Chaque année les Agences Régionales de Santé (ARS) publient une carte de la qualité de l'eau des communes. Un seul point rouge, en Dordogne, à Jumilhac-le-Grand. Trop de Radon, un gaz radioactif. Pourtant le problème méconnu du public concerne bien plus que cette seule commune dans le département

Le radon, c'est avant tout naturel. Un gaz issu de la décomposition des particules d'uranium contenues dans les roches granitiques. Un problème que l'on connaît bien en Haute-Vienne et dans une partie nord-est de la Dordogne où nombre de maisons ont été bâties en granit (ou granite). Dans ces endroits, il est conseillé d'aérer régulièrement pour éviter de respirer ce gaz indétectable car inodore et incolore...

Car ce gaz inodore et incolore est très, très loin d'être inoffensif !

Le radon est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac : 1.200 à 3.000 décès par an en France.

Le radon de mieux en mieux identifié dans les zones granitiques pour sa présence dans l'air, était jusqu'alors peu étudié pour sa présence dans l'eau. Or il s'avère que ce gaz est aussi soluble dans l'eau.

Une eau souterraine ayant traversé des couches granitiques est donc potentiellement chargée en radon. Et contrairement à son incidence lorsqu'il est inhalé, très documentée, il existe encore peu d'études sur l'impact de son ingestion. Mais l'on soupçonne très fortement qu'il n'est pas neutre. 

Ce n'est que depuis ce 1er janvier 2019 que l'on mesure le taux de radon dans l'eau de consommation. Une donnée réglementaire qui vient compléter les tests fournis chaque année par les Agences Régionales de Santé rendus publics par le site FrancetvInfo le 16 octobre dernier.

Et justement, la commune de Jumilhac-le-Grand révèle un taux supérieur à la référence de qualité. 119 becquerels par litre au lieu de 100.

Si plusieurs communes du département obtiennent un indice de qualité de l'eau médiocre pour d'autres types de pollutions mineures, Jumilhac-le-Grand se retrouve la seule commune à révéler "Une eau ne respectant pas les exigences de qualité des eaux destinées à la consommation humaine" justement à cause de ce paramètre radon.

Une donnée obtenue lors d'un prélèvement effectué en sortie de station de traitement de la régie municipale le 5 août dernier. 

Et dans le département, Jumilhac n'est pas un cas isolé. Ainsi, à St Saud Lacoussière, à 25 km de là, le taux est de 144 becquerels par litre, toujours en sortie de station de traitement.

Quant aux chiffres avant traitement, en amont des stations, le compteur geiger s'affole ! 133 becquerels à Piégut-Pluviers, 240 à Jumilhac-le-Grand, 400 à Firbeix, et jusqu'à 1 000 becquerels par litre à Saint-Saud-Lacoussière !

Ces deux dernières communes ont heureusement adopté une technique simple de dégazage de l'eau, une cascade qui permet de faire descendre radicalement le taux de radon dans la limite acceptable de 70 à Firbeix, et 60 à Saint-Saud Lacoussière.

Doit-on pour autant s'inquiéter du radon dans l'eau qu'on boit en Dordogne ? Oui et non.
  • Non, parce que l'ARS estime que les taux atteints dans les communes testées restent "proches de la norme" et que l'on est encore loin de la "limite de qualité" fixée à 1 000 becquerels par litre au robinet. Il n'y a donc pas lieu selon elle d'interdire la consommation de l'eau.
     
  • Peut-être parce que toutes les communes n'ont pas encore été testées. Seules les communes supposées "à risque" l'ont été.
     
  • Oui parce que selon la CRIIRAD* les données sont faussées, et largement sous-estimées. Selon elle, les taux admissibles de becquerels ne devraient pas être de 100 unités par litre, mais de 20 au maximum ! Ensuite, le becquerel ne serait pas la bonne unité de test. Selon elle, on devrait faire les mesures en sievert, unité utilisée pour donner une évaluation de l'impact des rayonnements sur l'homme, plus précise sur la dangerosité des doses de radioactivité reçues. Dans les deux cas de nombreuses communes seraient depuis longtemps bien au-delà de la limite de dangerosité admissible
 


 
* La CRIIRAD
La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité est une association loi de 1901 du mouvement antinucléaire créée en mai 1986 par Michèle Rivasi à la suite de l'accident de Tchernobyl. Elle est agréée dans le cadre de la protection de l'environnement. Elle conduit des études et des analyses dans le domaine de la radioactivité grâce notamment à un laboratoire d'analyse possédant un certificat de qualification technique délivré par le ministère de la Santé, équipé pour le dépistage et l'identification des pollutions radioactives (aliments, eau, gaz radon, etc.). L'association  utilise l’expertise scientifique, basées sur des mesures réelles sur site du fait de, selon elle, l'impossibilité de faire effectuer ces analyses par plusieurs laboratoires indépendants, comme outil de lutte contre ce qu'elle considère comme de la non information ou de la désinformation sur le sujet de l'énergie nucléaire.
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