Règles douloureuses : un congé menstruel expérimenté dans une entreprise près de Toulouse

Une entreprise de mobilier située à Labège, en banlieue de Toulouse, vient de mettre en place le congé menstruel pour ses salariées. L’idée : donner la possibilité aux femmes de l’entreprise de bénéficier d’un jour de congé supplémentaire par mois, si elles en ressentent le besoin lorsqu’elles ont leurs règles.

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« On s’est rendu compte que certaines femmes de l’entreprise devaient poser des congés payés les jours de leur règles parce que c’était trop douloureux, et on a trouvé que c’était injuste, tout simplement », explique Manu Jean. Ce jeune ébéniste de la start-up Louis, fabriquant des meubles en bois, est à l’origine du congé menstruel dans son entreprise.

Mis en place le 8 mars dernier, date symbolique de la journée des droits des femmes, le principe du congé menstruel est simple : permettre aux femmes de la start-up de poser un jour de congé payé supplémentaire par mois au moment de leurs règles. Encore très peu répandu en France, il n'est mis en place que dans quelques entreprises, comme à La Collective, une Scoop située à Montpellier. 

Un dispositif "rassurant" pour certaines, "essentiel" pour d'autres

Une idée qui a fait l’unanimité dans l’entreprise, notamment dans l’équipe d’ébénistes, composée à près de 50 % de femmes.

Parmi elles, Jessica Lhez, n’a pas encore utilisé ce congé menstruel, mais savoir qu’elle a la possibilité de le faire la rassure. « On est debout toute la journée, on porte des charges lourdes, et quand on a nos règles on peut être fatiguées, on va moins vite on est moins concentrées. Parfois il vaut peut-être mieux poser un jour de congé pour bien se reposer et revenir le lendemain plus efficace », analyse la jeune femme.  

Pour l’instant je n’ai pas utilisé le congé menstruel, mais je pense que je pourrais en avoir besoin un jour. De savoir que, si je ne suis vraiment pas bien à cause de mes règles, je peux prévenir la veille et me reposer une journée, c’est un soulagement.

Jessica Lhez, ébéniste

Pour une autre employée qui a des règles très douloureuses et qui posait régulièrement des jours pour rentrer chez elle se reposer, la mesure lui permet de ne plus se retrouver avec deux fois moins de congés que ses collègues à la fin de l'année. 

Mieux prévoir les absences et lever le tabou des règles

La mesure est en phase d’expérimentation durant un an, mais les dirigeants de Louis comptent bien la pérenniser, notamment parce qu’elle permet d’anticiper les absences.

« D’un côté, ça peut avoir un impact important sur le confort et le bien-être de nos salariées, et de l’autre côté, ça peut permettre une meilleure organisation au sein de l’entreprise parce que le fait de pouvoir prévoir quand une personne est absente, c’est très important dans la production », explique Thomas Devineaux, l’un des dirigeants de la start-up.

Depuis qu’on a parlé de tout ça dans l’entreprise, j’ai l’impression que le tabou des règles est levé. Quand les femmes ont leurs règles et se sentent mal, elles le disent clairement et tout le monde l’accepte. Il n’y a ni jugement, ni moquerie et ça fait du bien.

Manu Jean, ébéniste

Un risque d'augmentation des discriminations à l'embauche ?

Pour la sage-femme toulousaine Anne-Laure Cassard, le congé menstruel est une bonne chose : « Ce qui provoque les douleurs durant les règles, ce sont les contractions de l’utérus qui peuvent parfois être très violentes. On peut avoir des douleurs dans le bas ventre, dans le dos, des maux de tête, une fatigue intense … Les règles peuvent clairement entraîner une invalidité au travail pour certaines personnes menstruées ».

Mais la sage-femme émet des réserves quant à la généralisation du congé menstruel. « L’idée en elle-même est positive, elle pourrait montrer qu’on prend en compte la douleur des femmes, ce qui n’est pas rien. Mais on remarque déjà des discriminations à l’embauche : à compétences égales, certains employeurs hésitent encore à embaucher une femme parce qu’ils projettent des grossesses qui entrainent des absences. Alors si les femmes ont des jours de congé en plus, les discriminations pourraient s’accroitre ou elles pourraient être poussées à ne pas les utiliser », détaille la soignante

L’exemple du Japon, premier pays à avoir mis en place le congé menstruel en 1947, semble aller dans le sens de cet argument. Si 26 % des Japonaises ont utilisé ce congé en 1965, elles étaient moins de 1 % à oser le faire en 2016, par peur des stigmatisations ou discriminations.

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