Des hommes et des femmes sont confinés mais la nature suit son cours. Le confinement ne semble pas avoir impacté le travail du Dr Michel Crochelet. Comme souvent au printemps, les naissances animales sont au programme, les urgences aussi, de jour comme de nuit.
A bien y réfléchir, il fait, ces derniers temps, de plus grandes distances... mais c'est sûrement une coïncidence. Installé à Eymet, il se déplace autant en Dordogne qu'en Lot-et-Garonne. Ils sont de moins en moins nombreux les vétérinaires de campagne, à s'occuper des animaux d'élevage.
Je travaille dans un rayon de 30 kilomètres autour de la clinique vétérinaire (il est associé avec son épouse qui, elle, s'occupe des animaux de compagnie). Mais l'activité est restée la même...
Pourtant, comme dans d'autres secteurs, le contexte d'épidémie a changé la donne:
Au cabinet, c'est sur rendez-vous. Ma femme ne reçoit que les urgences et il n'y a pas d'attente pour que justement, les gens ne se croisent pas...
Originaire de Belgique, Michel Crochelet s'est installé en Dordogne en 1983. Son "activité de vétérinaire rural", comme il dit, il la pratique dans les élevages, et ce depuis près de 40 ans.
Essentiellement des vaches allaitantes (élevées pour la viande), les moutons (viande), les chèvres et les chevaux. Et au printemps, c'est la période de grande activité, avec les mises bas jusqu'en juin et pour les vaches toute l'année.
Ces journées?
C'est en moyenne entre 8h et 20h30... Mais je prends le temps de manger!
Ce matin, c'était 5 heures... pour la naissance d'un petit veau. L'éleveuse est très sympa. On est toujours bien accueilli. C'est ça aussi le plaisir de notre travail.
Report des actes non urgents
Le covid-19 perturbe bien-sûr le travail, et ces professionnels évitent, eux aussi les contacts rapprochés et adaptent leurs façons de faire.
C'est vrai je consulte pas mal au téléphone. Pour des conseils aussi.
Les actes non-urgents sont reportés comme la castration, les coupes d'ongles, le détartrage et les vaccins.
Seuls certains vaccins notamment des chevaux mais aussi des vaches (contre la tuberculose bovine) doivent être maintenus, notamment parce que certaines maladies peuvent être transmises à l'homme.
Mais le contexte change peut-être l'organisation de ces soins:
Oui, on est moins nombreux pour le faire. Dans un élevage, pour une vaccination, je prend quelqu'un avec moi et l'éleveur aussi, pour tenir les animaux, les manipuler... Mais là on se limite à nous deux.
On prend aussi en charge la douleur des animaux (considérée comme urgences aussi).
Un métier moins confiné ?
C'est sûr, je me sens plus privilégié... Comme les agriculteurs, qui eux, à part le vétérinaire et le marchand d'aliments sont tout seuls dans leur tracteur...
Une nature spacieuse, des animaux qui ont besoin de lui. Oui vraiment, le Dr Crochelet vit ce confinement bien autrement.
Et après des épisodes d'épizooties récurrentes (fièvre porcine, grippe aviaire et autre vache folle), il assiste aujourd'hui à une pandémie, bien humaine celle-ci. De quoi, peut-être, nous renvoyer à notre animalité...