Les efforts se multiplient pour juguler la vague de grippe aviaire qui ravage les élevages du département. Les dégâts, bien qu'énormes, ont sans doute été limités, mais la situation reste sérieuse
Depuis le 2 avril, date d'apparition des premiers foyers dans le département de la Dordogne, la filière est sur le pied de guerre. La première pandémie de 2015 a servi de leçon. En 2022, abattages massifs, réglementation sanitaire draconienne et périmètres sanitaires renforcés, tout l'arsenal a été déployé pour tenter de sauver les 100 Millions de chiffre d'affaire et les 3 000 emplois induits que la filière volaille représente dans le département.
460 000 volailles abattues, 45 foyers avérés, d'autres probables
Pour autant, la situation reste préoccupante pour les 700 éleveurs du département car la crise n'est toujours pas stabilisée. À ce jour, 45 foyers sont confirmés, et des analyses sont en cours pour vérifier le cas de plusieurs autres foyers possibles. À ce jour, plus de 460 000 volailles ont été euthanasiées représentant 120 000 tonnes d'animaux morts.
Dépeuplement organisé
Si les mesures sanitaires n'ont pas évité l'abattage massif dans les élevages, elles ont au moins permis de l'organiser de manière ciblée autour de périmètres de sécurité précis. Les professionnels ont réalisé de nombreux "dépeuplements préventifs" autour des zones touchées, afin de limiter les pertes. Des opérations éclair et contre la montre, pour déceler les foyers le plus tôt possible et prendre des mesures immédiates. Ainsi, une suspicion relevée le matin peut conduire à un abattage le jour même. Une manière de prendre le virus, très contagieux, de vitesse.
Barrières efficaces
Dans cette situation bien sombre, les services de l'État croient voir les premiers signes d'une légère amélioration. Ils en veulent pour preuve que les derniers foyers avérés l'ont été dans des zones déjà connues pour être contaminées. Les périmètres semblent donc commencer à se stabiliser.
Sortie de crise éloignée
Mais pour signer l'arrêt de la crise il faudra attendre que le dernier foyer soit circonscrit, et qu'une période de surveillance de 21 jours sans nouvelle alerte puisse débuter, à l'issue de laquelle les mesures sanitaires pourraient être levées... Nous en sommes encore loin.
Les compensations à venir
Jean-Sébastien Lamontagne, préfet de la Dordogne, l'assure : les aides commencent à être instruites par les services de l'État et ne tarderont pas. Il s'agit pour l'instant du premier volet portant sur les indemnisations sanitaires des abattages. Les indemnisations pour seules pertes de productions devraient être étudiées à la suite, mais ne pourront l'être que lorsque la situation sera stabilisée.
Les aides ne suffiront pas
L'aide compensera une partie des pertes des éleveurs sans nécessairement éclaircir l'horizon. Les éleveurs ignorent quand ils pourront reprendre normalement leur activité, et s'il le font, où trouver des canetons disponibles, les élevages de canetons ayant été eux aussi, pour la première fois, touchés. Des mesures de chômage technique ont été demandées pour les élevages, mais aussi dans les abattoirs et les conserveries. La distribution elle aussi est impactée. Le président du Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras sait d'ores et déjà que les aides ne garantiront pas l'avenir de la production.
On n'est pas naïf, on a déjà vécu 2015, on voit ce qui se passe dans les Landes, non, ça ne suffira pas et on veut que l'intégralité de l'élevage et des frais annexe soient pris en compte pour nos opérateurs économiques aussi. C'est pour ça qu'on essaye de trouver d'autres sources de financement
Éric Dumas, président du CIFOG