Mercredi 17 mars, il sera avec l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy sur les bancs du tribunal pour le procès du financement de la campagne présidentielle, l'affaire Bygmalion. Il a quitté la politique pour sa deuxième passion : l'accueil de visiteurs dans son gîte en Dordogne.
Il ne se cache pas et il assume. Jérôme Lavrilleux est l'homme qui a parlé. " Je fais partie de ceux qui ont décidé de dire la vérité. Dans le milieu dans lequel j'ai travaillé, ce n'est pas toujours bon signe."
Voilà sept ans qu'il a radicalement changé de vie. Au calme, dans cette campagne du Périgord Vert, loin des turpitudes parisiennes et des coups de projecteurs dont il se serait bien passé.
En 2014, l'ancien collaborateur de l'UMP ( ex-Les Républicains) est dans la tourmente. Où est passé l'argent du parti ? L'affaire dite " Bygmalion " éclate emportant Jérôme Lavrilleux et le conduisant sur le banc des prévenus aux côtés de Nicolas Sarkozy mercredi prochain 17 mars. Il s'agit ni plus ni moins du financement de la campagne de l'ancien Président de la République.
En 2014, on a vendu aux Français, aux journalistes une histoire qui n'est pas celle qui va être jugée. Il se disait que Jean-François Copé a détourné de l'argent, Jérôme Lavrilleux a fait un trésor de guerre. NON ( ... ) C'est l'histoire d'une campagne qui dérape et à la fin il y a des hommes et des femmes qui sont chargés d'essayer de régler le problème pour plus haut, ce que j'ai fait.
Jérôme Lavrilleux vit à cette époque sa première passion : la politique. Loyalement. Ce n'est pas un défaut pour lui mais une qualité même si elle doit le conduire à une condamnation en justice. Durant cette époque agitée comme peut l'être une campagne électorale pour l'élection présidentielle, il a fait ce qu'on lui a dit de faire, mais il l'a fait et en connait les conséquences :
Je pensais que je ne pouvais pas faire autrement qu'enfreindre des règles. Je travaillais pour quelqu'un qui était à la fois candidat à la présidentielle et aussi président en exercice.
Au nom de la vérité
Et puis un jour, il parle, il est invité par la journaliste Ruth Elkrief et il raconte. Il suit le conseil d'un autre homme politique Brice Hortefeux qui lui a confié deux options : "Soit passer son temps à raconter n'importe quoi et mentir et il vaut mieux avoir une bonne mémoire, soit choisir de dire la vérité." Ce sera la deuxième solution. Et un moment d'émotion sur le plateau de la journaliste politique.
Jérôme Lavrilleux est aujourd'hui un hôte heureux, qui a trouvé à travers sa deuxième passion, l'hôtellerie, une vie normale comme n'importe quel citoyen. Il dort bien dit-il. Une normalité qui lui va bien. La politique appartient au passé, lui a été député européen, fier de l'être et de son assiduité au Parlement.
Je ne vis pas ça comme une rétrogradation ou je ne sais pas quoi. Demain matin, quand les personnes qui occupent mon gîte vont partir, je vais prendre mes gants en caoutchouc et je vais aller nettoyer les toilettes et les sanitaires.
Je le fais moi-même et puis je vais faire les lits, et je vais faire mes machines. Je suis un spécialiste du programme à 60 degrés qui est imposé pour tuer les virus. C'est la vie.
Un procès très médiatique
Redoute-il son procès à partir de mercredi prochain et pour quatre semaines ? Non, " Je prends les choses comme elles doivent venir".
Je rentrerai pas par la petite porte, une porte dérobée, et puis j'ai pas douze gardes du corps Je vais prendre mon TGV pour aller d'Angoulême à Montparnasse. Je prendrai un taxi et je me ferai déposer à Batignolles ( au palais de justice NDLR) à mon procès, tous les jours avec ma petite valise (...) Je mangerai mon sandwich et puis voilà.
Serein face à la justice. "Je ne vais pas faire en plus le cadeau à d'autres de mal le vivre." Car ce qui est fait est fait dit-il. Il ne redoute pas une condamnation. Il pense qu'il sera sans doute condamné car il a fait "quelque chose de pas correct."
Effacera-t-il ensuite toute envie de poursuivre une carrière politique, lui qui a tant aimé représenter les Français au Parlement européen, fier de l'être et de son assiduité Jérôme Lavrilleux prend son air malicieux et mime un ancien président de la République : " Je ne serai plus jamais candidat." Sourire.
VIDEO : l'entretien en intégralité de Jérôme Lavrilleux par Sébastien Bouwy et Camille Michelland, montage Sophie Giraud >
VIDEO : Jérôme Lavrilleux nous a reçu chez lui, dans son gîte, où il a retrouvé une vie normale. Rencontre signée Sébastien Bouwy, Camille Michelland et Sophie Giraud >