Le centre de recyclage de plastique laissé à l'abandon a été envahi par les eaux lors des dernières inondations. Entraînés par la rivière locale, les déchets se sont disséminés dans la nature. Faute d'intervention des autorités, les habitants se sont mobilisés eux-mêmes pour dépolluer leur village
En 2012, on se réjouissait de l'installation de Recymap à Saint-Pierre de Côle. Ce centre de valorisation proposait un débouché local à 650 des 1 000 tonnes de plastiques durs produites chaque année par le département. Recymap transformait jouets pour enfants, mobiliers de jardin ou pots de fleurs en paillettes réutilisables par l'industrie.
Cette seconde vie permettait au Syndicat Mixte des déchets du Département (SMD3) de ne plus les enfouir comme déchets ultimes, faute d'autre solution économiquement viable, et de tendre vers l'objectif d'économie circulaire qui vise à recycler 100 % du plastique d’ici à 2025.
Économie vs écologie
Mais dans une économie libérale, les solutions logiques pèsent peu face aux lois du marché. Il aura suffi d'une baisse des cours du pétrole pour que les plasturgistes préfèrent acheter du plastique vierge plutôt que du recyclé.
Fin 2017, fin de la bonne idée en avance sur son temps, Recymap ferme, faute de rentabilité. Douze emplois sur le carreau et retour des plastiques durs dans les sous-sols de Saint-Laurent-des-Hommes. Le plus aberrant étant qu'entretemps l'augmentation des coûts du pétrole aurait finalement permis à l'entreprise de redevenir rentable.
Plastique en stock
Comme un malheur ne vient jamais seul, Recymap a fermé avant que tout son stock ne soit retraité. Il reste donc sur place un monticule impressionnant, des tonnes de rebuts en tout genres, cuits par le soleil, disséminés par le vent, et plus récemment, le premier février dernier, emportés par le débordement de la Côle, la rivière locale.
Raz-de-marée de plastique
Ce jour-là, l'accumulation du plastique emporté par l'eau a causé un véritable barrage sur la rivière, l'eau a envahi le site... et emmené encore plus de déchets au loin, dans les prés, les fossés, sur les berges. Faute de mieux, et avant que les déchets ne soient définitivement irrécupérables, les riverains ont pris les choses en main, en s'équipant de gants, de pelles, de seau, de brouettes et de sacs pour une "cueillette" bien peu ragoûtante.
La lettre ouverte, restée lettre morte ?
Si les habitants se sont décidés à mettre la main à la pâte, c'est que pour l'instant la lettre ouverte au Préfet lui demandant de faire débarasser le site est restée lettre morte. Le maire, lui-même impliqué dans le nettoyage, estime que c'est à la société privée Recymap de faire procéder à l'évacuation, et que sa commune n'a pas à payer pour ça.
"S'il y a eu des inondations, je n'ai rien à voir là-dedans"
Le directeur de Recymap Jean-Claude Gargaud estime lui que, son site étant clos, sa responsabilité n'est pas engagée. Les déchets sont bien confinés sur le site et l'inondation n'est pas de son fait, il se désengage donc de toute responsabilité.
Adressez-vous à la préfecture, à qui vous voulez, mais pas à moi !
Faute de meilleure réponse de la Préfecture et de Recymap, les habitants en appellent maintenant aux députés et au Conseil Départemental pour tenter de résoudre le problème. En attendant, la chose risquant de s'éterniser, il semble qu'ils aient eu raison de prendre le problème à bras-le-corps. Une population responsable, face à des responsables qui ne le sont guère...