A Allas-les-Mines dans le Périgord Noir, Titouan a restauré avec son grand-père une curieuse automobile. Une semaine de travail pour pouvoir piloter une machine inspirée des premiers véhicules de course.
Le confinement a donné lieu à un beau moment de partage et de transmission à Allas-les-Mines dans la famille Boom.
En triant des photos, Titouan, 12 ans, a découvert l’existence d’une curieuse automobile. Un engin en forme de cigare conçu par son grand-père Michel en 1993 et depuis remisé au fin fond d’un hangar. Fasciné, l’enfant demande à voir.
Mais chez les Boom, on ne part pas comme ça au quart de tour. « Je pars du principe qu’un coup de tête, ça passe vite », explique Michel. « Les enfants, ça change vite d’avis. Il a fallu qu’il insiste ».
« On n’a rien sans rien », précise Christelle Boom, fille de Michel et maman de Titouan. La famille a sa loi. Titouan a dû gentiment s’y plier, comme un rite de passage.
En guise d’épreuve, pour tester sa volonté, les adultes lui ont demandé de sculpter un panneau de 3 mètres afin qu’on y lise le mot musée.
Vous l’avez compris, nous ne sommes pas chez n’importe qui !
Les Boom sont à la tête d’un musée à Allas-les-Mines, sur l’emplacement d’une ancienne usine à chaux. Le musée de la Rue du temps qui passe, reconstitution d’une rue de 1900 avec ses différents commerces. Ouvert depuis 2017, le musée se visite à nouveau depuis ce lundi de déconfinement.
Mais revenons à Titouan. Comme demandé par sa famille, il a sculpté le panneau de bois. Son grand-père l’a alors conduit jusqu’au lieu où reposait la fameuse voiture.
« Il avait des yeux émerveillés, c’était extraordinaire ». Elle n’était pourtant plus bien belle.
Recouverte d’une couche de polyuréthane suite à une fantaisie du grand-père. La voiture avait été transformée en une gigantesque pierre, afin d’être tirée par des hommes des cavernes lors d’une fête de village.
Un gros travail de décrassage s’imposait.
Ca n’a pas impressionné le jeune garçon qui s’est jeté de bon cœur dans une restauration en règle du véhicule. Son grand-père n’était jamais loin, lui donnant de précieuses recommandations. « En gros, il s’est débrouillé, les jeunes quand ils sont capables ce n’est pas la peine d’intervenir ».
« Il m’a stupéfaite », avoue sa mère. Tous les jours, durant une semaine, Titouan avalait son petit-déjeuner, enfilait sa combinaison, sa casquette pour s’occuper de sa drôle de mécanique.
Cette voiture de forme allongée, constituée de deux bidons de 200 litres, de deux lessiveuses et d’un moteur de motoculteur, est inspirée de la « Jamais contente », la première voiture à avoir dépassé les 100 km/h en 1899 à Achères, en région parisienne.
Conçue par un ingénieur belge, Camille Jenatzy, la Jamais Contente était un véhicule électrique. Et oui, surprenant, les véhicules électriques existaient déjà !
« Tout a été déjà inventé il y a des années, maintenant on ne fait plus que de l’amélioration », résume Christelle Boom, qui est, elle aussi, passionnée d’automobile. Ancienne chauffeur poids lourds à l’international, la maman de Titouan ne craint pas de mettre ses doigts dans la graisse et les boulons.
Bon sang ne saurait mentir. Après une semaine d’efforts, à s’occuper avec les joints de culasse, les vis platinées et le volant magnétique, Titouan a fait cette simple et évidente déclaration à son grand-père : « Pépé, je crois que je vais faire mécanicien ».
Quant à l’engin, la Jamais Contente -rebaptisée à Allas-les-Mines- la Toujours Contente, après une série d’essais, elle roule. Chaque matin Titouan la démarre. Il respecte bien la limite des 100 km, en tournant en rond sur le parking du musée. Faut dire que niveau vitesse, elle est loin de rivaliser avec son modèle, elle ne dépasse pas les 5km/h.