Avec un taux d'incidence de 275 cas pour 100 000 habitants, un seuil jamais atteint dans le département, la situation reste alarmante en Dordogne où 4 nouveaux décès viennent d'être enregistrés à l'hôpital de Périgueux.
80 décès décomptés officiellement pour cause de Covid à l'hôpital de Périgueux, les derniers chiffres établis par Santé Publique France inquiètent les autorités. En une semaine, 1 120 périgourdins supplémentaires ont contracté le virus, faisant passer le département au 11ème rang parmi ceux où le virus se propage le plus vite. Actuellement, près de 150 personnes dont l'état est inquiétant sont hospitalisées, dont une quinzaine en réanimation.
L'inquiétude vient surtout du fait que rien ne laisse espérer une accalmie. Les taux de contamination continuent à augmenter "à la verticale" sans signe de ralentissement pour l'instant.
Un effet-contraste par rapport à la première vague
10 personnes sont décédées en deux jours (les 4 derniers décès ont été enregistrés en 24h), ce qui porte à 80 le nombre de victimes. Les chiffres sont surtout inquiétants au regard de la première vague pendant laquelle le département avait été relativement épargné. La Préfecture se réjouissait alors de l'esprit civique des habitants de Dordogne particulièrement observants lors des confinements, et de l'absence de brassage avec l'extérieur, ce qui expliquait ce petit miracle.
Les Ehpad au centre des préoccupations
Cette fois, les Ehpad ont été particulièrement touchés. Des contaminations-éclair et généralisées sur des populations fragiles et leurs équipes soignantes, comme à Montignac où 18 décès ont été enregistrés, à Terrasson, la Roche-Chalais, etc. Au début de la semaine, 91 personnes ont été testées positives à l'EHPAD de l'hôpital de Périgueux et 40 à Nontron.
Les conditions climatiques... et l'Angleterre ?
Une des raisons avancée par l'ARS pour expliquer cette flambée, ce sont les conditions climatiques en Périgord ces derniers jours, froides et humides, propices à la propagation du virus. Si pour l'instant aucun variant anglais n'a été retrouvé dans les tests effectués en Dordogne, il est tout de même activement recherché dans le département qui compte une importante communauté anglo-saxonne.
Retour de bâton, après la faible contamination des débuts ?
Paradoxalement, l'ampleur de la contamination actuelle peut aussi s'expliquer par la faible contamination des premiers temps. Les premières règles de confinement ont été observées scrupuleusement, la population n'a pas été touchée, et peu de personnes ont pu développer une résistance. Pour cette nouvelle vague, le virus est donc arrivé en Périgord sur un terrain vierge. Des règles de confinement bien plus légères, une population bien moins craintive et scrupuleuse qu'au début de la pandémie, des touristes venus se réfugier en Dordogne, des fêtes de fin d'année propices au brassage des population : le résultat est foudroyant sur une population où très peu de personnes sont immunisées.
Des chiffres à éclairer
Si cette vague inquiète légitimement dans le département, il peut être utile aussi de relativiser. Tout d'abord rappeler que les décès interviennent majoritairement sur des personnes atteintes de comorbidités ou très âgées. Le virus est alors l'élément aggravant fatal d'un état de santé déjà précaire.
78% des décès liés au Coronavirus en France touchent des personnes âgées de 75 ans et plus. (14 % sont des personnes âgées entre 65 et 74 ans, et seul 1% des décès concerne les personnes de moins de 44 ans). Le département ayant une pyramide des âges élevée, il est compréhensible que la mortalité y soit plus forte qu'ailleurs une fois le virus installé.
Ensuite, la Dordogne étant peu peuplée, chaque cas positif fait augmenter plus rapidement le taux d'incidence que dans des départements tels que la Gironde par exemple.
Ensuite, il conviendra de regarder les chiffres sur l'ensemble de la période à l'issue de cette nouvelle vague. On pourra alors établir si le département a bien été proportionnellement plus touché que les autres.
La vaccination continue
Plus de 10 000 personnes prioritaires ont été vaccinées dans le département, personnels médicaux, personnes à risque, pensionnaires d'Ehpad, etc. La Préfecture affirme que la totalité des personnes prioritaires qui le souhaitent auront été vaccinées d'ici la fin de cette semaine.