 personnes.
Une taxe qui pèse sur le coût de l'enfouissement
Malgré ces efforts pour valoriser les ordures et le site, l’enfouissement des poubelles devient problématique pour le SMD3, le syndicat mixte départemental des déchets de Dordogne.
En cause, l’augmentation de la TGAP, la taxe générale sur les activités polluantes. Le taux de cette taxe va augmenter en flèche pour ce qui concerne les déchets enfouis.
« On était à 10 euros la tonne, il y a encore quelque temps. On va passer en 2025 à 65 euros la tonne ».
Pascal Protano, président du SMD3
Cette évolution à la hausse a entraîné pour 2022 un surcoût de 1,2 millions d’euros pour l’organisme. Une somme qu’il a récupéré en jouant notamment sur la taxe sur les ordures ménagères (TEOM), incluse dans la taxe foncière.
Cette pression financière, qui ne va pas faiblir, va se répercuter bientôt dans la redevance incitative, qui va remplacer en 2023 la TEOM.
C’est cela qui explique les tarifs élevés, 245 euros en moyenne par foyer, de cette future redevance. Plus 5 euros, par sac supplémentaire, si vous dépasser votre forfait de collecte.
La redevance incitative
Désormais, chaque foyer recevra une facture pour ses poubelles, les sacs noirs uniquement, comptabilisés soit via des bacs pucés, soit via une carte ouvrant les bornes des points d’apport volontaire.
Ces chiffres ont suscité la colère parmi les Périgourdins. Certains craignent de ne pas être en mesure d’acquitter cette facture.
Un incinérateur
Devant l’inflation de ses coûts, le SMD3 réfléchit quant à lui à un changement dans son mode de traitement des ordures. Et pourquoi pas un incinérateur ?
La TGAP est plus faible pour les ordures incinérées.
« Maintenant il y a des incinérateurs, qui se trouvent en plein cœur de ville, avec des filtres vraiment efficaces. Je pense qu’il va falloir y penser très rapidement. »
Pascal Protano
Sauf qu’il y a quelques années, un projet d’incinérateur avait suscité un mouvement d’hostilité, des manifestations. Le projet avait été abandonné.
Un effort obligatoire sur le tri
Incinérateur ou pas. Ce qui est certain c’est que plus que jamais les Périgourdins devront faire un effort sur le tri de leurs déchets afin de réduire au maximum le nombre de leurs sacs noirs.
Il y a de la marge dans ce domaine.
Lorsque l’on observe ce qui est déchargé à Saint-Laurent-des-Hommes, on remarque de nombreux déchets qui pourraient être valorisés et orientés dans des filières de recyclage.
Un matelas ou un cageot en plastique n’ont rien à faire sous terre.