Complices d'un professionnel véreux, les militaires de Dordogne auraient gonflé la facture lors de leur déménagement dans la nouvelle gendarmerie. Elle avait été inaugurée en novembre dernier par Gérald Darmanin
L'escroquerie à "double-détente" implique plusieurs militaires et le professionnel qui proposait de gonfler leurs factures de déménagement s'il obtenait le marché.
L'affaire, confirmée par la procureure de la République Solène Belaouar, embarrasse fort l'institution. Les faits remontent à la fin de l'année dernière, alors que 14 gendarmes de Thiviers et La Coquille investissent leur nouvelle gendarmerie flambant neuve à Thiviers, à une trentaine de kilomètres au Nord de Périgueux. Une gendarmerie à 4,4 Millions d'€uros inaugurée très officiellement en novembre 2021 par le Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lui-même.
Déménagements et pots-de-vin
Problème, ils font appel à un déménageur professionnel peu scrupuleux. L'homme avait été repéré par les gendarmes d'une autre unité à qui il avait proposé de gonfler artificiellement leur facture de déménagement, remboursée par l'État, s'ils faisaient appel à lui. Une "pratique courante" affirmait-t-il, mais surtout une démarche frauduleuse que les militaires dénoncent auprès de leur hiérarchie.
La procureure alertée
En vertu de l'article 40 du code de procédure pénale, ( tout fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République), en février dernier, le général André Pétillot, commandant de la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine fait un signalement au parquet de Périgueux. Ce dernier déclenche une enquête menée par les gendarmes de la Section de Recherches de Bordeaux. Elle révèle qu'une dizaine des 14 gendarmes de Thiviers ont fait appel à ce déménageur, et auraient bénéficié illégalement de plusieurs centaines d'€uros chacun en contrepartie. Le préjudice global porte sur plusieurs milliers d'€uros.
Les gendarmes reconnaissent les faits
La plupart des militaires entendus en audition libre ont reconnu les faits, d'autres les ont niés. Les responsabilités varient selon les cas, la gravité des faits, le grade et l'ancienneté des gendarmes. Certains auraient déjà fait appel à un avocat pour les défendre.
Poursuites
Le Parquet de Périgueux étudie les poursuites publiques à mener. De son côté, le procureur général près la cour d’appel de Bordeaux peut être amené à suspendre ou à retirer l’habilitation d’officier de police judiciaire (OPJ) aux militaires concernés.
Enquête interne
En interne les militaires ont également ouvert une enquête administrative qui mènera à des sanctions disciplinaires et/ou à des mutations forcées. Des sanctions proportionnelles à l'atteinte faite par quelques militaires à l'exemplarité de la gendarmerie dans son ensemble