Deux millions de femmes en France n'ont pas ou peu accès, pour une raison financière, à un besoin élémentaire d'hygiène : l'accès à des protections périodiques. Le problème reste très tabou. La ville de Périgueux en Dordogne a décidé d'évoquer publiquement cette question en proposant des points de distribution gratuits à la médiathèque.
S'emparer d'un sujet encore tabou, c'est l'objectif de la médiathèque Pierre Fanlac à Périgueux. Aidée par la mairie, elle vient d'installer deux distributeurs gratuits de protections périodiques, dans les toilettes. Ce sont des présentoirs en carton bien visibles dans un premier temps, puis un mobilier plus discret sera installé quand l'information sera passée. Et comme le sujet est l'affaire de toutes et tous, un point de collecte est également présent à l'entrée de la bibliothèque, pour alimenter en dons les distributeurs.
Des lieux ouverts à tous les publics
La cause est importante, mais éloignée de la mission culturelle d'une médiathèque, diront certains. Ce n'est pas l'avis de l'équipe qui travaille sur le site. Les espaces sont ouverts à tous les publics, sans nécessité d'un abonnement (hormis pour emprunter des documents), trois grands établissements scolaires se trouvent à proximité. C'est un lieu où l'on vient se poser, réviser, ou aller tout simplement aux toilettes sans se justifier, explique la chargée des publiques de la médiathèque.
Faire disparaître le tabou des règles
A l'occasion du lancement de l'opération, un court métrage réalisé par trois lycéennes (Margaux Sérol, Auriane Sauvinet, Eva Mangin), intitulé "Rouge Sang", a été projeté. Il évoque justement le tabou des règles qui court jusqu'au sein des familles, créant une précarité menstruelle pas seulement financière, mais aussi causée par les non-dits. Le film a été primé par France Télévisions.
La précarité menstruelle concerne deux millions de femmes en France. Un progrès a été fait en 2021 avec la mise à disposition gratuite de protections hygiéniques pour les étudiantes, sur les campus. Reste le sort des adolescentes et des femmes plus âgées en fragilité financière ou sociale.
Le reportage de Vanessa Fize et Pascal Tinon :