Alors que l'épidémie de coronavirus a stoppé net tous les voyageurs sur le départ, les agences de voyages se retrouvent dans une situation économique complexe. Après les rapatriements et les reports, elles tentent désormais de s'adapter pour proposer à leurs clients des destinations alternatives.
Au plus fort de la crise, il a fallu gérer le rapatriement des touristes piégés par le coronavirus. C'est l'un des avantages de réserver ses vacances par le biais d'une agence de voyage : en cas de pépin, elles s'occupent de tout. Et ce pépin-là était plus gros que les autres : vols annulés, hôtels fermés, voyageurs en panique... le travail n'a pas manqué pour faire rentrer tout le monde à bon port. Mission accomplie. Mais désormais, un autre défi se présente : rester à flot jusqu'au retour de jours meilleurs.
Des voyages reportés, et pas de recettes
Le groupe Fitour Voyages a deux agences dans le département, une à Bergerac et l'autre à Sarlat. Comme l'ensemble des salariés du réseau, les 4 personnes qui y travaillent ont été placées en chômage partiel."Pour l'instant, nos agences restent fermées. Nous n'assurons qu'une permanence téléphonique. Peut-être ferons-nous un pas vers la réouverture en juin. C'est compliqué car nous devrions être en pleine saison, et nous n'avons pas de visibilité sur l'été. Il va falloir nous cramponner."
Virginie Delbos, directrice de Fitour Voyages
Même constat chez Détours du monde, à Périgueux. Pour l'heure, pas de réservations à court terme : l'activité principale consiste à reporter les voyages qui étaient prévus et ne pourront pas se faire.
Pour passer la vague, l'agence bénéficie d'un fonds de solidarité à hauteur de 1500€ par mois. Loyers décalés, reports des crédits bancaires... en faisant le dos rond, les deux gérantes ne se sentent pas en péril, à condition que la situation ne s'éternise pas.Heureusement, par ordonnance, l'Etat a permis aux professionnels du tourisme de faire des avoirs à leurs clients, au lieu de procéder à des remboursements. Ce sont donc des reports et non des annulations. En matière de trésorerie, cela fait une grande différence. Sans entrée d'argent, ce serait très compliqué de devoir rembourser tout le monde.
Sabine Marziac, agence Détours du Monde
Rebondir cet été
Si les voyages à l'autre bout du monde ne sont pas à l'ordre du jour, les vacances en France devraient, elles, être possibles cet été, comme l'a annoncé le gouvernement. De quoi donner des idées aux agences de voyage.Des offres dont l'objectif est certes de proposer des alternatives, mais aussi de rester présent et positif sur un marché au ralenti.Reste à savoir si les clients passeront par les agences pour réserver leurs séjours en France. Havas Voyages, qui possède 4 agences dans le sud-ouest dont une à Bergerac, propose plusieurs séjours en clubs et villages vacances :"Nous avons fait une vitrine de destinations très dépaysantes, mais en France ! Vous vouliez partir en Grèce ? Tentez l'île d'Yeu ! En Provence, certains coins ressemblent au Colorado ! Les cascades de Bali ? On a peut-être quelque chose pour vous dans le Jura..."
Sabine Marziac, agence Détours du Monde
Interrogation aussi pour l'autocariste et organisateur de voyages Vallade, à Brantôme. Si les excursions en car, à la journée, vers Arcachon ou La Rochelle sont bien au catalogue pour cet été, la question de la distanciation demeure :"Peut-être que les clients se reporteront sur les stations, les bords de mers, la montagne... mais évidemment ça ne compensera pas, car l'essentiel de nos ventes se fait généralement vers l'étranger."
Annie Sghaïer, gérante d'agence Havas Voyages
La clientèle de l'entreprise, constituée en grande partie de personnes âgées, se montre inquiète. Difficile, à cette heure, de lui apporter des réponses."Devra-t-on réduire le nombre de passagers dans les cars ? Laisser libre un siège sur deux, ça ne sera pas rentable. Que serons-nous autorisés à faire ? Nous n'avons pas de réponse. Nous nous sentons un peu oubliés. Nous sommes pourtant un maillon important de l'économie du tourisme."
Ingrid Vallade, de la société Voyages Vallade
La crainte d'une année blanche en 2021
D'une manière générale, toutes les agences s'accordent sur un point : il ne faut pas s'attendre à des miracles pour 2020. Mais qu'en sera-t-il de 2021 ? Pour Annie Sghaïer, d'Havas Voyages, c'est la crainte d'une année blanche qui se profile :À moins que, la crise passée, les envies d'exotisme explosent et que les réservations de dernière minute s'envolent. Un éventuel rebond qui dépendra de l'évolution du virus... et des portefeuilles des ménages."Avec les avoirs valables 18 mois, notre chiffre d'affaire de 2020 se reportera sur 2021. Ma crainte, c'est que la véritable reprise n'intervienne pas avant 2022"
Annie Sghaïer, gérante d'agence Havas Voyages