Ils ne désarment pas. Après le congrès national qui les a réuni samedi, les maires ruraux sont plus remontés que jamais contre l'étranglement qu'ils subissent. Ils suivront la proposition du Pdt des maires ruraux de Dordogne : ne pas faire remonter les résultats des élections européennes à Paris.
Alain Castang, le président des maires ruraux de la Dordogne est revenu conforté dans sa colère du Congrès national de samedi dans les Hautes-Alpes. Sa proposition de ne pas transmettre les résultats des élections européennes pour manifester le ras-le-bol dont tous les maires ruraux sont victimes a été adoptée à l'unanimité par ses homologues. Le dimanche soir du 26 mai 2019, les maires ruraux excédés ont décidé de fermer la mairie à l'issue du vote, ils se contenteront d'afficher les résultats.
Une action à haute portée médiatique et politique, puisqu'elle gênera les principaux leaders politiques et les médias, mais qui ne nuira pas directement à la population.
Reste à savoir si cette action peut décider le gouvernement à prêter attention à leur mal-être, si ils peuvent être forcés à transmettre les résultats par la préfecture, ou bien si l'Etat, dans le grand élan de dématérialisation qui l'anime actuellement pour supprimer de plus en plus les intermédiaires humains trouvera une parade pour collecter les résultats sans eux. Dans ce cas, l'échéance risque tout de même d'être un peu courte.
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L'Association des Maires ruraux de France
L'AMRF créée en 1971 fédère les 10 000 maires français des communes de moins de 3 500 habitants. C'est jusqu'à maintenant l'interlocuteur principal et privilégié du monde rural auprès des pouvoirs publics et des grands opérateurs nationaux, en toute indépendance des pouvoirs et partis politiques.Un milieu en crise qui a du mal à se faire entendre. Manque de moyens, incapacité à agir pour répondre aux besoins d'un public vieillissant, appauvri ou privé d'emploi, des intercommunalités qui les vident de leurs pouvoirs, des obligations et des contraintes administratives sans cesse augmentées alors que les dotations de l'Etat sont réduites et celles des département de plus en plus parcimonieuses, une perte des services publics de proximité et enfin le sentiment d'un manque de reconnaissance de la part d'un Etat qui semble privilégier les politiques urbaines : les maires ruraux se sentent de plus en plus pris dans l'étau.
Les démissions se multiplient et il se dit que 30% d'entre eux ne souhaiteraient pas se représenter aux prochaines municipales.