Distributeurs automatiques de billets en zones rurales : espèces en voie de disparition

Il y a eu les commerces, la poste, les écoles, les médecins, les transports : désormais ce sont les DAB, distributeurs automatiques de billets, qui se raréfient dans les campagnes. En Dordogne, la moitié des communes en est dépourvue.  À Saint-Saud Lacoussière, le premier distributeur est à 12km

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Révolutionnaire :  le 2 juillet 1968 le premier distributeur automatique de billets (DAB) français de la Marseillaise de crédit est inauguré dans le 9ème arrondissement de Paris. Révolutionnaire et sûr, avec beaucoup moins d'argent dans les coffres des banques. Et de ces distributeurs, on en trouvait partout, car ils étaient rentables pour les banques qui prélevaient une taxe auprès de la banque du client à chaque retrait. 

De la rentabilité des DAB


Mais 50 ans plus tard, la tendance s'inverse. Les DAB sont désormais beaucoup plus que de simples distributeurs, ils permettent de consulter ses comptes, effectuer des virements, déposer des chèques. Et pour rester rentable, ils doivent traiter au moins 5 000 opérations par mois contre 3 000 auparavant.

Pour une banque, un DAB c'est un investissement d'environ 90.000 euros auquel s'ajoute environ 14.000 euros d'entretien annuel. Sans compter un très coûteux transfert de fonds pour réalimenter la machine. De plus en plus de banques choisissent donc de faire l'impasse, et surtout dans les zones rurales où la rentabilité n'est pas toujours évidente.

Conséquence, plus d'un millier de DAB disparaissent chaque année. La Dordogne est l'un des départements les plus démunis, la moitié des communes ne possèdent pas de point de retrait. 

Or si la disparition d'un DAB en ville implique juste quelques pas supplémentaires pour accéder à un autre distributeur, en campagne, ce manque peut se répercuter sur tout un pan de l'économie et de l'attractivité locale.

Le peu d'intérêt des banques à faciliter l'accès au liquide

Sans compter que les établissements bancaires ne voient pas d'un si mauvais œil la disparition pure et simple de l'argent liquide au profit du tout carte bancaire ou du paiement par téléphone... Des transactions dématérialisées mais totalement sous le contrôle des banques.

Dans de nombreux commerces de Suède, l'argent liquide n'est déjà plus accepté. Israël, la Norvège ou encore Allemagne semblent aussi s'engager dans cette voie. Si le sujet est encore un peu délicat en France, il est clair que les banques ne font pas d'efforts particuliers pour multiplier les points de retraits.

La société sans cash qu’on nous promet grâce au numérique donnerait aux décideurs – sans possibilité d’échappatoire pour les particuliers,  faute d’avoir assez d’argent liquide – les moyens de contrôler tout le système - Henri Bourguinat Professeur émérite d’économie à l’université Montesquieu-Bordeaux-IV

La carte bancaire encouragée même pour les petites dépenses

En France, 60 % des dépenses de consommation courante des ménages sont réglées par carte bancaire, pour 15 % des achats réglés en cash. Et le montant moyen réglé par carte bancaire est de plus en plus bas. 

Fin 2018, la Banque de France indiquait que les paiements en espèces représentaient 28 % des dépenses au point de vente en France, la part la plus faible de la zone euro, juste au-dessus des Pays-Bas à 27 %.

Les petits commerçants, marchands forains et échanges entre particuliers pénalisés


Reste l'autre face de la pièce. Outre la liberté et l'anonymat garantis par le liquide, un DAB c'est un point d'attractivité dans un centre-bourg. Et l'absence d'argent liquide disponible pénalise les petits commerçants qui ne possèdent pas de terminal CB ou les exposants des marchés par exemple. Elle pénalise également les petits échanges entre particuliers, achats d'objets d'occasion par exemple. 

Quant aux particuliers peu à l'aise avec le tout cartes bancaires, ils sont priés de s'y mettre, ou de faire quelques kilomètres pour trouver un distributeur...
 
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