A Montpon-Ménestérol en Dordogne, le tribunal administratif avait autorisé la construction d'une salle de prière pour les musulmans. Dans un contexte national tendu, le maire de la commune continue de s'y opposer mettant en avant un site trop accidentogène.
Le maire socialiste persiste : le lieu, situé dans un virage, présente un problème de sécurité routière. Jean-Paul Lotterie a donc décidé de faire appel du jugement du tribunal administratif. Un jugement qui n'a relevé aucun caractère accidentogène. Mais l'élu se défend de tout acte politique visant à empêcher l'installation de cette salle de prière :
La liberté de culte existe dans ce pays. Je respecte le culte musulman, autant que les autres cultes. Je suis dans une attitude totale de laïcité.
Une position qui lui vaut l'hostilité d'une partie de la population. Alors que notre équipe de reportage tournait leurs images le maire a fait l'objet de menace de la part d'un couple, qui a aussi clairement proféré des propos incitant à haine raciale. Dès la naissance de ce projet en 2013, une minorité avait exprimé son désaccord dans une ville où le vote Front National dépasse désormais les 30%. Un contexte tendu donc
Le représentant de la communauté musulmane préfère témoigner à visage masqué, pour, dit-il, ne pas attiser les tensions. Lui qui a déjà eu tant de mal à acheter un terrain pour accueillir ce lieu de culte :
Les agents, comme les particuliers, dès qu'ils voient une association, surtout une association musulmane, ils nous claquent la porte. Il faut que le maire nous aide. Je suis quelqu'un d'ouvert. Aujourd'hui, nous n'avons aucune proposition de la part de Monsieur le maire.
Jean-Paul Lotterie se refuse de faire une proposition alternative mettant en avant l'obligation de neutralité dans une commune laïque.
L'agglomération compte 12 000 habitants, dont 70 musulmans pratiquants, contraints de se rendre à Bergerac ou Sainte-Foy-La-Grande pour pratiquer leur religion.
Le reportage de Candice Olivari et Sébastien Delalot :