La police alerte sur la recrudescence de cas d'escroqueries au faux conseiller bancaire. Nathalie, une habitante de Besançon, s'est malheureusement fait soutirer 7500 euros via ce procédé. Elle nous raconte.
La Direction Interdépartementale de la Police Nationale du Doubs lance un appel à la vigilance concernant une série d'escroqueries qui a débuté en juillet 2024. Au total, 10 faits ont déjà été recensés à Besançon et aux alentours.
Dans un communiqué diffusé ce 9 janvier 2025, les forces de l'ordre détaillent le procédé utilisé par les escrocs pour soutirer de l'argent à leurs victimes. Ces dernières sont en général contactées par téléphone que ce soit via un appel téléphonique ou par SMS. "L'interlocuteur se présente comme un employé du service fraudes de la banque de la victime. L'individu annonce à la personne cible que la banque a constaté des mouvements suspects sur ses comptes", explique la police du Doubs.
« L’opérateur » fait alors mine de gérer l’opposition en incitant la victime à valider certaines opérations bancaires, ou à cliquer sur des liens. À l’issue, il annonce que la banque envoie un coursier pour récupérer la carte bancaire au domicile de la victime, avec les informations des comptes, demandant parfois le code confidentiel de la CB, fournies par la victime.
"Ils connaissent le système bancaire"
Après avoir passé plusieurs jours sous le choc de l'arnaque dont elle a été victime, Nathalie, une habitante de Besançon, a repris ses esprits. Elle nous raconte comment elle a été escroquée de 7500 euros avec la technique décrite plus haut. Tout a commencé par un sms reçu le 16 décembre 2024. "Il disait que j'avais reçu un colis et qu'il ne passait pas dans la boîte aux lettres. J'ai cliqué sur le lien et je suis tombée sur un site internet avec l'en-tête de Mondial Relay. J'ai payé 90 centimes pour pouvoir me faire livrer à nouveau. J'ai râlé en me disant que maintenant il fallait payer pour ça". Cette action, qui paraît anodine, permet aux escrocs de récolter de précieuses informations : le prénom et le nom de famille de Nathalie ainsi que la banque à laquelle elle est affiliée. Finalement, la Bisontine ne sera pas débitée de 90 centimes.
C'est 12 jours plus tard, un samedi et alors que les banques sont officiellement fermées, qu'elle reçoit un appel d'un numéro commençant par 06. "Ils m'ont appelé 3-4 fois de suite alors que j'étais au travail. J'ai fini par décrocher pensant qu'il y avait un problème avec mon père âgé de 80 ans. Alors que je ne réponds jamais au numéro que je ne connais pas d'habitude", nous confie-t-elle.
Un homme au bout du téléphone m'appelle par mon nom et me dit qu'il y a des opérations frauduleuses sur mon compte en banque avec des sommes astronomiques. Il s'exprime très bien et me demande si je veux faire opposition à ces opérations.
Nathalie, victime d'une escroquerie
Pendant une heure et demie, le faux conseiller bancaire, qui s'est présenté comme étant un agent de la cellule sécurité et fraude de la Banque postale, manipule habilement Nathalie par téléphone, en lui demandant de procéder à diverses actions. Cela brouille les pistes et permet à la victime de se sentir soutenue et en confiance alors qu'elle pense être victime d'une tentative de piratage de son compte en banque. Des mails de validation sont également envoyés à la Bisontine. "Tous les mails étaient hyper bien faits, avec les en-tête de la Banque postale. À la fin, j'en avais plein la tête. Ils te bourrent le crâne de détails. Ils t'hypnotisent presque, jusqu'au moment où ils te disent que là, c'est très important, et qu'ils doivent récupérer ta carte bleue."
Une jeune femme, "adorable et très bien apprêtée", se rend à 22h au domicile de la victime pour finalement récupérer la carte bleue. S'ensuit, dans les heures qui suivent, le vidage du compte courant de Nathalie.
"C'est très très bien ficelé"
"Qu''est-ce qui fait que j'ai mordu à l'hameçon ?", s'est longuement interrogée Nathalie, dont le sentiment de culpabilité a été particulièrement fort. "C'est la conception très élaborée de l'arnaque, le fait que cette année a été un peu compliquée pour moi... Il faut quand même que tu sois un peu en fragilité. J'ai perdu ma vigilance, car ils sont hyper sympas, hyper rassurants, tu as vraiment l'impression d'avoir un conseiller bancaire. C'est très très bien ficelé", analyse-t-elle. "Pourtant, je me suis demandée plusieurs fois si ce n'était pas une arnaque. Mais à chaque fois, mon interlocuteur avait réponse à tout".
Ils auraient pu me dépouiller totalement si je n'avais pas consulté mes comptes le lendemain de leur visite.
Nathalie, victime d'une escroquerie
"Le stratagème est subtil, alerte la police. Les victimes sont totalement manipulées mentalement. Si le stratagème semble grossier vu de l’extérieur, il est totalement efficace lorsqu’on en est la cible".
À ce jour, les escrocs ont déjà mis main basse sur 34000 euros. Cette escroquerie n'est pas nouvelle. Elle a plusieurs années déjà. Interrogée par Le Parisien en mai 2024, la Banque de France a révélé qu’en 2022, l’escroquerie au faux conseiller avait fait de nombreuses victimes en France. Le préjudice total subi a été estimé à 340 millions d’euros.
Les bons réflexes à avoir
"Nous vous rappelons que votre banque ne vous demandera jamais vos codes confidentiels de carte bancaire, vos numéros de comptes bancaires (votre banque les connaît), ni n'enverra de coursier pour récupérer votre carte bancaire", prévient la Police Nationale.
En cas de doute suite à un appel de votre banque assurez-vous que cet appel intervient aux heures ouvrables et n’hésitez pas à couper court à la conversation en raccrochant. Rappelez vous-même votre agence bancaire, avec un numéro que vous aurez au préalable cherché et vérifié. Faites un contre-appel à votre agence ou aux numéros de permanence de votre société bancaire, et déplacez-vous à votre agence pour vérifier la réalité de la fraude.