Trois mois de prison avec sursis ont été requis en appel jeudi à Bordeaux l'encontre d'une enseignante jugée pour l'"homicide involontaire" d'une écolière trisomique de huit ans défenestrée par son camarade "psychotique" le 8 janvier 2015 à Périgueux.
La chute de la petite Laly, d'une hauteur de cinq mètres, s'était produite dans une classe spécialisée dans l'inclusion scolaire de son établissement, l'école privée du Sacré-Coeur accueillant des enfants atteints de handicaps psycho-moteurs et/ou de troubles du comportement.
Au moment des faits, la fillette avait quitté la salle de classe, une fois son travail terminé, pour rejoindre la salle de jeu attenante où se trouvait son petit camarade.
"Je ne voyais pas les enfants dans la pièce d'à-côté. Cela me hante", a déclaré à la barre Élisabeth Jaccard, qui dit "n'avoir rien entendu" tandis qu'elle regardait le travail des autres élèves. L'auxiliaire de vie scolaire était de son côté partie déjeuner.
"Je n'ai pas pensé une seule seconde qu'il puisse se passer une chose pareille", a assuré cette grande femme brune, avant d'éclater en sanglots.
Je m'en voudrai toujours, je suis tellement désolée.
Ellizabeth JAgence France Presse
Relaxe en première instance
En première instance, elle avait été relaxée par le tribunal d'Angoulême, justifiant sa décision par "l'absence de faute caractérisée".
Comparaissant le 10 décembre 2109 au tribunal correctionnel d'Angoulême, l'institutrice de 48 ans avait été relaxée le 2 janvier. La cour a estimé qu’il n’y avait pas de faute caractérisée ayant exposé autrui à un danger. Le délibéré tenait notamment compte du fait que l'institutrice ne pouvait pas savoir que le petit garçon atteint de troubles psychologiques grave avait déjà commis des actes similaires précédemment.
Mais cette décision n'a pas satisfait le parquet d’Angoulême, qui a donc interjeté appel de cette relaxe.
Mais pour l'avocate générale Céline Raignault, cette directrice "ne pouvait ignorer" que le petit garçon "nécessitait une surveillance accrue. Elle avait indiqué qu'il devenait véritablement ingérable".
L'enfant avait auparavant roué de coups la fillette trisomique dans les escaliers de l'école au motif qu'"elle était plus petite que lui".
Des consignes avaient été données pour le surveiller et une réunion était prévue pour proposer son transfert vers un établissement médico-éducatif.
"Elle n'a pas appliqué à elle-même ses ordres donnés" à d'autres, a jugé Me Pierre Daniel Lamazières, avocat de la famille de Laly.
D'autres faits antérieurs à son arrivée dans l'école n'avaient toutefois pas été portés à sa connaissance par les services sociaux du département: en 2013, le garçonnet avait déjà poussé une fillette du balcon d'une maison, la blessant légèrement.
La directrice l'assure: "si elle avait été mise au courant, elle aurait refusé de l'inscrire".
Pour son conseil, Me Lionel Béthune de Moro, "on a laissé sciemment (sa cliente) dans l'ignorance" en se "débarrassant" de l'enfant au sein de l'école privée.
Le jugement a été mis en délibéré au 3 mai.