La liste est longue, de ces journaux créés pendant la résistance ou le bouillonnement d'après-guerre et qui se sont érodés au fil des décennies. Pour finir par disparaître. Présent dans 5 départements, l'Echo aura résisté longtemps, avant de succomber lui aussi aux problèmes financiers...
En 1945, 26 quotidiens nationaux tiraient 4,6 millions d’exemplaires chaque jour. En 2010, ils n’étaient plus que 10 pour un tirage quotidien de 1,8 million d’exemplaires.
Difficultés financières, perte d'intérêt pour la presse papier au profit du numérique, vieillissement et diminution du nombre d'abonnés, peu de journaux papier peuvent afficher aujourd'hui une santé florissante. Même les plus emblématiques des journaux nationaux ont abordé le XXI eme siècle en tanguant fortement. Lorsqu'ils y sont parvenus.
France-Soir a supprimé sa version papier, La Tribune, pourtant née dans les années 80, peine à équilibrer ses comptes. L’Humanité et Libération sont en difficulté, Le Figaro et Le Monde doivent toujours surveiller étroitement leur marge de manœuvre. Le Parisien – Aujourd’hui en France et Les Échos, qui semblaient échapper au marasme annoncent également des plans de restructuration.
Phénomène encore plus prégnant pour les quotidiens et hebdo régionaux, s'ils ne font pas partie de grands groupes, ou si, presse d'opinion, ils dépendent d'un lectorat qui ne s'est pas suffisamment renouvelé.
C'est le cas de l'Écho-La Marseillaise, journal de gauche fondé en 1943, qui devrait disparaître ce soir. C'est la décision fatale à laquelle s'attend son directeur et gérant Frédéric Sénamaud en fin d'après-midi devant le tribunal de commerce de Limoges. Une liquidation de la SNEM, la société éditrice du journal.
LE SUJET COMPLET DE FRANCE 3 LIMOUSIN
Né sous l'occupation ce quotidien historique de la presse régionale était présent dans cinq départements. L'Indre, la Haute-Vienne, la Creuse, la Corrèze et la Dordogne. Il emploie 42 salariés et des dizaines de correspondants
Il y a 6 ans, confronté à des difficultés financières, il avait déjà mis en place un plan de continuation. 525 000 euros avaient ainsi été remboursés depuis 2013. Mais il restait une échéance de 125 000 euros à honorer avant la fin de l'année. Trop lourd.
Depuis quelques semaines, ultime tentative de survie, le lancement d'une nouvelle formule plus axée sur l'actualité sociale et politique des départements avait été tentée, en même temps qu'un plan d'économie drastique. Un site internet et une campagne de relance des abonnement faisaient partie de cette tentative.
Peine perdue, pour être efficaces, les mesures auraient été trop coûteuses. L'Écho ne peut plus rembourser l'échéance annuelle de son passif ni moderniser son outil de travail. Et l'éventualité de passer à une formule hebdomadaire ne semble pas non plus viable.
Retour donc devant le tribunal de commerce ce mercredi 6 novembre, cette fois pour une issue fatale attendue dont les modalités seront connues en fin de journée. Un rassemblement de sympathisant est prévu sur place à 17h55.
Ce jour, après 75 ans d'existence, le quotidien l'Echo sort son dernier numéro, hommage rendu au titre et à ses Unes historiques, ainsi qu'à ses lecteurs, dont les témoignages de soutien émailleront les pages.
"Un journal de gauche très engagé mais pauvre" explique la chef d'agence de Périgueux
Isabelle Vitté, journaliste et chef de l'agence de Périgueux, analysait les raisons de la crise qui ont conduit à la fin du quotidien dans le 12/13 de France 3 Aquitaine ce vendredi 8 novembre.
"Nous avons toujours été assez pauvres" avoue t-elle, mais "jusque là on avait réussi à s'en sortir grâce à de nombreux soutiens de tous bords".
Pauvres car "journal de gauche et très engagé, nous ne sommes adossés à aucun groupe, notre liberté est la première de nos valeurs, on est un journal totalement indépendant. Ca nous rend fragiles évidemment" explique la journaliste qui travaille à L'Echo Dordogne depuis 21 ans.
Pour elle, la chute s'est accélérée depuis la crise de 2008. "On a beaucoup perdu en publicité nationale et locale, puis les annonces légales sont parties sur internet, c'était aussi un manque à gagner".
Ecoutez l'intégralité de l'interview du 8 novembre 2019 :