Législatives 2022 : débat entre les principaux candidats de la 1ère circonscription de Dordogne

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En 2017 LREM raflait la mise dans cette circonscription, face à 9 autres candidats. Tout comme dans les 3 autres en Dordogne. Après avoir conquis sa place de député, Philippe Chassaing peut-il être détrôné ? Il défend son bilan face à six concurrents dans le débat animé par Sébastien Bouwy rédacteur en chef de France 3.

Quelles solutions proposent les candidats aux électeurs de la 1ère circonscription face aux enjeux de leur territoire ? 

Pouvoir d'achat  et niveau de vie : En Dordogne, le taux de pauvreté est très élevé, de l'ordre de 16% et les salaires plus faibles qu'ailleurs dans la région. La circonscription a une économie particulièrement fragile. Entre prix des matières premières, grippe aviaire et crises successives, l'agriculture très présente sur ce territoire est à la peine. Pour compenser, la  circonscription n'a pas de tissu industriel fort, et ne bénéficie pas des atouts touristiques et viticoles dont sont pourvus le Sarladais et le Bergeracois. 

Emploi : corollaire du point précédent, l'emploi pose également problème. La récente  liquidation des Nouvelles Menuiseries Grégoire et la perte de ses 236 emplois à Montpon Ménestérol ont été un coup dur dont le tissu économique local aura du mal à se relever. 

Santé et déserts médicaux  : Avec la Creuse, le département est l'un des plus âgé de Nouvelle Aquitaine. Le département doit plus le maintien de sa population à une arrivée migratoire (souvent de retraités) qu'à un solde naturel largement déficitaire. La problématique des Ehpad, des services de santé en difficulté et des déserts médicaux y est très sensible.

Six candidats débattent sur notre plateau

Face au député LREM sortant, trois candidats de gauche et trois autres de droite, extrêmes compris.

LREM, liste "Ensemble !" : Philippe Chassaing. Comme Michel Delpon et Jean-Pierre Cubertafon, mais contrairement à sa collègue Jacqueline Dubois à Sarlat, Philippe Chassaing a bien conservé les faveurs du parti pour briguer sa propre succession. Décision annoncée tardivement, ce 11 mai, mais qui consacre cet ancien socialiste de 49 ans converti Marcheur en 2017, juste avant son dépôt de candidature. Il s'engage notamment dans la lutte contre la pauvreté.

Il y a un certain nombre de personnes qui ont des difficultés financières en fin de mois, moi je pense qu'il faut qu'on aborde le sujet en essayant de porter des propositions plus ciblées vers les populations qui sont les plus fragilisées.

Philippe Chassaing - candidat LREM -

Le Rassemblement National : Williams Ambroise. Dans le département qui a placé Marine le Pen en tête des dernières présidentielles, le RN compte capitaliser aux législatives en se posant à nouveau comme l'unique alternative à LREM.
Retraite à 60 ans, services publics et de santé ainsi que la sécurité, les thèmes récurrents du RN au niveau national font écho localement. Pour amplifier son audience, le RN y ajoute le localisme et les circuits courts, la défense de l'agriculture locale face aux lobbies des multinationales. Le candidat est un ancien employé de l'Office HLM de Périgueux de 49 ans. Pour lui, la priorité doit être donnée localement.

Sur l'emploi, déjà en fait, on donnerait la priorité aux PME pour les marchés publics, ce qui pourrait favoriser le tissu local. [...] Il faut aussi protéger notre économie sur la concurrence déloyale, et revoir les accord de libre-échange, c'est ce qui peut nous permettre de maintenir nos entreprises

Williams Ambroise - candidat RN -

Nupes : Pascale Martin.  La sociologue de 60 ans, militante de LFI, a été désignée par l'union de la gauche, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale. En 2012, Elle s'est déjà présentée aux élections législatives, et aux départementales et régionales en 2015. Elle défend le retour à un service public fort, notamment pour la santé.

Il faut remettre en place des services publics concernant la médecine, parce que le métier s'est féminisé énormément et les femmes ne veulent plus travailler comme des médecins de campagne qui faisaient 70 à 80 heures par semaine, voire plus. Donc, aujourd'hui, il faut ramener la médecine vers un service public de qualité pour que chacun-chacune puisse se soigner correctement. Aujourd'hui il y a des personnes qui ne se soignent plus parce qu'on n'est plus au 100% sécu !

Pascale Martin - candidate NUPES -

Foison de candidatures à gauche

Dans un département où les élus socialistes abondent depuis de longues années, l'alliance des instances nationales du PS au sein de NUPES a tout simplement éliminé les 4 candidatures PS pour ces législatives au profit de LFI et de Génération.S. Un choix embarrassant pour Pascale Martin, qui évoque la décision des instances nationales.

Forces vives de la Dordogne,  le socialiste d'origine Floran Vadillo. Entrés en dissidence (et par conséquent exclus du PS), les candidats PS ont maintenu leur candidature "d'avant-nupes", recevant le soutien inconditionnel des figures socialistes locales, Germinal Peiro, Delphine Labails, le sénateur Serge Mérillou et même de l'ancien Premier Ministre Bernard Cazeneuve vendredi 13 mai à Périgueux
Dans cette circonscription, c'est Floran Vadillo, 37 ans qui porte le flambeau socialiste dissident. Le vice-président en charge du commerce du Grand Périgueux, par ailleurs enseignant à Science-Po Paris, s'est résolu à démissionner de son poste de secrétaire national du PS pour cela. Son combat, le pouvoir d'achat.

Il faut augmenter les revenus et baisser les dépenses. L'augmentation des revenus, c'est pour les retraites et l'indexation des coûts de la vie, le revenu-jeune pour les plus jeunes, un SMIC à 1400 €uros, ce qui permet de remettre du pouvoir d'achat. Baisser les dépenses c'est évidemment baisser la TVA à 5,5% sur les produits pétroliers parce que l'État est en train de taxer la taxe et de faire une aubaine financière. Accroître la rénovation thermique des logements parce qu'aujourd'hui c'est le premier poste de dépenses pour de nombreux retraités et pour les plus jeunes et puis je veux le retour des APL à taux plein, parce que c'est ce qui entrave très clairement la jeunesse

Floran Vadillo - candidat Forces Vives de la Dordogne -

Les Républicains : Elisabeth Marty. À 56 ans, la maire de Saint-Astier depuis 2014 veut confirmer son bon résultat des municipales partielles de septembre au cours desquelles elle a réuni plus de 54 % des voix. Une récente encartée aux Républicains qui part sous la bannière large " de la droite et du centre". Son crédo, des entreprises plus compétitives, et des salariés mieux formés.

À un moment donné, si on veut donner de la souplesse et donner de l'oxygène au niveau des ménages, il faut absolument que l'on donne de la compétitivité aux entreprises. [...] Qu'on décide pendant 20 ans de bloquer tous les prélèvements à la fois sur les entreprises et sur les salariés et en contrepartie il faut absolument que les entreprises se mettent à faire des formations obligatoires pour leurs salariés. Pour l'emploi ce qui est nécessaire, c'est l'éducation. On a des mômes qui sont en souffrance, donc forcément ils deviennent des adultes en souffrance, et forcément ils ne trouvent pas de travail.

Élisabeth Marty - candidate Les Républicains -

PRG : Patrice Reboul. À 60 ans, l’ancien avocat, ancien bâtonnier et ex-élu municipal socialiste dans l'équipe de Michel Moyrand à Périgueux veut défendre le système de santé et réindustrialiser la Vallée de l'Isle. Il table pour cela sur l'ancrage historique de gauche laïque et républicaine du département. Il regrette le manque d'anticipation et de clairvoyance qui conduit trop souvent à des catastrophes sociales.

Les difficultés des menuiseries Grégoire : j'ai arpenté pendant 30 ans la circonscription, des conflits sociaux, j'en ai vu... [...] ce qu'il aurait fallu faire, c'était s'y prendre en amont. Quant l'entreprise a été reprise, il y avait 300 emplois, et c'était pas possible, c'était pas tenable, ni viable. Aujourd'hui on parle de 236 emplois, on oublie les emplois induits. On est plus près des 350 que des 236 !

Patrice Reboul

Désert médical : à chacun son remède

Préoccupation majeure dans les secteurs ruraux, et de plus en plus dans les villes moyennes, les candidats ne peuvent pas éviter le sujet. Les déserts médicaux constituent un enjeu majeur dans le département, entre obligation d'installation, incitation financière, convention locale, création d'une faculté de médecine à Périgueux, les propositions divergent sur ce casse-tête.

Reconquête absente

Absente de ce débat, pour raisons personnelles, la candidate Pascale Léger  de Reconquête !. Le parti d'extrême droite tient sa promesse de présenter un candidat sur chaque circonscription, mais la tâche s'annonce difficile en Dordogne où Éric Zemmour a fait encore moins qu'au niveau national. La candidate de 61 ans responsable d’exploitation agricole à Saint-Astier est une transfuge du RN. Avant cela, elle avait été la colistière d'Élisabeth Marty, actuelle candidate des Républicains.

Lutte Ouvrière, des candidats partout

Fidèle à la ligne qu'il s'est fixé de ne pas trahir ses engagements dans des alliances, le parti Lutte Ouvrière présente des candidats dans les quatre circonscriptions, ce sera l'enseignante Lise Khelfaoui sur cette première circonscription.

Le Parti Animaliste également engagé

À signaler également la candidature d'Emmanuelle Jean, cheffe d'entreprise de 47 ans, du Parti Animaliste, qui milite pour la fin de l'élevage intensif et industriel, la création d'un ministère de la condition animale, l'interdiction de la chasse et des corridas, et la souveraineté alimentaire de la France.

Des députés traditionnellement de droite

Sur les 16 députés qui s'y sont succédés depuis sa création en 1958, aucune femme, 5 députés PS seulement, 10 de droite, gaullistes ou de centre droit, et le dernier en date, Philippe Chassaing, porte les couleurs LREM.

2017 a d'ailleurs été l'année du grand chelem législatif pour la majorité présidentielle d'Emmanuel Macron, 3 sièges de députés du département ont été emportés par son parti et le dernier par un sympathisant, Jean-Pierre Cubertafon, membre du Modem.

En 2017, 10 candidats briguaient la place du député PS sortant Pascal Deguilhem dans la première circonscription. Devenu conseiller régional, il ne se représentait pas. La moitié des candidats dépassera les 5 % du premier tour : la FN Marie-Catherine Halliday, l'ancien maire PS de Périgueux Michel Moyrand, Laurent Mossion pour Les Républicains, Hélène Reys pour LFI et Philippe Chassaing, alors inconnu du grand public, transfuge du PS nouvellement investi par La République en Marche. Ces deux derniers se retrouvent au second tour.  Avec 45% des voix, Hélène Reys s'incline devant Philippe Chassaing, qui obtient 55%.

La 1ère circonscription de Dordogne en détails

Sept cantons, 49 communes, comprenant la préfecture de Périgueux et une centaine de millier d'habitants, la 1ère circonscription de Dordogne va de Trélissac à la limite de la Gironde, le long de la vallée de l'Isle. Elle intègre les cantons de Coulounieix-Chamiers, Montpon-Ménestérol, Périgueux, Saint-Astier, Trélissac (3 communes), Vallée de l'Isle et les communes de Saint-André-de-Double et Saint-Vincent-de-Connezac. C'est la zone la plus urbanisée et la plus industrialisée du département, mais pas la plus peuplée. 

Le débat dans son intégralité (enregistré le 17 mai 2022 dans les conditions du direct) , d'une durée de 26 minutes, est à retrouver en cliquant ici ou sur la vidéo ci-dessous :

Le débat est diffusé sur notre antenne France 3 Aquitaine  à 0 h 10.

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